McGRATH, JAMES FRANCIS, pêcheur, homme politique et fonctionnaire, né le 23 mai 1859 à Little Placentia (Argentia), Terre-Neuve, fils aîné de Richard McGrath ; il épousa Theresa Power, d’Oderin, Terre-Neuve, puis Kate McCarthy, de l’île Red, baie de Plaisance, et enfin, le 18 février 1896, Minnie Aylward ; il eut trois fils et deux filles ; décédé le 29 octobre 1902 à Halifax.
Fils d’un magistrat rémunéré qui représenta le district de Placentia and St Mary’s à la Chambre d’assemblée au début des années 1860, James Fran cis McGrath fit ses études à Oderin et au St Bonaventure’s College de St John’s. D’abord pêcheur à Oderin, où il menait son propre bateau – son « jack » comme on dit à Terre-Neuve –, il monta ensuite une entreprise de pêche à la morue dans le Grand Banc et de pêche au hareng dans la baie de Plaisance.
En 1885, McGrath, comme il le raconta plus tard à un journaliste de St John’s, « passa d’un bateau de pêche aux parquets de la Chambre » : il fut en effet élu, avec deux autres catholiques et libéraux, député du district de pêche de Placentia and St Mary’s. Sa famille y était bien connue en raison des affaires qu’elle y faisait et de la charge de son père. Les années 1886 à 1889 furent une période mouvante dans la vie politique de Terre-Neuve. Même si, sous le rapport du nombre, c’était le Parti libéral, catholique, qui constituait l’opposition au gouvernement réformiste de sir Robert Thorburn, à prédominance protestante et marchande, la véritable opposition était formée par un petit groupe de partisans de l’ancien premier ministre sir William Vallance Whiteway, qui avait quitté la politique en 1885. À compter de 1886, le chef du Parti libéral fut Patrick J. Scott*, et en prévision des élections de 1889, il passa dans les rangs du parti de Thorburn avec plusieurs députés libéraux. De leur côté, McGrath et plusieurs autres députés libéraux soutinrent le groupe de Whiteway, qui aux mêmes élections, revendiqua le nom de Parti libéral. Ce parti présenta à la fois des candidats protestants et catholiques, et il remporta une écrasante victoire.
Dès 1889, McGrath était réputé l’une des plus grandes autorités sur les pêcheries de la côte sud de l’île. Jusqu’en 1895, il appartint à la commission des pêches de Terre-Neuve, créée en 1889 et placée sous la présidence d’Augustus William Harvey. Un fonctionnaire norvégien, Adolph Nielsen, s’occupait des affaires courantes de la commission. Celle-ci avait pour mandat de faire de la recherche scientifique sur les pêcheries terre-neuviennes et de veiller à la protection des réserves de poisson. En 1890, Whiteway nomma McGrath commissaire du Bait Protection Service, qui devait empêcher la vente d’appât terre-neuvien aux morutiers français ; il succédait à Daniel Woodley Prowse*. Les marchands de la rue Water, à St John’s, étaient convaincus que la forte concurrence des Français déclassait Terre-Neuve sur les marchés mondiaux, et en 1887, Thorburn avait fait adopter un projet de loi qui limitait la vente d’appât.
McGrath fut réélu en 1893, tout comme le parti de Whiteway, et vers la fin de la même année, il fut nommé à la présidence du bureau des Travaux publics. Le titulaire de ce poste administrait les immeubles, terrains et services publics de toute l’île. De plus, comme St John’s était la seule localité à avoir été érigée en municipalité, il avait autorité sur les dépenses de travaux publics engagées pour le reste du territoire, ce qui signifiait qu’il pouvait user de ces sommes à des fins partisanes. Des fonds publics avaient été utilisés ainsi aux élections de 1893 (comme à des élections antérieures). Au début de 1894, l’opposition conservatrice invoqua cet argument pour tenter d’invalider certains députés gouvernementaux. L’avocat et député conservateur Alfred Bishop Morine* intenta des poursuites devant la Cour suprême en vertu du Corrupt Practices Act de 1889. À l’issue du procès, dans le courant de l’année 1894, 15 députés, dont McGrath, durent démissionner. Les libéraux remirent les rênes du pouvoir au chef conservateur Augustus Frederick Goodridge.
Des libéraux remportèrent les élections complémentaires qui suivirent, et en décembre 1894, un nouveau gouvernement libéral dirigé par Daniel Joseph Greene s’installa au pouvoir. Greene fit adopter un projet de loi qui autorisait les députés libéraux invalidés à se présenter de nouveau. Plusieurs d’entre eux le firent, dont Whiteway, Robert Bond* et Edward Patrick Morris*, si bien qu’en février 1895, Whiteway redevint premier ministre. Quant à l’élection partielle tenue pour remplacer McGrath, elle fut gagnée pour les libéraux par son frère Richard T., qui représenta le district jusqu’en 1897. En 1895, le gouvernement Whiteway nomma McGrath directeur du pénitencier de l’île, car le titulaire sortant, John Roche McCowen, avait été nommé inspecteur général de la Newfoundland Constabulary.
James Francis McGrath faisait ses campagnes politiques avec véhémence, et parfois avec sectarisme ; comme le notait un contemporain, il était « à l’avant-garde des combattants de son parti et de sa cause ». Il mourut à Halifax, en rentrant de Boston où il avait subi une opération aux reins.
Daily News (St John’s), 1er août 1894, 30 oct. 1902.— Evening Telegram (St John’s), 19 févr. 1896, 29 oct. 1902.— Trade Review (St John’s), 1er nov. 1902.— Almanach, Terre-Neuve, 1890–1896.— Hiller, « Hist. of Nfld ».— Nfld rnen (Mou).— Prowse, Hist. of Nfld (1895).
Melvin Baker, « McGRATH, JAMES FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcgrath_james_francis_13F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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