McCOWEN, JOHN ROCHE, inspecteur général de police et directeur de prison, né en 1844 à Kilrush (république d’Irlande), fils de T. A. McCowen ; le 16 novembre 1876, il épousa à Catalina, Terre-Neuve, Elizabeth Sarah Netten, et ils eurent quatre fils et deux filles ; décédé le 8 février 1908 à Montréal.

Fils d’un officier de la marine britannique, John McCowen s’engagea comme simple soldat dans l’armée après avoir été refusé à l’examen de cadet de la marine royale. C’était un homme qui croyait profondément à l’Empire, que ses quatre fils, militaires, allaient servir à divers titres. L’un d’eux serait le premier Terre-Neuvien à réussir l’examen auquel son père avait échoué.

Au bout de trois ans, McCowen, sous-officier, prit sa retraite et s’enrôla dans la Royal Irish Constabulary. Il y servit neuf ans et fut blessé grièvement deux fois dans des émeutes à Belfast. Il subit aussi une blessure pendant qu’il était en service spécial à Cork. Le 22 octobre 1871, après avoir quitté la force constabulaire irlandaise, il obtint un poste de constable dans la Terra Nova Constabulary, que l’on était en train de former à Terre-Neuve pour remplacer la garnison britannique rappelée l’année précédente. L’organisateur de ce groupe était Thomas J. Foley, qui avait servi lui aussi dans la police irlandaise.

En 1873, McCowen se vit confier la responsabilité d’une section à cheval. Il servit ensuite dans divers petits villages de pêcheurs de Terre-Neuve et passa en 1874 au grade de chef constable de première classe. Deux ans plus tard, on l’affecta à Catalina, où il épousa Elizabeth Sarah Netten, fille du ministre anglican de l’endroit, William Netten. En 1878, il participa au sauvetage de l’équipage d’un schooner qui avait fait naufrage, exploit qu’il avait accompli en marchant sur les glaces flottantes pour rejoindre le navire. La Royal Humane Society lui décerna une médaille de bravoure.

En 1879, McCowen fut muté par le premier ministre de Terre-Neuve, William Vallance Whiteway, à la direction de la prison de la colonie à St John’s. Il organisa un service où les prisonniers fabriquaient des balais pour les vendre et contribuer ainsi à l’entretien de l’établissement. En 1882, en reconnaissance de son travail en milieu carcéral à Terre-Neuve, il fut élu membre de la Howard Association of Britain. McCowen était un fervent partisan et un ami de Whiteway, qui tenait en haute estime ses talents d’organisateur. En 1890, le premier ministre l’affecta au bureau de santé, qui faisait alors face à une grave épidémie de diphtérie à St John’s. Deux ans plus tard, Whiteway le nomma secrétaire honoraire du comité d’aide aux victimes de l’incendie qui avait détruit une bonne partie de St John’s le 8 juillet.

La conflagration avait fait ressortir la nécessité de réévaluer la protection contre les incendies. Jusque-là, St John’s n’avait disposé que d’une escouade de pompiers volontaires, soutenue par le conseil municipal. En novembre, le gouvernement envoya McCowen faire une tournée de plusieurs villes canadiennes et américaines pour qu’il étudie l’organisation et le maintien de leur corps de pompiers. En janvier 1893, dans son rapport au gouvernement, il recommanda fortement de créer soit un corps de pompiers rémunérés, soit un corps qui comprendrait à la fois des policiers et des pompiers rémunérés, comme cela existait dans beaucoup de villes d’Angleterre. Il réclamait aussi l’augmentation du nombre de postes de pompiers, l’installation de nouvelles bouches d’incendie et d’un système d’alarme télégraphique ainsi que l’achat de nouvelles pompes à vapeur et autres pièces d’équipement. En juillet 1893, on le nomma président d’un conseil de commissaires des incendies qui allait superviser la gestion de l’escouade des volontaires et instituer un corps de pompiers permanents et rémunérés.

Le 25 mars 1895, Morris J. Fawcett ayant démissionné pour devenir inspecteur général de police en Jamaïque, McCowen fut muté de nouveau dans la force constabulaire. On le nomma inspecteur général de la police (qui portait alors le nom de Newfoundland Constabulary) et du St John’s Fire Department, que le gouvernement avait décidé de placer sous la direction de la force constabulaire, comme McCowen l’avait recommandé en 1893. Au lieu d’être concentrés dans un édifice central à St John’s, les services policiers allaient désormais être répartis entre trois quartiers dont chacun avait aussi un poste de pompiers. Les policiers et les pompiers habiteraient dans des casernes, au poste de pompiers, ce qui permettrait aux policiers de mieux connaître leur quartier. En outre, McCowen améliora le système d’archives et d’enregistrement de la police et créa un service de détectives. Au cours des trois grandes grèves ouvrières qui marquèrent le début des années 1900 [V. Simeon Kelloway], il organisa la surveillance policière avec un tact remarquable : il ne déploya qu’un petit nombre de policiers pour maintenir l’ordre public, et il n’y eut aucun affrontement entre eux et les grévistes. En août 1905, Terre-Neuve possédait une force constabulaire de 89 hommes et une population totale d’environ 225 000 habitants.

En décembre de cette année-là, McCowen demanda au gouvernement du premier ministre libéral, sir Robert Bond*, d’examiner les accusations d’insubordination qu’il avait portées contre son second, le surintendant John J. Sullivan*. Les deux hommes étaient entrés dans la force constabulaire en 1871, mais Sullivan, Terre-Neuvien de naissance, l’avait fait plusieurs mois avant McCowen, et il avait espéré succéder à Fawcett à la direction de la police en 1895. Il avait été nommé surintendant sur la recommandation de McCowen, mais celui-ci avait perdu foi en sa compétence, si bien que leurs relations, en 1905, étaient tendues. Au cours des audiences de la commission d’enquête de trois membres formée par le gouvernement, les deux hommes se firent représenter par un avocat : Sullivan par Martin Williams Furlong et McCowen par sir James Spearman Winter*. À la fin d’avril 1906, les deux policiers parvinrent à une entente à l’amiable et reconnurent s’être laissés aller, dans le feu de l’action, à des excès de langage.

En 1903, McCowen fut fait compagnon de l’ordre du Service impérial par Édouard VII. Il devenait ainsi le premier Terre-Neuvien à recevoir cet honneur, réservé aux fonctionnaires civils permanents qui comptaient au moins 25 ans de service. En novembre 1907, il contracta une pleuropneumonie. Son état empira à tel point que, au début de l’année suivante, il alla se faire soigner au Royal Victoria Hospital de Montréal. C’est là qu’il mourut le 8 février.

John Roche McCowen était un ardent partisan de la tempérance et prônait l’entrée de Terre-Neuve dans la Confédération. Une « main de fer dans un gant de velours », telle fut l’une des expressions utilisées en 1908 pour décrire cet homme qui, durant 37 ans, avait été, à titre de policier et d’administrateur, un membre éminent du système judiciaire de Terre-Neuve. Très porté sur la discipline, il n’en était pas moins d’une « extrême bienveillance » et traitait « avec la plus grande justice et la plus grande considération tous ceux qui relevaient de son autorité ».

Melvin Baker

PANL, GN 2/15/A, 22, J. R. McCowen à E. P. Morris, 28 août 1905 ; GN 6, Royal commission to investigate certain charges made against Superintendent Sullivan by Inspector-General McCowen, 1906.— Evening Chronicle (St John’s), 10 févr. 1908.— Evening Herald (St John’s), 10 févr. 1908.— Evening Telegram (St John’s), 27 mars, 25 juin 1895 ; 10 févr. 1908.— Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, 28 nov. 1876.— Melvin Baker, Aspects of nineteenth century St. John’s municipal history (St John’s, 1982) ; « The government of St. John’s, Newfoundland, 1800–1921 » (thèse de ph.d., Univ. of Western Ontario, London, 1981).— B. C. Busch, The war against the seals : a history of the North American seal fishery (Kingston, Ontario, et Montréal, 1985).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Arthur Fox, The Newfoundland Constabulary ([St John’s], 1971).— Hiller, « Hist. of Nfld ».— « J. R. McCowen, inspector-general, constabulary », Nfld Quarterly, 2 (1902–1903), no 1 : 15 ; 3 (1903–1904), no 3 : 3–4.

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Melvin Baker, « McCOWEN, JOHN ROCHE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mccowen_john_roche_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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