McLAREN, NEIL, trafiquant de fourrures, marchand et cultivateur, né en 1766 à Loch Earn, Écosse, fils de Donald McLaren ; décédé le 25 septembre 1844 à Port-au-Persil, Bas-Canada.
Neil McLaren appartient au vieux clan des McLaren (MacLabhrainn) qui habitait Loch Earn, dans le comté de Perth, en Écosse. En 1791, il immigre au Bas-Canada. Dès son arrivée à Québec, la Lymburner and Crawford, société qui se livre à la pêche du phoque et du saumon au Labrador [V. Adam Lymburner], l’engage pour une période de trois ans. Puis, vers 1795, il entre au service de la North West Company. En juillet 1799, il travaille à titre de commis au poste de traite de Tadoussac, à l’embouchure du Saguenay.
En avril 1800, McLaren est envoyé à Chicoutimi, à 90 milles en amont du Saguenay ; terminus de la navigation sur cette rivière, Chicoutimi dessert alors tout à la fois trois postes de l’intérieur : Pointe-Bleue, sur le lac Saint-Jean, Ashuapmouchouan, sur la rivière du même nom, et, plus loin encore, le poste du lac Mistassini. Il dirigera l’activité commerciale et sociale de cet important comptoir de fourrures jusqu’en octobre 1805.
Durant son séjour à Chicoutimi, McLaren rédige un journal qui fait connaître la vie quotidienne menée dans l’établissement à l’époque. Homme d’ordre, de discipline et d’une persévérance peu commune, il note dans un gros cahier la température journalière et la course des vents ; il signale les visiteurs de passage, autant les Indiens que les autres ; il décrit le travail exécuté par les hommes pour l’entretien des bâtiments, les travaux saisonniers, le jardinage et l’élevage des animaux domestiques, sans oublier bien sûr la chasse à laquelle on s’adonne l’automne et l’hiver. Rien n’échappe à l’œil averti de McLaren, surtout pas le soin méticuleux qu’il faut apporter à la préparation des marchandises à expédier dans les postes de l’intérieur. Tout est vérifié et pesé ; le choix des Indiens préposés au transport de ces effets précieux n’est laissé à aucun hasard. Au retour des équipages, il classe les fourrures rapportées, en confectionne des ballots bien ficelés, prêts à être expédiés par le prochain bateau frété par la compagnie.
Le 4 octobre 1805, on nomme Jean-Baptiste Taché à la tête du poste de Chicoutimi, en remplacement de McLaren transféré quelques jours plus tard à Musquaro, à l’embouchure de la rivière Romaine, sur la Côte-Nord du Saint-Laurent. Le 26 novembre suivant, McLaren. cesse de tenir son journal, signe apparent de son départ définitif pour d’autres parages. On retrouve par la suite sa trace à La Malbaie où il occupe la charge de garde-chasse. C’est là qu’il épouse en 1806 ou 1807 Margaret Hewit, fille de John Hewit, administrateur de la seigneurie de Murray-Bay que possède Christiana Emery, veuve de John Nairne*. Les bonnes relations de son beau-père et de la seigneuresse valent à McLaren la cession en censive de deux terres dans la concession de Port-au-Persil, à quelques milles en aval de La Malbaie ; il s’y installe avec sa famille vers 1815.
McLaren se consacre alors à l’agriculture, ce qui ne l’empêche pas, à l’occasion, de s’occuper du commerce du bois. En 1836, par exemple, il exerce les fonctions d’agent officiel de Peter McLeod* fils, entrepreneur forestier qui laissera sa marque au Saguenay. Cette année-là, la Hudson’s Bay Company obtient un permis d’une durée de trois ans pour la coupe du bois dans les postes du roi du Bas-Canada. Elle confie immédiatement à McLeod la tâche d’organiser l’exploitation de la forêt aux alentours de la rivière Noire, près de Saint-Siméon, dans la région de Charlevoix. C’est à McLaren qu’incombe la charge de veiller aux intérêts de McLeod.
Dès la vente du permis de coupe de la Hudson’s Bay Company à la Société des entrepreneurs des pinières du Saguenay [V. Alexis Tremblay*, dit Picoté], en 1837, Neil McLaren retourne à Port-au-Persil où il s’affaire à la mise en valeur de ses terres, à l’éducation et à l’entretien de sa famille qui compte quatre garçons et cinq filles. C’est là qu’il meurt dans un malheureux accident, survenu le 25 septembre 1844, à l’âge de 78 ans. Son corps repose toujours dans un caveau funéraire, à Port-au-Persil, à l’ombre de sa maison, berceau de la famille McLaren du Canada.
Neil McLaren est l’auteur d’un journal intitulé « Post journal kept at Chicoutimi, 1800–1805 » dont l’original est conservé aux APC, sous la cote MG 19, D5.
ANQ-Q, CN1-197, 16 oct. 1837 ; CN4-9, 3 janv., 19 avril, 22 oct. 1836, 9, 19 oct. 1837.— ANQ-SLSJ, P-2, dossier 66, pièces 1–3, 6, 10, 23, 25–27.— Cadastres abrégés des seigneuries du district de Québec [...] (2 vol., Québec, 1863).— Lorenzo Angers, Chicoutimi, poste de traite, 1676–1852 (Montréal, 1971).— J.-P. Simard, « Biographie de Thomas Simard », Saguenayensia (Chicoutimi, Québec), 20 (1978) : 4–6.
Jean-Paul Simard, « McLAREN, NEIL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mclaren_neil_7F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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