BRASSARD DESCHENAUX, CHARLES-JOSEPH, prêtre catholique, seigneur et vicaire général, né le 3 novembre 1752 à Québec, fils aîné de Joseph Brassard* Deschenaux, secrétaire de l’intendant François Bigot*, et de Madeleine Vallée ; décédé le 9 juillet 1832 à L’Ancienne-Lorette, Bas-Canada.

Charles-Joseph Brassard Deschenaux entra au petit séminaire de Québec en 1765, année de réouverture de cette institution. Les membres du clergé étaient peu nombreux à cette époque et cela explique sans doute que Brassard Deschenaux ait pris la soutane dès 1769, reçu la tonsure en 1771 et terminé ses études classiques l’année suivante. Tout en poursuivant sa théologie au grand séminaire de Québec, il fut régent au petit séminaire dans les classes de cinquième, de quatrième et de troisième. Le 21 décembre 1776, il fut ordonné prêtre par Mgr Jean-Olivier Briand*, en même temps que Pierre Conefroy*, Charles-François Perrault et Benjamin-Nicolas Maillou*. Il exerça son ministère dans la paroisse Saint-Pierre, à l’île d’Orléans, tout en desservant Saint-Laurent ; en 1778, il devint curé de la paroisse Saint-Étienne, à Beaumont, qu’il quitta en 1782 pour remplir les fonctions curiales dans la paroisse Notre-Dame-de-Foy, à Sainte-Foy. Quatre ans plus tard, il alla desservir la paroisse Notre-Damede-l’Annonciation, à L’Ancienne-Lorette.

Durant ses premières années à L’Ancienne-Lorette, Brassard Deschenaux connut quelques difficultés avec les marguilliers au sujet des livres de comptes de la fabrique que l’un de ses prédécesseurs, le curé Ignace Tinon-Desroches, avait négligés en raison de son âge avancé. Puis il eut fort à faire avec certains paroissiens pour les convaincre de construire une cheminée à l’arrière de l’église. Par ailleurs, à l’été de 1792, les habitants d’un rang se plaignirent au gouverneur et à l’évêque que leur curé refusait de chanter une messe pour chasser les sauterelles qui ruinaient les cultures, sous prétexte qu’il s’agissait là d’une superstition.

À la mort de son père survenue le 16 septembre 1793, Brassard Deschenaux hérita, avec ses frères et sœurs, des seigneuries de Neuville, de Saint-Michel et de Livaudière, et d’une partie de celles de Bélair et de Beaumont. Cette petite fortune à administrer ne lui permit pas, comme il l’écrivait à l’évêque, d’accepter la fonction de vicaire général de Trois-Rivières. Toutefois, il accepta de remplir celle de vicaire général de Québec en 1809, sachant bien que sous Mgr Joseph-Octave Plessis « un Grand Vicaire n’a[vait] presque rien à faire ».

Brassard Deschenaux possédait donc du bien au soleil, des terres, des maisons et des moulins, une bonne cure et la confiance de son évêque. Homme juste et bon, le curé donnait tous ses revenus ecclésiastiques en aumônes. C’est ainsi que chaque matin, à onze heures trente, une clochette conviait les pauvres à venir manger au presbytère. Seigneur et vicaire général, il savait également tenir son rang. Il avait de beaux équipages qui le conduisaient à Sainte-Foy et à Québec, où il possédait une partie de la maison que son père avait laissée au 5, rue des Pauvres (côte du Palais). Le jeudi de chaque semaine, il recevait des prêtres, des membres de l’administration publique et d’autres notables de Québec et de la région ainsi que des visiteurs étrangers de passage.

Comme Mgr Charles-François Bailly* de Messein, Charles-Joseph Brassard Deschenaux s’était constitué une fort belle bibliothèque pour l’époque, qui comprenait plus de 800 titres et comptait environ 2 200 volumes. Les sections consacrées aux belles-lettres, à l’histoire et à la géographie étaient les mieux fournies. L’Encyclopédie de Diderot, les œuvres de Buffon, de Mably, de Rousseau et de Voltaire voisinaient avec celles de Bonald et de Burke. La religion tenait sa juste place, de même que les sciences et les arts. C’était la bibliothèque d’un honnête homme de la fin du xviiie et du début du xixe siècle, qui avait eu comme amis Félix Berey Des Essarts, Bailly de Messein et Philippe-Jean-Louis Desjardins. À sa mort disparaissait l’un des derniers prêtres issus des grandes familles de la fin du Régime français.

Claude Galarneau

AAQ, 1 CB, V : 57 ; 61 CD, L’Ancienne-Lorette, 1 : 4, 7–8, 10, 17a, 18, 22–23b, 31, 31c, 31f–31g, 33e 33h–33i, 34–35 ; 60 CN, III : 148.— ANQ-Q, CE1-1, 4 nov. 1752 ; CE1-2, 11 juill. 1832 ; P-232.— AP, Notre-Dame-del’Annonciation (L’Ancienne-Lorette), Catalogue de la bibliothèque de C.-J. Brassard Deschenaux, 1817.— ASQ, C 35 : 246, 252, 292 ; Fichier des anciens ; Lettres, M, 433 ; P, 103.— Allaire, Dictionnaire, 1 : 161.— P.-G. Roy, Fils de Québec, 2 :102–103 ; Inv. concessions. Lionel Allard, L’Ancienne-Lorette (Ottawa, 1979).— Lambert, « Joseph-Octave Plessis ».— Charles Trudelle, le Frère Louis (Lévis, Québec, 1898).— P.-G. Roy, « Un curé bibliophile :l’abbé Deschenaux », BRH, 44 (1938) : 193–198.

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Claude Galarneau, « BRASSARD DESCHENAUX, CHARLES-JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brassard_deschenaux_charles_joseph_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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