McDOWALL, ROBERT, ministre de l’Église protestante réformée de Hollande et de l’Église presbytérienne, né le 25 juillet 1768 à Ballston Spa, New York, fils de John McDowall, officier dans l’armée britannique, et d’une dénommée Graham ; en décembre 1800, il épousa Hannah Washburn, fille d’Ebenezer Washburn*, et ils eurent une fille et trois fils ; décédé le 3 août 1841 dans le canton de Fredericksburgh, Haut-Canada.

Mariés à Dumfries, en Écosse, les parents de Robert McDowall s’établirent dans la colonie de New York peu avant sa naissance. Tôt en 1790, celui-ci reçut un permis de prédication du consistoire d’Albany, l’organisme local de l’Église protestante réformée de Hollande, et on l’envoya dans le Haut-Canada à titre de missionnaire. Les raisons de ce voyage sont incertaines, mais on a affirmé, après sa mort, que McDowall s’y était rendu à l’invitation du chef loyaliste Peter Van Alstine, qui venait de la région d’Albany.

Après que McDowall eut passé l’été de 1790 à visiter les villages loyalistes de la rive nord du Saint-Laurent et du lac Ontario et à réunir plusieurs « assemblées de fidèles », les loyalistes des cantons d’Ernestown, de Fredericksburgh et d’Adolphustown lui demandèrent de devenir leur ministre permanent. Cependant, il décida de faire des études avant d’accepter leur invitation. Il alla donc au Williams College de Williamstown, au Massachusetts, termina son cours à l’Union College de Schenectady, dans l’état de New York, et fut ordonné en 1797 parle consistoire d’Albany. Malgré les demandes qu’adressaient les presbytériens de la région de la baie de Quinte aux Églises d’Écosse et des États-Unis, le premier territoire de mission de McDowall ne comptait toujours pas de ministre lorsqu’il y retourna en 1798 en qualité de représentant officiel du consistoire d’Albany.

McDowall prêcha quelque temps à Elizabethtown (Brockville) mais refusa d’y rester. Installé plus à l’ouest, là où se trouve maintenant Sandhurst, dans le canton de Fredericksburgh, il y inaugura sa première église le 6 juillet 1798. De là, il se mit à visiter un territoire d’une centaine de milles de longueur, de Meyers’ Creek (Belleville) à Elizabethtown. Il alla aussi dans la région d’York (Toronto), et une source de l’époque affirme qu’il se rendit même plus loin encore à l’ouest, jusqu’à Sandwich (Windsor). Il avait l’habitude d’annoncer son arrivée dans un établissement isolé en soufflant dans une corne de chasseur d’orignal. Reconnu comme un strict observateur du dimanche et un calviniste rigide, il débattit pendant toute une journée de la prédestination, en 1804, avec le missionnaire méthodiste itinérant Samuel Coate. La même année, un autre débat, cette fois sur l’ordination épiscopale, l’opposa au ministre anglican de la région, John Langhorn*.

Moins d’un an après son retour dans le Haut-Canada, McDowall avait six districts de mission organisés et un district non organisé, ce qui représentait environ 425 familles. Encouragé par ce succès, le consistoire d’Albany envoya cinq autres missionnaires en tournée dans la province. En 1806, McDowall rapporta que trois assemblées de fidèles avaient été constituées dans la région de la baie de Quinte et que, même s’il prêchait de six à neuf fois la semaine, il lui fallait de trois à six semaines pour faire le tour de sa mission. Des missionnaires d’autres Églises sillonnaient la région, ce qui l’amenait à dire que, si les habitants ne recevaient pas « une assistance immédiate, ils ser[aient] partagés entre tant de sectes qu’ils ser[aient] incapables de subvenir aux besoins d’un ministre de quelque confession ». Le consistoire envoya d’autres missionnaires – au moins 18 jusqu’en 1818 ; toutefois, McDowall demeurait son seul ministre-missionnaire établi dans le Haut-Canada. Dès 1810, le nombre de congrégations qu’il avait fondées entre York et Elizabethtown s’élevait à 14. Mais l’antiaméricanisme qu’engendra la guerre de 1812 vint mettre un terme à ses espoirs de voir l’Église continuer à lui apporter son appui ; en 1819, elle abandonna toute activité missionnaire dans le Haut-Canada. Cependant, McDowall s’était déjà joint au consistoire des Canadas au moment de sa fondation, un an plus tôt [V. Robert Easton*].

En 1819, on transforma ce consistoire en un synode de trois consistoires dont McDowall devint par élection le premier modérateur. Toutefois, le synode se révéla inefficace et on le remplaça par deux consistoires distincts – l’un pour le Haut-Canada et l’autre pour le Bas-Canada – en 1825, soit l’année même où l’association missionnaire de l’Église d’Écosse, la Glasgow Colonial Society, s’organisait afin d’envoyer des ministres en Amérique du Nord britannique. En prétendant à une supériorité à la fois religieuse, politique et sociale sur les autres presbytériens, l’Église d’Écosse entraîna la division de nombre de congrégations coloniales, si bien qu’en 1832 le consistoire du Haut-Canada proposa de s’unir à l’Église d’Écosse. Doyen du clergé presbytérien de la colonie, McDowall fut appelé à participer aux négociations avec cette Église mais, quand il découvrit qu’en raison de ses antécédents américains il ignorait les traditions des presbytériens écossais, il se retira des pourparlers. Toutefois, comme la plupart des presbytériens de la colonie, il se joignit au synode de l’Église d’Écosse, formé en 1831.

Membre du comité qui avait fondé l’Ernestown Academy en 1811 [V. William Fairfield*], McDowall fit partie du conseil d’administration de l’école qui ouvrit en 1817 dans le premier rang du canton de Fredericksburgh. Au début des années 1830, il participa à une vaine tentative en vue de fonder un séminaire presbytérien près de Picton ; on dit qu’il fut aussi l’un des initiateurs de la Queen’s University. Dans ses. dernières années, il consacra beaucoup de temps à l’agriculture. Membre actif de la Midland District Agricultural Society, il remporta en 1835 le prix qu’elle décernait à la plus belle ferme du district.

On inhuma Robert McDowall sur les lieux de sa première église. Une notice nécrologique rapporte que, « à titre de prédicateur, [il] excellait dans l’exposition de la doctrine, il exprimait ses sentiments avec beaucoup de clarté, dans un style et sur un ton extraordinairement vivants, et savait toucher profondément la conscience et le cœur des hommes ». Qu’il ait été un voyageur infatigable et que les ministres aient été rares dans les régions où il travailla, un bilan de ses 40 années de pastorat en témoigne : d’après son registre de baptêmes (dont un tiers a été perdu), il baptisa 1 638 personnes dans 24 cantons différents, et on estime qu’il célébra quelque 1 300 mariages. On marqua le centenaire de son installation dans le Haut-Canada à Sandhurst, en 1898, par des offices religieux et des discours de personnages aussi éminents que George Monro Grant*, directeur de la Queen’s University, et le lieutenant-gouverneur sir Oliver Mowat*, que McDowall avait baptisé 77 ans auparavant.

John S. Moir

Robert McDowall est l’auteur d’une des premières brochures publiées dans le Haut-Canada, A sermon on the nature of justification through the imputed righteousness of the Redeemer (York [Toronto], 1805), et d’une collection de sermons parue sous le titre de Discourses, on the sovereign and universal agency of God, in nature and grace (Albany, N.Y., 1806). La plupart de ses papiers personnels ont brûlé en 1876. Un volume manuscrit, contenant ce qui reste de ses registres de baptêmes et de mariages, ainsi que quelques autres documents sont conservés dans les McDowall papers, QUA, 2189 ; des extraits de ce volume ont été publiés sous le titre de « Rev. Robert McDowall’s register », T. W. Casey, édit., OH, 1 (1899) : 70108.

En l’absence d’une documentation abondante, il est impossible de vérifier la plupart des éléments qui constituent la légende de Robert McDowall. Les rapports de son travail de missionnaire se trouvent dans Reformed Protestant Dutch Church in North America, General Synod, Acts and proc. (New York), 1 (17711812) : 307310, 350357. Les sources et les études suivantes contiennent des éléments biographiques : Kingston Gazette, 21 oct. 1817 ; Chronicle & Gazette, 25 août 1841 ; William Canniff, History of the settlement of Upper Canada (Ontario), with special reference to Bay Quinte (Toronto, 1869 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1971) ; Gregg, Hist. of Presbyterian Church (1885) ; R. J. McDowall, « Items of Presbyterian history », Canada Presbyterian (Toronto), nouv. sér., 1 (18771878) : 804 (une lettre d’un petit-fils de McDowall) ; J. S. Moir, « Robert McDowall and the Dutch Reformed Church mission to Canada, 17901817 », Halve Maen (New York), 53 (1978), no 2 : 3–4, 1416 ; et du même auteur « Robert McDowall, pioneer Dutch Reformed Church missionary in Upper Canada », Presbyterian Hist. (Hamilton, Ontario), 23 (1979), no: 1–4 ; no 2 : I–4 ; 24 (1980), no 1 : 1–4.  [r. s. m.]

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John S. Moir, « McDOWALL, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcdowall_robert_7F.html.

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Auteur de l'article:    John S. Moir
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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