MALERAY DE NOIRÉ DE LA MOLLERIE, JACQUES (cité généralement sous le nom de Sieur de La Mollerie), enseigne en 1685 ou 1687, lieutenant en 1691 (1693), garde-marine en 1694 et commandant du fort Lachine en 1690 et 1701. Né en 1657, en Poitou, fils d’Isaac Maleray de La Périne et de Marie Tessier ; il épousa Françoise Picoté de Belestre le 6 janvier 1687 et mourut à bord de la Seine, le 26 ou le 27 juillet 1704.

Avant de venir au Canada, Jacques avait été sous-lieutenant au régiment de Noailles (1675) et avait été fait lieutenant en 1677. Après avoir tué en duel le sieur Guillot de La Forest, à Poitiers, en 1685, il vint au Canada la même année, afin d’échapper à la justice. Le 15 janvier 1689, la Sénéchaussée du Poitou le jugea par contumace et le condamna à avoir la tête tranchée. En 1693, Louis XIV lui accorda la permission de rentrer en France pour demander des lettres de pardon. Si l’on songe qu’il était recommandé par Frontenac [Buade*], par Callière, par Champigny [Bochart] et par son beau-frère Henri Tonty et qu’à l’époque on avait grand besoin de bons officiers, il n’est pas surprenant que le roi lui ait fait grâce. Dans les lettres de pardon, signées en avril 1695 et enregistrées à Québec par le Conseil souverain le 14 octobre de la même année, le roi faisait l’éloge de Jacques qui « s’est distingué dans toutes les occasions qui se sont presentées contre les anglois Et Iroquois, de mesme que dans les Commandemens des forts qui lui ont Esté confiez ».

L’année où il se maria, en 1687, Jacques attaqua en justice Pierre Le Moyne d’Iberville, sous l’accusation de « rapt et séduction », au nom de sa belle-sœur, Jeanne-Geneviève Picoté de Belestre, qui était mineure. Celle-ci, devenue mère, soutenait qu’elle s’était laissé séduire parce qu’Iberville lui avait promis le mariage. Il se peut qu’Iberville ait fait agir son influence ou que la réputation de Jeanne-Geneviève ait été sujette à caution, car Jacques ne put persuader le Conseil souverain de forcer Iberville à épouser sa belle-sœur. Il parvint pourtant, pendant plusieurs années, à empêcher Iberville d’épouser une autre femme et, en 1688, il obtint un jugement du tribunal, obligeant le corsaire à assurer la subsistance de l’enfant de Jeanne-Geneviève jusqu’à l’âge de 15 ans.

En 1701 ou 1702, Jacques partit pour la France avec sa femme et deux de ses enfants et il obtint une prolongation de séjour pour s’occuper de certaines affaires et poursuivre une convalescence. Le navire qui le ramenait au Canada, la Seine, fut capturé à la suite d’un engagement avec les navires d’escorte d’un convoi anglais et Jacques fut tué au cours de la fusillade. Le gouverneur de Callière, dans son rapport de 1701 sur les officiers servant au Canada, indiquait que le sieur de La Mollerie était un « bon officier ».

On a souvent confondu Jacques Maleray de La Mollerie avec deux de ses fils, l’un, Jacques (baptisé le 6 février 1689), et l’autre, Louis-Hector (baptisé le 3 juillet 1692). Jacques et Louis-Hector, tout comme leur père, furent impliqués dans des duels dont les survivants furent condamnés à être décapités, mais ne subirent pas leur châtiment et furent pardonnés par la suite. Louis-Hector mourut le 16 décembre 1714 à Montréal des suites d’une blessure reçue la veille dans un duel avec Jean d’ Ailleboust d’Argenteuil. En septembre 1716, Jacques tua Jacques Fustel, à Québec, et obtint des lettres de pardon en octobre 1720.

C’est à tort que certains historiens ont dit, de Jacques Maleray père, qu’il était le fils d’une duchesse de La Mollerie. Cette erreur provient sans doute d’une faute de transcription, aux Archives publiques du Canada, d’un mémoire du Conseil de Marine, en date du 19 mars 1720 (AN, Col., C11A, 41, p. 144 [transcription par les APC]). Le mémoire parle d’une « duchesse » de La Mollerie demandant la grâce de son fils qui a tué en duel un certain Fustel, à Québec. L’original (AN, Col., C11A, 41, f.221) indique seulement « De de la Mollerie ». La personne qui a fait la transcription a supposé, par erreur, que De était une abréviation de duchesse, alors que cela signifie simplement « dame ». Il s’agissait, en réalité, de Françoise Picoté de Belestre, l’épouse, et non la mère, du Jacques Maleray qui mourut à bord de la Seine, en 1704 ; et celui qui tua Fustel à Québec était leur fils Jacques.

S. Dale Standen

AN, Col., B, 23, ff.119, 265 ; Col., C11A, 12, p.706 ; 41, p.144 (f.221) ; Col., D2C, 47, pp.69, 93 (copies aux APC) ; Marine, B3, 123, ff.573–576, 577, 589 ; Marine, B4, 26, ff.96, 98–101. — BN, mss, Fr. 22 803, ff.285, 290, 316. — Jug. et délib., III : 194–197, 231–234, 237–239, 241–243, 258–264, 1 057, 1 060–1 064 ; VI : 923, 935. — Les officiers des troupes du Canada en 1701, BRH, XXVII (1921) : 276. — Ægidius Fauteux, La famille dAilleboust (Montréal, 1917), 89–94. — É.-Z. Massicotte, Les Maleray de la Mollerie ? BRH, XXV (1919) : 122.

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S. Dale Standen, « MALERAY DE NOIRÉ DE LA MOLLERIE, JACQUES (sieur de La Mollerie) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/maleray_de_noire_de_la_mollerie_jacques_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    1 décembre 2024