MACKELLAR, PATRICK, ingénieur militaire, né en 1717 ; il épousa, probablement à l’île de Minorque, Elizabeth Basaline, et ils eurent deux fils ; décédé le 22 octobre 1778 à Minorque.
Patrick Mackellar entra au service du Board of Ordnance comme commis à Woolwich (Londres) en 1735 et fut promu, quatre ans plus tard, commis aux travaux et posté à Minorque. Il montra bientôt pour l’architecture et le génie mili taires des aptitudes officiellement reconnues le 7 décembre 1742, alors qu’il obtint un certificat d’ingénieur exerçant. Dès lors, il fut employé à l’amélioration des défenses de Port Mahon (Mahón, Minorque). En juillet 1751, il était élevé au grade d’ingénieur ordinaire.
Rappelé en Angleterre en 1754, Mackellar fut promptement envoyé en Amérique du Nord où il fut d’abord mis en service actif : il participa à l’expédition du major général Edward Braddock contre le fort Duquesne (Pittsburgh, Pennsylvanie) en 1755 [V. Jean-Daniel Dumas]. Grièvement blessé à la bataille de la Monongahéla, le 9 juillet, il se trouvait tout de même à Oswego (ou Chouaguen ; aujourd’hui Oswego, New York) le printemps suivant, comme ingénieur en chef des forts de la frontière. Mackellar reçut l’ordre de remplacer les fortifications désuètes d’Oswego, mais sa mission était loin d’être achevée lors de la prise de ce poste, du 13 au 14 août 1756, par une armée sous les ordres de Montcalm*.
Après avoir passé quelques mois comme prisonnier de guerre à Québec et à Montréal, Mackellar fut échangé et retourna en Grande-Bretagne au début de 1757 ; le 14 mai, il reçut une commission de capitaine dans le corps d’armée auquel il appartenait. Le 4 janvier suivant, il fut promu sous-directeur des ingénieurs et major, et nommé adjoint du colonel John Henry Bastide*, ingénieur en chef de l’expédition d’Amherst contre Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Les forces britanniques débarquèrent pi-ès de la forteresse le 8 juin ; un mois plus tard, Mackellar succéda à Bastide après que celui-ci eut été blessé. Malgré l’impatience de Wolfe* devant la lenteur avec laquelle se déroulait le siège, il semble qu’une part non négligeable du mérite de la capitulation de Louisbourg, le 27 juillet, revenait à l’habileté professionnelle de Mackellar.
Quelques mois plus tard, Mackellar fut choisi pour servir comme ingénieur en chef de l’expédition contre Québec dont Wolfe devait prendre le commandement. Singulièrement qualifié pour ce nouveau poste, Mackellar était non seulement hautement respecté dans sa profession, mais, à la suite de sa libération comme prisonnier, il avait soumis au Board of Ordnance un rapport détaillé sur la topographie et les ouvrages de défense de Québec, de même qu’une carte de la région. Même si beaucoup de ces renseignements étaient inexacts ou périmés – l’original à partir duquel il avait fait sa carte avait été inclus par Pierre-François-Xavier de Charlevoix* dans son Histoire et description générale de la Nouvelle France [...] (3 vol., Paris, 1744) ils constituèrent néanmoins, pour Wolfe, le seul ensemble substantiel qui lui permit de connaître son objectif, et Mackellar devint l’un de ses quelques conseillers de confiance. Il détermina le site des batteries britanniques et conduisit toutes les opérations préliminaires du siège, en dépit d’une sérieuse blessure subie pendant l’attaque de la côte de Beauport, le 31 juillet ; il mit au point et expérimenta des méthodes pour le débarquement de l’infanterie au moyen de plates-formes flottantes. Il se prononça aussi, auprès de Wolfe, contre une attaque frontale de la ville et accompagna le général dans sa reconnaissance finale des lieux.
Immédiatement après la victoire des plaines d’Abraham, le 13 septembre, Mackellar se mit aux préparatifs en vue du siège de Québec, mais la capitulation de la ville, cinq jours plus tard, rendit ces efforts inutiles. Pendant l’automne de 1759 et le printemps de 1760, il renforça les défenses de la ville en prévision d’une contre-attaque française ; il eut la direction de l’artillerie dans le corps d’armée commandé par le général de brigade James Murray, à la bataille de Sainte-Foy, le 28 avril. Très sérieusement blessé dans cette défaite britannique, il supervisa néanmoins la défense de Québec pendant sa convalescence et jusqu’à l’arrivée d’une escadre britannique en mai qui força les Français à lever le siège. Il participa aussi aux opérations qui complétèrent subséquemment la conquête du Canada.
En novembre 1760, Mackellar fut nommé ingénieur en chef à Halifax, où il commença d’importants travaux pour l’amélioration des défenses et consacra beaucoup de temps et d’énergie à entraîner les troupes aux opérations de siège. Il servit avec distinction comme ingénieur en chef au sein de l’expédition du major général Monckton contre la Martinique, l’année suivante, et dans l’expédition du comte d’Albemarle contre Cuba, en 1762. Grièvement blessé au siège du château Morro, à La Havane (Cuba), il ne se remit jamais complètement de cette blessure. La paix faite, Mackellar fut de nouveau envoyé à Minorque, où il travailla encore à l’amélioration des ouvrages de défense. Il fut promu lieutenant-colonel honoraire le 3 janvier 1762, lieutenant-colonel en titre le 2 février 1775 et directeur des ingénieurs et colonel le 29 août 1777. Son fils aîné, John, qui s’éleva jusqu’au grade d’amiral de l’escadre bleue, servit à Halifax de 1804 à 1810, à titre d’agent des prisonniers de guerre et des transports et de directeur de l’hôpital naval.
Il est curieux que Mackellar, en dépit de sa carrière des plus respectables et distinguées, ne reçut jamais d’honneurs particuliers. Ses promotions, cependant, démontrent qu’il fut l’un des ingénieurs militaires les plus estimés de sa génération, et certainement qu’il mérite d’être re connu pour sa contribution aux succès britanniques au Canada pendant les dernières campagnes de la guerre de Sept Ans.
Patrick Mackellar a laissé des comptes rendus intéressants et d’une bonne valeur documentaire des principales opérations auxquelles il a pris part, et en particulier un journal inestimable de l’expédition contre Québec. Ce journal, quand il fut publié pour la première fois dans les Papers on subjects connected with the duties of the corps of Royal Engineers (Londres), IX (1847), fut in correctement attribué au major James Moncrieff. Les documents originaux de Mackellar, avec plusieurs car tes s’y rapportant, sont conservés à la BL, dans le fonds Cumberland de la Royal Library du château de Windsor, et au PRO ; plusieurs de ces documents peuvent erre aisément consultés dans Military affairs in North America, 1748–1765 (Pargellis). Des copies de ces documents, quand ils ont une relation directe avec le Canada, sont également disponibles aux APC. [j. w. s.]
Knox, Hist. journal (Doughty).— Frederic Boase, Modern English biography [...] (3 vol. et 3 suppl., s.l., 1892–1921 ; réimpr., Londres, 1965), II : 621s.— DAB.— DNB.— G.-B., WO, Army list, 1758–1836.— W. R. O’Byrne, A naval biographical dictionary [...] (Londres, 1849), 699s.— Roll of officers of the corps of Royal Engineers from 1660 to 1898 [...], R. F. Edwards, édit. (Chatham, Angl., 1898), 4.— L. H. Gipson, The British empire before the American revolution (15 vol., Caldwell, Idaho, et New York, 1936–1970), VI, VII.— Christopher Hibbert, Wolfe at Quebec (Londres et Toronto, 1959).— Porter, History of Royal Engineers, II : 386s.— Stacey, Quebec, 1759, 44–46, 107s., 129s.
John W. Spurr, « MACKELLAR, PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mackellar_patrick_4F.html.
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Auteur de l'article: | John W. Spurr |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
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