MARTIN, BARTHÉLEMY, négociant, né vers 1713, fils de Vincent Martin et d’Hélène Guilhermy, de la paroisse Saint-Ferréol de Marseille, France, décédé après 1765.

Barthélemy Martin mit sur pied l’une des plus importantes sociétés de commerce à Québec vers la fin du régime français et semble avoir été mêlé aux activités de la « Grande Société ». Le nom du « Sr. Martin » apparaît pour la première fois dans les comptes de la colonie en 1749, alors qu’on lui achète pour plus de 14 000# de fournitures. Il reçoit l’année suivante quelque 15 000# en lettres de change pour divers approvisionnements. En 1751, Antoine-Louis Rouillé, ministre de la Marine, envoie au gouverneur de La Jonquière [Taffanel] et à l’intendant Bigot* une lettre de recommandation pour « le Sr. Troppez Martin », vraisemblablement frère de Barthélemy : « vous me ferez plaisir, écrit-il, de lui rendre service dans les occasions qui pourront s’en présenter, s’il n’y met pas d’obstacle par Sa conduite ». À Québec, le 4 octobre de la même année, le Conseil supérieur rendait jugement dans une cause entre « les Sieurs Tropez et Barthélemy Martin négotiants de cette ville » et Joseph-Pierre Cadet*, marchand boucher qui allait devenir le munitionnaire de la colonie. Cadet n’avait pas rempli les conditions d’un contrat de vente de morue qu’il avait passé avec les Martin, et ceux-ci exigeaient réparation. Le procès-verbal de la séance du Conseil laisse entendre que les Martin destinaient cette morue au marché de la Martinique ; ils auraient donc fait du commerce avec les Antilles, ce qui implique qu’ils devaient avoir un chiffre d’affaires assez élevé.

Seule une étude systématique des actes notariés et des causes entendues par la Prévôté et l’Amirauté de Québec nous permettrait de bien connaître l’envergure du commerce des Martin. Des documents d’accès plus facile nous laissent quand même soupçonner que Barthélemy Martin faisait un commerce considérable.

En 1752, Martin proposait au président du Conseil de Marine l’établissement de « magasins d’abondance » dans les trois villes de la colonie, pour l’entreposage des denrées et la prévention de disettes. Trop grandiose et surtout trop coûteux, le projet fut rejeté mais, par ailleurs, le gouverneur Duquesne* et l’intendant Bigot reçurent instruction d’aider Martin dans son projet d’exporter des bois de construction du Canada.

Au printemps de 1760, alors que les armées françaises tentaient un ultime effort pour reprendre Québec, Martin conclut avec Bigot un marché pour la fourniture d’eau-de-vie aux troupes ; c’était un très gros contrat qui, finalement, lui fut très peu profitable. Martin devait faire sortir 250 barriques d’eau-de-vie de Québec à l’insu des troupes britanniques, les amener près de Montréal et les vendre au roi à un prix inférieur au prix courant à Montréal. La facture s’élevait à plus de 500 000# et elle fut payée en lettres de change sur le trésor de France. Rentré dans la métropole après la reddition du Canada, Martin attendait toujours, en 1765, le paiement de ses lettres de change oublié dans les démêlés de l’Affaire du Canada. Nous ignorons s’il fut jamais remboursé.

Martin avait épousé à Québec le 31 août 1752 Marie-Françoise-Renée, fille de René-Nicolas Levasseur* ; parmi ceux qui signèrent comme témoins à son contrat de mariage se trouvaient le gouverneur Duquesne, l’intendant Bigot et l’évêque de Québec, Mgr de Pontbriand [Dubreil].

José Igartua

AJQ, Registre d’état civil, Notre-Dame de Québec, 31 août 1752.— AN, Col., B, 93, f.1v. ; 95, ff.27, 29s. ; 97, ff.23–25v., 53v., 97v. ; 113, f.262v. ; Col., C11A, 105, ff.116–132, 387s. ; 108, ff.1–90 ; 116, ff.251v., 252, 254, 255, 290v., 291v., 296s., 298 ; 119, ff.341v., 342v., 343, 344v.. 347.— ANQ, Greffe de J.-C. Panet, 24 août 1752.— APC, MG 7, II, 12 142, ff.76–77v, 164, 378 ; MG 8, A2, 38, ff.52v.–54v. ; 39, ff.37v.–38s., 106v.–107s. ; 40, ff.107–109.— ASQ, Polygraphie, XXIV : 32B, 37J, 37K, 37L ; Séminaire, XI : 28.— Documents relatifs à la monnaie sons le régime français (Shortt), II : 984–986, 988.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, V : 200, 201, 242, 280 ; VI : 85.— Tanguay, Dictionnaire.

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José Igartua, « MARTIN, BARTHÉLEMY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/martin_barthelemy_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024