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MAYERHOFFER, VINCENT PHILIP (baptisé Vincent Ferrer), ministre de l’Église d’Angleterre, né le 22 janvier 1784 à Raab (Györ, Hongrie), fils aîné de Michael Mayerhoffer et de Catharina Lublé (Lliebb) ; le 27 août 1820, il épousa Caroline Stahl, et ils eurent neuf enfants ; décédé le 15 janvier 1859 à Whitby, Haut-Canada.
Vincent Philip Mayerhoffer eut une jeunesse bizarre qui intrigua ceux qui, plus tard, en entendirent parler. Selon son autobiographie, il était né de parents catholiques et avait étudié à l’école primaire et au gymnase (école secondaire) de Raab. Après la mort de son père, sénateur de la ville, il fut envoyé au gymnase tenu par les piaristes à Colocza (Kalocsa) ; il avait alors 13 ans. En butte à des difficultés financières, sa mère dut le placer comme apprenti chez un épicier de Pesth (Budapest) ; il y resta jusqu’à ce que, en septembre 1803, des problèmes avec son maître le poussent à aller se fixer à Baja, où il devint apprenti boulanger. Mais l’un de ses anciens instituteurs l’encouragea à retourner à Colocza et, au bout d’un an, il décida d’entrer au noviciat franciscain de Bács (Bač, Yougoslavie) pour devenir prêtre, en dépit de l’opposition de sa mère. En février 1807, après avoir reçu les sept ordres ecclésiastiques, dont ceux de diacre et de prêtre, il célébra sa première grand-messe à Buda (Budapest).
Après avoir exercé en deux endroits la fonction de vicaire, Mayerhoffer devint aumônier de garnison à Peterwardein (Petrovaradin, Yougoslavie) puis, le 16 octobre 1812, il fut nommé aumônier du 60e régiment d’infanterie de l’armée autrichienne. En août de l’année suivante, il fut capturé par les troupes napoléoniennes ; il s’enfuit de Mayence (République fédérale d’Allemagne) en janvier 1814 et rejoignit le 60e régiment, après quoi, il alla servir en France, en Italie et en Suisse. Mayerhoffer quitta l’armée le 31 octobre 1816 et retourna à ses fonctions paroissiales, cette fois à Klingenmünster (République fédérale d’Allemagne). En 1819, il immigra en Amérique du Nord et fut nommé missionnaire en Pennsylvanie mais, après avoir eu avec les jésuites de Conewego de pénibles différends qu’il expose dans son autobiographie, Mayerhoffer, déçu depuis longtemps du catholicisme, quitta l’Église le 20 mars 1820. Même s’il n’avait apparemment reçu aucune formation dans ce domaine, il ouvrit avec un associé une pharmacie à York, en Pennsylvanie, et « parvint à gagner sa vie comme médecin ». En outre, tenant le célibat pour une « invention diabolique », il se maria. Après avoir étudié la Bible pendant deux ans pour y trouver une orientation, Mayerhoffer décida de se joindre à l’« Église allemande réformée de Pennsylvanie ». En 1826, il alla s’installer à Buffalo, dans l’état de New York, pour prêcher en allemand à quatre congrégations de fidèles, dont une se trouvait de l’autre côté de la frontière, dans le Haut-Canada, « sur les buttes de calcaire » du canton de Bertie.
Toutefois, Mayerhoffer devenait de plus en plus convaincu que l’Église anglicane avait une doctrine et un gouvernement plus conformes aux enseignements des apôtres que la secte protestante à laquelle il était affilié. Comme il s’exprimait mal en anglais, il écrivit en latin à l’évêque anglican de Québec, Charles James Stewart*, pour lui demander d’être admis comme ministre. Peu après avoir été soumis à un examen par l’évêque, le 14 juin 1829 à York (Toronto), il fut envoyé comme missionnaire auprès de trois congrégations germanophones habitant au nord de la ville, dans les cantons de Markham et de Vaughan. Incapables de trouver un remplaçant luthérien à leur pasteur, qui était sur le point de se retirer, ces congrégations avaient fait appel à l’archidiacre anglican d’York, John Strachan* ; au bout de quelques mois, Strachan estima que Mayerhoffer s’acquittait de ses nouvelles fonctions « avec beaucoup de succès ». La paix et l’harmonie qui régnèrent d’abord donnèrent à Mayerhoffer le loisir d’employer ses talents à arrondir ses maigres revenus : en 1832, il annonça dans les journaux sa nouvelle « pommade miracle », qui devait « être conservée dans chaque foyer, d’abord pour sa valeur inestimable, ensuite parce que plus le médicament vieilli[ssait] eilleur il [était] ».
Même si on raconte dans la région que Mayerhoffer laissa ses paroissiens croire qu’il était un ministre luthérien, il ne semble pas leur avoir réellement camouflé ses convictions anglicanes. Des problèmes pouvaient surgir, cependant, car le titre original de propriété de l’église St Philip, dans le canton de Markham, stipulait que, s’il s’écoulait dix ans sans qu’il y ait un pasteur luthérien, la propriété passerait automatiquement à l’Église d’Angleterre. En outre, le 21 janvier 1836, le nom de Mayerhoffer apparut parmi ceux des ministres anglicans à qui le lieutenant-gouverneur sir John Colborne* confiait un rectory. La création de ces rectories par Colborne souleva la colère de ceux qui s’opposaient au principe d’une Église établie et vint alimenter les controverses politiques qui étaient sur le point d’embraser le Haut-Canada. Dans les congrégations de Mayerhoffer – lui-même était fermement opposé à William Lyon Mackenzie* – ces controverses se traduisirent par un écart grandissant entre réformistes et tories. Lors d’une réunion tenue en avril 1837, les luthériens du canton de Markham résolurent de renvoyer Mayerhoffer et de trouver un prédicateur luthérien pour le remplacer, attendu qu’il s’était « immiscé dans la politique et d’autres débats partisans ». Le 4 mai, on verrouilla les portes de l’église St Philip ; neuf jours plus tard, sur l’avis du procureur général Christopher Alexander Hagerman*, il brisa les verrous et y entra. À plusieurs reprises, les portes furent fermées à clef et les verrous brisés, puis les partisans de Mackenzie postèrent une sentinelle devant l’église. En décembre, après l’échec de la rébellion, le garde fut chassé par des orangistes qui escortèrent « Mayerhoffer, le vieux tory », jusque dans l’église. En 1839, la majorité des administrateurs luthériens de la congrégation entamèrent des poursuites judiciaires. Selon Mayerhoffer, la Cour du banc de la reine leur accorda la propriété trois mois avant qu’il ne termine un mandat de dix ans, mais en fait, les luthériens ne reçurent pas le titre de propriété de St Philip avant 1843. Des irrégularités ayant été découvertes dans les titres accordés à l’Église d’Angleterre sur les lots des autres églises de Mayerhoffer, il fut privé de celles-là aussi. Plus tard, il confia : « Frappé par cette calamité, je prêchai dans des écoles et des maisons privées. » Enfin, ayant obtenu des terres et de l’argent de ses partisans anglicans, Mayerhoffer construisit l’église St Stephen, dans le canton de Vaughan, puis l’église St Philip, juste en face de l’église luthérienne du même nom, dans le canton de Markham.
Embarrassé par ces complications, Strachan signala en mars 1841 à la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts que, comme Mayerhoffer s’était gravement blessé en tombant de son cheval, il devait être mis à la retraite. « Il n’aurait jamais dû être admis dans notre Église », ajoutait-il. Mayerhoffer, quoique encore vigoureux, était désormais moins utile comme missionnaire itinérant. Toutefois, l’antipathie personnelle semble avoir compté parmi les motifs qui poussèrent Strachan à demander constamment une pension pour Mayerhoffer qui, « quoique de bonnes mœurs et bien intentionné, n’a[vait] ni les manières, ni les qualifications nécessaires pour bâtir l’Église ». Strachan considérait Mayerhoffer comme une « horreur et un grand embarras ».
En 1843, Vincent Philip Mayerhoffer travaillait dans le village du canton de Markham à l’édification d’une église, la deuxième dans le canton, où il fut installé par l’archidiacre Alexander Neil Bethune* à l’automne de 1847. Mais l’année suivante, on lui trouva un remplaçant et, après quelques retards, il fut mis à la retraite le 1er janvier 1849. Il s’établit à Toronto avec sa famille. En 1853, il prit en charge une congrégation à Perrytown, mais abandonna son poste l’année suivante ; il fit valoir que sa santé était mauvaise, mais il était aussi soumis aux pressions de Strachan, à cause de son implication dans un cas de bigamie. Apprenant qu’il ne devrait plus jamais exercer son ministère, il se retira à Whitby, où il termina son autobiographie en y joignant une longue diatribe contre la « carcasse putride » du catholicisme. Il mourut le 15 janvier 1859 et fut inhumé dans le cimetière de St Johns, à Whitby, avec tous les honneurs maçonniques. D’après son collègue, le ministre anglican Henry Scadding*, Mayerhoffer avait des traits « très marqués et particuliers, peut-être mongoliques » et avait été « un homme énergique jusqu’à la fin : d’un esprit toujours joyeux et jamais à court d’anecdotes, personnelles ou autres ».
Vincent Philip Mayerhoffer est l’auteur de : Twelve years a Roman Catholic priest, or, the autobiography of the Rev. V. P. Mayerhoffer, M.A., late military chaplain to the Austrian army, and grand chaplain of the orders of freemasons and Orangemen, in Canada, B.N.A., containing an account of his career as military chaplain, monk of the order of St. Francis, and clergyman of the Church of England in Vaughan, Markham and Whitby, C. W. (Toronto, 1861).
AO, MS 35 ; MS 199, M. S. Gapper O’Brien, diaries ; MU 2818.— APC, RG 5, A1 : 71036–71040, 78344–78347, 87623–87625, 96875–96882, 97031–97042, 112017–112020.— Österreichische Staatsarchiv-Kriegsarchiv (Vienne), « Schematismus der k.k. Militärgeistlichkeit », I : 99 ; Standestabellen des Infanterieregiment 60, 1812 : X ; 1816 : XI.— PRO, CO 42/431 : 329–331.— USPG, C/CAN/folders 482a, 519 ; Journal of SPG, 39 : 216–218 ; 40 : 92–94.— York County, Hist. Soc. (York, Pa.), « The registers of the First Moravian Congregation, York, Pennsylvania, 1751–1899 », H. J. Young, trad. (copie dactylographiée, 1938), book ii : 9.— Whitby Chronicle (Whitby, Ontario), 27 janv. 1859.— J. L. H. Henderson, « John Strachan as bishop, 1839–1867 » (thèse de d.d., General Synod of Canada (Toronto), Église épiscopale du Canada, 1955).— Historical sketch of Markham Township, 1793–1950 ; centennial celebration of municipal government, 1850–1950 ([Markham, Ontario, 1950]).— Markham, 1793–1900, Isabel Champion, édit. (Markham, 1979).— Millmann, Life of Charles James Stewart.— G. E. Reaman, A history of Vaughan Township ; two centuries of life in the township (Vaughan, Ontario, 1971).— Scadding, Toronto of old (1873), 454–456.— M. C. Keffer, « The early days of Zion Evangelical Lutheran Church, founded 1806 at Sherwood, York County », York Pioneer (Toronto), 1960 : 12–21.— J. J. Talman, « From Moscow to Whitby, the romantic career of the first rector of Markham and Vaughan », Canadian Churchman (Toronto), 4 mars 1937 : 133.
Christopher Fergus Headon, « MAYERHOFFER, VINCENT PHILIP (baptisé Vincent Ferrer) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mayerhoffer_vincent_philip_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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