McCANN, ROSANNA, dite sœur Mary Basilia, sœur de la Charité, éducatrice, née en Irlande en 1811, décédée à New York le 27 octobre 1870.

On ne connaît à peu près rien de l’enfance de Rosanna McCann. Arrivée au Maryland encore enfant, elle reçut son éducation chez les Sœurs de la Charité d’Emmitsburg, au Maryland. À l’âge de 18 ans, elle entra dans cette congrégation, où elle reçut le nom de sœur Mary Basilia. Sa communauté, fondée par Elizabeth Ann Bayley Seton en 1812, était le premier institut religieux féminin fondé aux États-Unis mêmes et une réponse à l’arrivée en masse d’immigrants catholiques au début du xixe siècle ; cette immigration avait suscité le développement d’un grand nombre d’organisations au sein de l’Église. Les Sœurs de la Charité avaient pour mission de fournir une assistance matérielle et spirituelle aux indigents, particulièrement dans les domaines de la santé et de l’éducation. Le développement de la communauté et le succès de ses nombreuses œuvres amenèrent plusieurs régions des États-Unis à faire appel à ses services. Sœur Mary Basilia fut enseignante et supérieure à Baltimore ainsi qu’à Frederick, Maryland, et à Martinsburg, dans l’ouest de la Virginie. En 1842, elle fut envoyée à New York où se trouvaient alors 8 missions regroupant 62 sœurs.

En 1845, on sépara les maisons de New York de la juridiction d’Emmitsburg, établissant à New York une seconde maison mère, afin d’y centraliser l’administration et la direction. Chaque sœur en mission à New York eut la liberté d’y demeurer ou de retourner à Emmitsburg. Reconnaissant les besoins de la région de New York, sœur Mary Basilia décida de rester dans ce diocèse. Au printemps de 1847, la nouvelle maison mère, Mount Saint Vincent, était inaugurée. La même année, Mgr William Walsh*, évêque de Halifax, demandait aux Sœurs de la Charité de New York de lui venir en aide dans son diocèse. Cent ans après sa fondation, la ville prenait conscience de la nécessité d’une éducation catholique bien structurée. On tarda à acquiescer à cette demande, mais lorsque celle-ci fut répétée deux ans plus tard, quatre sœurs furent désignées pour cette mission du nord. Administratrice habile et douée du sens de la diplomatie, sœur Mary Basilia y fut nommée supérieure.

Les sœurs arrivèrent à Halifax le 11 mai 1849. Mgr Walsh leur avait aménagé un couvent, construction en bois de quatre étages située à proximité de la cathédrale St Mary. D’abord utilisée comme école paroissiale, la bâtisse allait désormais servir de couvent, d’école primaire pour les filles et d’orphelinat. Sœur Mary Basilia et ses trois compagnes se mirent aussitôt à l’œuvre : 200 jeunes filles s’inscrivirent à la St Mary’s Girls’ School, qui ouvrit ses portes le 27 mai. Depuis 1821, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse fournissait une aide financière aux écoles privées. Ceux qui le pouvaient y payaient de minimes frais de scolarité, mais la clientèle était en majorité constituée d’ « élèves [admis] gratuitement ». En 1850, le premier rapport du nouveau conseil des commissaires d’école de Halifax parla en termes élogieux du « grand externat [...] dirigé par les Sœurs de la Charité », faisant état de 400 inscriptions et d’une subvention de $50 « du Trésor ». Les rapports suivants furent tout aussi louangeurs et l’aide financière continua à augmenter. Le travail d’éducation de sœur Mary Basilia ne se limita pas aux classes élémentaires. Elle organisa également des cours du soir pour adultes analphabètes ou pour ceux qui n’avaient pas complété leur cours élémentaire. De plus, à la fin de leur première année à Halifax, les sœurs avaient la garde de 20 orphelins, fils d’immigrants morts de la fièvre contractée durant la traversée de l’Atlantique lors des années de la grande famine en Irlande ; en 1854, le St Mary’s Orphan Asylum était réputé compter 16 orphelins.

La même année, Mgr Walsh écrivit à New York qu’il y avait du travail pour six autres sœurs, mais sans résultat. On procéda plutôt en 1856 à l’établissement d’une maison mère canadienne, avec l’approbation de Rome ; sœur Mary Basilia devint la première supérieure des Sœurs de la Charité de Halifax, alors la seule congrégation religieuse autonome de langue anglaise au pays. Le noviciat se forma à St Mary’s et reçut des postulantes. Un couvent fut ouvert sur une propriété achetée à cette fin à l’extrémité nord de la ville. La communauté s’intéressa particulièrement à cet endroit aux besoins des Noirs, pour lesquels on aménagea des classes spéciales dans le couvent.

Selon une description de l’époque, mère Mary Basilia avait « une grande taille et un maintien droit ; elle possédait un teint foncé et des yeux noirs très pénétrants, qui pouvaient s’enflammer pour exprimer la désapprobation ou s’illuminer de sympathie et de bonté, selon les circonstances ; elle était [...] une personne de grande expérience, femme d’affaires habile et authentique Sœur de la Charité ».

En décembre 1858, la jeune communauté comptait 14 sœurs professes. Mère Mary Basilia jugea qu’elle pouvait alors retourner à New York. Deux ans plus tard, on l’envoya à Jersey City, New Jersey, pour diriger une nouvelle maison, où elle travailla pendant les dix dernières années de sa vie. En 1870, quelques mois avant sa mort, elle retourna visiter Halifax, où se trouvaient alors plus de 50 sœurs et 5 couvents ; on avait également tracé les plans d’une nouvelle maison mère à Rockingham, Nouvelle-Écosse, laquelle allait abriter Mount Saint Vincent Academy trois ans plus tard.

Aujourd’hui, plus d’un siècle après la mort de mère Mary Basilia, les Sœurs de la Charité de Halifax sont devenues une congrégation internationale, regroupant plus de 1 400 sœurs, dont les couvents sont répandus en Colombie-Britannique, en Alberta, au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, dans les états du Massachusetts, de New York, du New Jersey et de Washington, et qui possède des missions au Pérou et dans la République dominicaine. Outre l’enseignement, depuis le niveau de la maternelle jusqu’à l’université, le travail des sœurs au Canada englobe les services hospitaliers et paramédicaux pour les malades, la direction des institutions pour le soin des enfants et celui des personnes âgées.

Sister Francis D’Assisi

PANS, RG 14, 29, Minutes of the board of school commissioners for the city of Halifax, 1850–1864, 1er, nov. 1864–7 nov. 1865.— C. I. White, Life of Mrs. Eliza A. Seton, foundress and first superior of the Sisters or Daughters of Charity in the United States of America ; with copious extracts from her writings, and an historical sketch of the sisterhood from its foundation to the present time (New York, 1853).— Acadian Recorder, 11 mai 1849, 14 août 1852, 14 août 1870.— Sister Francis d’Assisi, Mother Mary Basilia McCann, first mother superior of the Halifax daughters of blessed Elizabeth Seton, 1811–1870 (Halifax, 1968).— M. R. Hoare, Virgin soil ; Mother Seton from a different point of view (Boston, [1942]).— Annabelle [McConnell] Melville, John Carroll of Baltimore, founder of the American Catholic hierarchy (New York, [1955]).— Sister Maura [Mary Power], Sisters of Charity, Halifax (Toronto, [1956]).— T. H. Raddall, Halifax, warden of the north (Garden City, N.Y., 1965).— M. de L. Walsh, The Sisters of Charity of New York, 1809–1959 (3 vol., New York, s.d.).

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Sister Francis D’Assisi, « McCANN, ROSANNA, dite sœur Mary Basilia », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mccann_rosanna_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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