McCABE, WILLIAM, enseignant et homme d’affaires, né le 12 juin 1835 à Hallowell (Picton, Ontario), fils de John McCabe et d’une prénommée Catherine ; il épousa Leonora L. Dow, fille de Thomas Dow ; décédé le 23 avril 1903 à Toronto.
William McCabe était l’aîné d’une famille protestante irlandaise. Son père, qui combattit du côté des forces gouvernementales durant la rébellion de 1837–1838, mourut en 1839, laissant sa jeune veuve enceinte. Les privations que William dut endurer ensuite durant son enfance semblent avoir grandement influé sur sa vie. Sa famille, cependant, eut les moyens de l’envoyer à la Picton Grammar School jusqu’à ses 17 ans. Par la suite, il enseigna jusqu’à ce qu’il ait assez d’argent pour s’inscrire au Victoria College de Cobourg.
Diplômé en 1853, McCabe retourna à l’enseignement et devint plus tard directeur de la Whitby Grammar School ; de 1863 à 1868, il fut à la tête du réseau unifié d’écoles publiques et de grammar schools à Oshawa. Membre actif de l’association provinciale des enseignants, il en fut aussi le président. En plus de son travail d’instituteur, il trouva le temps d’étudier le droit avec Adam Crooks* à Toronto, et il reçut une licence en droit de la University of Toronto en 1863. « Doué d’une intelligence quasi surnaturelle », il étudia ensuite les mathématiques supérieures auprès du professeur John Bradford Cherriman. Il se peut que sa compétence en mathématiques appliquées et ses études auprès de Cherriman, qui allait devenir surintendant fédéral des assurances, l’aient amené à reconnaître son propre talent dans le domaine des assurances.
McCabe fit ses premières armes comme agent de la Union Mutual Life Company of Maine à Toronto. Il quitta ensuite le Canada en 1869 pour devenir agent de la Craftsmen’s Life Insurance Company de New York, puis il fut promu au poste de directeur des agences de la firme. C’est probablement son travail qui le mit en contact avec des hommes d’affaires américains qui l’intéressèrent à la spéculation foncière en Floride. De toute évidence, McCabe conserva tout de même une résidence au Canada ; le recensement de 1871 le dénombre comme « inspecteur d’assurances » à Oshawa.
McCabe revint à Toronto plus tard au cours de 1871 en qualité de directeur général de l’Association d’assurance sur la vie, dite la Confédération, nouvellement mise sur pied, et qui prospéra sous sa direction. Il épousa la fille d’un banquier de Whitby et le couple eut un enfant en 1873. À la suite du décès de sa femme, survenu environ deux ans plus tard, McCabe résigna ses fonctions et passa les cinq années suivantes à voyager « par affaires et pour son plaisir ». Il séjourna à Londres, où il fréquenta la University of London et devint membre de l’Institute of Actuaries. Quelques années plus tard, il fut admis à la Royal Statistical Society.
En 1881, les nouveaux règlements qui favorisaient les sociétés canadiennes furent en partie à l’origine de la fondation, à Toronto, de la Compagnie d’assurance de l’Amérique du Nord, sur la vie ; l’ancien premier ministre libéral Alexander Mackenzie* en devint président. McCabe en fut le premier administrateur délégué, poste qu’il occuperait jusqu’à sa mort. Pour se distinguer des sociétés établies, la firme adopta une nouvelle stratégie commerciale. Elle promit des règlements dans les 24 heures de la preuve du décès et fit la promotion d’une assurance « industrielle » qui offrait une protection modeste contre des primes échelonnées en versements. Elle introduisit également les tontines, type d’assurance payable sous forme de rente viagère aux membres d’un groupe, qui obtinrent la faveur de la classe aisée de Toronto. Dans l’ensemble, la stratégie s’avéra fructueuse et la firme se trouva bientôt dans le peloton de tête des compagnies d’assurance canadiennes.
Quant à McCabe, il s’affirma comme l’un des gestionnaires professionnels les plus en vue de Toronto. Lorsque le trésorier municipal Samuel Bickerton Harman* fonda l’Institute of Chartered Accountants of Ontario, en 1881, il nomma McCabe membre du conseil. Il en serait président de 1884 à 1887. Dans son domaine, McCabe conserva toujours un intérêt pour l’aspect théorique de l’assurance-vie et fit un certain nombre de communications à des réunions d’actuaires. Il participa à la fondation de l’Actuarial Society of America en 1889 et appartint à son conseil d’administration. Il fut membre correspondant de l’Institut des actuaires français, actuaire conseil pour l’Association des commis voyageurs du Canada et, au moment de sa mort, il était président de la Canadian Life Insurance Officers’ Association.
Même s’il s’occupait d’assurance, MeCabe était engagé dans d’autres activités. Outre les intérêts qu’il avait en Floride, il possédait des propriétés partout en Ontario, notamment une maison d’été et une exploitation fruitière près de Bronte (Oakville), qu’il acheta en 1886. Il était de confession anglicane. Franc-maçon, il s’éleva jusqu’au rang de grand maître adjoint du district au sein de la loge et, durant plusieurs années, fut membre du conseil d’administration d’une école de garçons, la Victoria Industrial School de Mimico (Toronto). D’allégeance libérale, il s’occupa de réforme municipale vers 1895 à titre de membre influent de la Ratepayers’ Association.
McCabe souffrait d’indigestion chronique, conséquence, selon une notice nécrologique, du surmenage. Pour préserver sa santé et pour garder un œil sur ses propriétés de Floride, qui comprenaient une plantation d’orangers, il passait une partie des hivers là-bas. Il était tout juste de retour en 1903 quand son malaise s’aggrava. Il mourut deux semaines plus tard, laissant dans le deuil sa mère, sa fille et deux sœurs, qui toutes, sauf une, vivaient avec lui au 30, avenue Spadina. Sa succession fut évaluée à environ 150 000 $.
Énergique et compétent, William McCabe pouvait aussi être dogmatique, impétueux et souvent dépourvu de tact. Il travailla dur pour obtenir l’aisance matérielle et fut, comme l’un de ses contemporains le résuma, « obstiné à [faire valoir] ses droits ». Il était respecté dans le milieu de l’assurance, mais pas très aimé. Il avait fait beaucoup de chemin depuis les années où il était sans le sou à Picton ; la satisfaction qu’il retira de ses réalisations ultérieures demeure moins évidente.
Un certain nombre d’articles et de commentaires rédigés par William McCabe ont été publiés dans Actuarial Soc. of America, Papers and Trans. ([New York]), 1 (1889–1890)–6 (1899–1900), et Trans., 7 (1901–1903). McCabe est aussi l’auteur de « The history of life insurance in Canada », dans Canada, an encyclopædia (Hopkins), 5 : 325–338.
AN, RG 31, C1, 1871, Oshawa, div. 2 : 20 (mfm aux AO).— AO, F 2132, MU 2386, McCabe à James Reynolds, 6 juin 1874 ; RG 22, Ser.305, no 16107.— Mount Pleasant Cemetery (Toronto), Burial records and tombstone inscription, plot T, lot 25.— Daily Mail and Empire, 24 avril 1903.— Free Press (Whitby, Ontario), 22 févr. 1978 : 7.— Monetary Times, 22 oct. 1880 : 474s. ; 24 avril 1903 : 1484s.— World (Toronto), 24 avril 1903.— Actuarial Soc. of America, Papers and Trans., 1, no 1 : 4, 11s., 22s., 29, 38s. ; Trans., 7 : 500.— Annuaire, Toronto, 1871–1901.— Armstrong et Nelles, Revenge of the Methodist bicycle company.— Institute of Actuaries, List of members [...] (corrected to 31 December, 1902) (Londres, 1903), vii [insérée dans son Journal (Londres), 37 (1903)].— Whitby Presbyterian Church, As all our fathers were ; the Presbyterian Church, Whitby, 1833–1975 ([Whitby ?, 1975 ?] ; exempl. aux Presbyterian Church Arch., Toronto).
Philip Creighton, « McCABE, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mccabe_william_13F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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