MacKINTOSH, WILLIAM, trafiquant de fourrures, né vers 1784 ; décédé le 16 février 1842 à Lachine, Bas-Canada.

On ignore l’identité des parents et le lieu de naissance de William MacKintosh. Entré au service de la North West Company en qualité de commis vers 1802, il fut affecté au Petit lac des Esclaves (Alberta) pour l’hiver de 1803–1804. En 1805, il remplaça John Clarke* à la rivière de la Paix, qui demeura probablement son quartier d’hiver jusqu’en 1819. MacKintosh joua un rôle essentiel dans la lutte que menèrent les Nor’Westers contre l’invasion de leur département le plus rentable, la région de l’Athabasca, par la Hudson’s Bay Company. Clarke, qui passa au service de cette compagnie en 1815, établit le fort Wedderburn sur le lac Athabasca la même année ; à court de provisions, il décida de faire hiverner son groupe près du poste de MacKintosh, le fort Vermilion (près de Fort Vermilion), où le gibier était d’ordinaire plus abondant.

MacKintosh terrassa son rival. Les provisions étaient rares, et il « usa de toute son influence et d’un peu de force » pour empêcher Clarke de rencontrer des Indiens ou de faire la traite avec eux. Dans une lettre écrite du fort Chipewyan, le Nor’Wester Willard Ferdinand Wentzel exprima sa « jubilation » devant le résultat obtenu : « Pas moins de 15 hommes [plus] 1 commis accompagné d’une femme et d’un enfant sont morts de faim en remontant la rivière de la Paix. » Trois d’entre eux étaient morts au cours de l’hiver, pendant que l’équipe de la Hudson’s Bay Company attendait de connaître les conditions de MacKintosh. Chacun des postes de la Hudson’s Bay Company établi dans la région de l’Athabasca dut céder des marchandises de traite à son voisin de la North West Company en échange de ravitaillements pour survivre jusqu’à la fin de l’hiver. La North West Company récompensa MacKintosh le 22 juillet 1816 en lui conférant le titre d’associé. Chez la compagnie rivale, on n’oublia jamais ce qu’il avait fait : Nicholas Garry* le dépeignait comme « celui qui [avait] veill[é] à affamer les hommes de M. Clarke dans l’Athapascou ». Quant à Colin Robertson, fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company, il nota en 1819 : « toute sa conduite dans la présente lutte s’est caractérisée par des actes de la cruauté la plus délibérée et la plus gratuite envers les employés de la compagnie ».

Après la saison de 1815–1816, la Hudson’s Bay Company envoya des équipes plus puissantes dans la région de l’Athabasca. En 1818, Clarke lança une attaque surprise contre le fort Vermilion et retint MacKintosh prisonnier un moment. Même si Wentzel conclut alors à une victoire de la North West Company, l’historien Edwin Ernest Rich a établi que Clarke avait repris au fort Vermilion des marchandises dont MacKintosh s’était emparé plus tôt. Au printemps de 1819, le prestige des Nor’Westers à la rivière de la Paix était bien moins grand que naguère. À la fin de juin, ils essuyèrent un autre revers aux rapides Grand (Manitoba) : le gouverneur de la Hudson’s Bay Company, William Williams, intercepta et arrêta MacKintosh, Benjamin Joseph Frobisher*, Angus Shaw*, John George McTavish et d’autres Nor’Westers qui se rendaient à une réunion au fort William (Thunder Bay, Ontario). Au moment de sa capture, le 23, MacKintosh souffrait de diarrhée, ce qui « l’obligeait à se retirer fréquemment » dans les bois. Il en profita pour confectionner un radeau et s’enfuit en laissant des messages de suicide afin de décourager ses poursuivants. Des quatre associés capturés aux rapides Grand, il était le seul disponible pour travailler pendant la saison de 1819–1820. La North West Company le renvoya à la rivière de la Paix, mais au fort Dunvegan plutôt qu’au fort Vermilion. À l’automne de 1819, il fut repris à proximité du portage Frog (près du lac Pelican, Saskatchewan), mais des hauts fonctionnaires de la Hudson’s Bay Company le relâchèrent. En janvier, Robertson rapporta avec satisfaction que MacKintosh avait renvoyé de son poste la plupart des familles, qu’il y vivait avec sa femme et manquait de provisions. Quelque temps auparavant, il avait épousé à la façon du pays Sarah Gladu, fille d’un Métis et trafiquant indépendant de la rivière de la Paix.

L’acte unilatéral de fusion entre la Hudson’s Bay Company et la North West Company, en 1821, donna à MacKintosh le titre de chef de poste et pourvut à sa promotion au rang d’agent principal en 1823. L’union des deux compagnies le remit en présence de Clarke. Au terme d’une journée où ils avaient voyagé ensemble, probablement pendant l’hiver de 1821–1822, ils vidèrent une querelle en échangeant des coups de pistolet au-dessus d’un feu de camp.

MacKintosh ne détint aucune responsabilité importante à la Hudson’s Bay Company. En 1822, le conseil du département du Nord le renvoya au fort Dunvegan, où il supervisait en principe toutes les affaires de la compagnie à la rivière de la Paix mais où, en fait, il se buta à la résistance de ses subalternes et d’Edward Smith, agent principal responsable de tout le district d’Athabasca. Pendant son mandat au fort, une épidémie emporta le quart des autochtones qui y faisaient la traite. De plus, en projetant de déplacer le fort St John (situé près de Fort St John, Colombie-Britannique), il contribua peut-être à irriter les Castors, des partenaires de traite, ce qui entraîna le meurtre de cinq employés.

En 1824, on affecta MacKintosh au Petit lac des Esclaves en compagnie de Clarke. Les deux hommes, évidemment, se querellèrent. Le gouverneur George Simpson* feignit la surprise et, l’année suivante, convainquit le conseil de faire de MacKintosh l’unique fonctionnaire du district du fleuve Nelson, où l’on avait presque exterminé le gibier et les animaux à fourrure. En 1825, un collègue signala à Simpson que d’après lui MacKintosh était tellement soumis à sa femme que les intérêts de la compagnie dans le district en pâtissaient. Au cours de l’été de 1829, MacKintosh assuma la direction de Cumberland House (Saskatchewan) ; un poste tranquille qui chevauchait la route menant aux districts situés plus au nord et à l’ouest. Après une nouvelle mutation au fort Dunvegan, en 1832, sa santé se mit à décliner. Il obtint un congé de maladie pour l’année 1834–1835 et démissionna le 1er juin 1837, après deux ans de permission. À la colonie de la Rivière-Rouge, le 28 juin 1836, il avait officialisé son mariage devant le révérend David Thomas Jones. Par la suite, il s’établit à Lachine, où il mourut le 16 février 1842 « après une brève maladie ». Son fils aîné, William, mourut neuf jours plus tard. Le plus gros de ses biens alla à son autre fils ; sa fille célibataire reçut £1 000 et ses trois filles mariées, £100 chacune.

William MacKintosh fut si étroitement mêlé à des événements violents et controversés qu’il est difficile de faire un bilan pondéré de sa carrière. Dans un document écrit bien longtemps après sa mort, John Tod* ajoute à la liste de ses crimes une tentative d’empoisonnement commise contre James Murray Yale*. Il évoque « son expression toujours changeante et [son] noir regard inquiet », indices que « la nature l’avait fait tel que sa présence annonçait complots, trahisons et stratagèmes ». La partialité acharnée qui le soutenait à la rivière de la Paix ne trouva plus son exutoire après la fusion de 1821. S’il mérite d’échapper à l’oubli, c’est que Clarke trouva en lui un adversaire à sa taille. Toujours selon Tod, les deux hommes étaient « des voisins immédiats et [furent] toujours considérés, en fait, comme des membres de l’avant-garde des deux compagnies rivales qui avaient maintenu si longtemps la contrée dans un état de guerre civile ».

Philip Goldring

ANQ-M, CE1-80, 1842.— APC, MG 19, A38 ; B1, 3 :55.— PAM, HBCA, A.33/4 : fos 191–197 ; B.39/b/2 : 33–40, 44–47, 52, 60 ; B.141/e/2 : fos 1–2d ; B.239/k/1–2 ; D.5/7 : fo 73d ; E.4/1b ; E.11/1 : fo 170d.— UTFL, ms coll. 31, box 25, file 7.— Les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest (Masson), 1 : 117, 123.— Docs. relating to NWC (Wallace).— HBRS, 1 (Rich) ; 2 (Rich et Fleming) ; 3 (Fleming) ; 30 (Williams).— George Simpson, Fur trade and empire : George Simpson’s journal [...] 1824–25, introd. de Frederick Merk, édit. (Cambridge, Mass., 1931).— Montreal Gazette, 17 févr. 1842.— Rich, Fur trade (1967).— J. N. Wallace, The wintering partners on Peace River from the earliest records to the union in 1821 ; with a summary of the Dunvegan journal, 1806 (Ottawa, 1929).

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Philip Goldring, « MacKINTOSH, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mackintosh_william_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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