MAILLOU (Mailloux), BENJAMIN-NICOLAS, prêtre catholique, né le 29 septembre 1753 à Québec, fils de Benjamin Maillon, forgeron, et d’Angélique Marchand ; décédé le 19 janvier 1810 à Saint-Eustache, Bas-Canada.

Benjamin-Nicolas Maillon entre au petit séminaire de Québec le 15 novembre 1765. Il commence ses études théologiques en 1773, tout en exerçant la fonction de régent d’une classe du petit séminaire. Le 21 décembre 1776, Mgr Briand* l’ordonne prêtre et, quatre jours plus tard, le nomme curé de la paroisse de l’Immaculée-Conception à Trois-Rivières. Nomination hâtive, car Maillon n’a pas encore 24 ans. À Trois-Rivières, il remplace le curé démissionnaire, Isidore (Charles-Antoine) Lemire Marsolet, prêtre récollet dont la communauté desservait la paroisse depuis 84 ans et à qui les paroissiens étaient très attachés. Aussi, la nomination d’un prêtre séculier n’a pas l’heur de plaire, occasionnant même des disputes partisanes, comme le souligne Mgr Briand au vicaire général de Trois-Rivières, Pierre Carreau*, dit Saint-Onge, au début de 1777 : « On dit que tout est en feu aux Trois-Rivières, les uns tenant pour les prêtres, les autres pour les Récollets. » Cependant, cette nomination était inévitable, le gouvernement britannique défendant aux récollets de recruter des sujets ; en 1777, il restait seulement neuf prêtres récollets, six dans l’administration des paroisses et trois formant le personnel des couvents de Québec et de Montréal. Les paroissiens se plaignent également de la jeunesse de Maillon, mais quand Louis-Joseph Godefroy* de Tonnancour s’en ouvre à Mgr Briand, l’évêque lui répond en termes plutôt rudes : « il est vrai que le Sr Mailloux est un très Jeune prêtre, mais il n’est pas moins Certain que la place que je lui ai donnée Est très peu gracieuse, très peu ambitionnée, d’ailleurs très peu capable de fournir aux besoins de la vie [...] Ce très Jeune prêtre n’a accepté sans doute que parce qu’il Etait très jeune et qu’il n’osais pas refuser en [se] montrant désobéissant, deux jours après m’avoir juré qu’il m’obéirais [...] Si vous trouvez des Récollets, prenés en. » À cette époque, la faiblesse de la population de la paroisse de l’Immaculée-Conception (pas plus de 800 âmes), les difficultés occasionnées par la réparation du clocher et l’absence de presbytère rendaient effectivement la cure peu intéressante. En même temps, Maillon reçoit la desserte de Vieilles-Forges. Une fois en fonction, son premier souci est de bâtir un presbytère convenable et Mgr Briand offre même d’y contribuer de sa bourse. Entre-temps, la fabrique loue une maison au prix de 252# par année. Le nouveau presbytère est terminé le 10 août 1783.

Faible de santé et de tempérament plutôt flegmatique, Maillon semble négliger passablement le ministère de la prédication, au point que Mgr Hubert* lui répond lors d’une demande de translation de cure : « mon cher Maillon, vous y mettez obstacle vous-même en ne prêchant point aux 3 Rivières, Surtout après vous avoir averti de votre obligation à ce sujet. Prenez donc l’habitude d’instruire les peuples qui vous sont confiés, et vous devez être assuré qu’alors j’entrerai dans vos vûes. »

Le 20 septembre 1790, Mgr Hubert nomme Maillon curé de Saint-Eustache et des dessertes voisines. Maillon éprouve une grande déception à son arrivée dans la paroisse. Le presbytère bâti par le père Félix Berey Des Essarts, en 1774, est devenu à peine logeable. Maillon habite donc dans la maison, déjà en vente, de l’ancien curé, Charles-François Perrault, qu’il doit quitter le I e` octobre 1791. Maillon se compare à « l’oiseau sur la branche » et accepte la suggestion des paroissiens de demeurer dans une maison de la paroisse « en attendant un logement qui appartient à la paroisse ». Pessimiste et légèrement neurasthénique, prétendant qu’une « partie de la paroisse est prévenue » contre lui, Maillon lorgne la cure vacante de la paroisse Saint-Joseph à Chambly, ce qui n’obtient pas l’agrément de Mgr Hubert. En 1792, les paroissiens décident de pourvoir à la réparation de l’ancien presbytère, et l’évêque va même jusqu’à conseiller à Maillon, sans succès d’ailleurs, de se retirer soit au séminaire de Saint-Sulpice à Montréal, soit à la mission de Lac-des-Deux-Montagnes (Oka), jusqu’à ce qu’on lui prépare « une maison commode, décente et à la portée de l’Église ». Le 30 juillet 1793, l’évêque de Québec défend au curé de solenniser la fête de saint Eustache après « les batailles, les débauches des années précédentes ».

Les paroissiens de Saint-Eustache furent satisfaits du ministère de Benjamin-Nicolas Maillon malgré sa santé débile ; il subissait de fréquentes attaques de goutte et était devenu infirme. Considérablement amaigri, il décéda à l’âge de 56 ans et fut inhumé dans le sanctuaire de l’église.

Albertus Martin

Un portrait de Benjamin-Nicolas Maillon, conservé à la paroisse Saint-Eustache, peint par Vital Desrochers, comporte, semble-t-il, des ressemblances. [a.m.]

AAQ, 210 A, I : ff.126, 144, 158* 199, 224, 245 ; II : ff.3, 73.— ANQ-Q, CE1-1, 16 mai 1740, 1er sept. 1750, 29 sept. 1753.— AP, Saint-Eustache, Cahiers des délibérations de la fabrique, 2 oct. 1791 ; Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 22 janv. 1810.— Arch. de l’évêché de Saint-Jérôme (Saint-Jérôme, Québec), Cartable Saint-Eustache, corr., 22 mars, 18 sept. 1791, 29 août, 11, 23 sept., 20 oct. 1792.— Allaire, Dictionnaire, 1.— O.-M. Jouve, Les franciscains et le Canada : aux Trois-Rivières (Paris, 1934), 263s.— J.-E. Bellemare, « Desserte religieuse des Vieilles Forges », BRH, 24 (1918) : 270.

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Albertus Martin, « MAILLOU (Mailloux), BENJAMIN-NICOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/maillou_benjamin_nicolas_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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