MACDONALD, ALLAN (peut-être signait-il aussi MacDonald et McDonald), fermier, éleveur, homme d’affaires, officier de milice et fonctionnaire du département des Affaires indiennes, né le 19 mai 1832 au fort Langley (près de Langley, Colombie-Britannique), quatrième des 13 enfants d’Archibald McDonald* et de Jane Klyne ; le 29 décembre 1869, il épousa à St Andrews (Saint-André-Est, Québec), Harriet Robertson, et ils eurent un fils et trois filles ; décédé le 28 novembre 1901 à Winnipeg.

Le père d’Allan Macdonald, Archibald McDonald, fut chef de poste puis agent principal à la Hudson’s Bay Company ; sa mère, Jane Klyne, était d’ascendance crie et canado-hollandaise. En 1834–1835, Archibald étant en congé en Angleterre, Jane vécut dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) avec Allan et ses autres enfants. Le 2 novembre 1834, ils s’y firent baptiser par un ministre de l’Église d’Angleterre, le révérend William Cockran*. À son retour, Archibald épousa Jane chrétiennement. De 1835 à 1843, Allan Macdonald vécut avec sa famille au fort Colvile (près de Colvile, Washington). En 1844, on l’envoya étudier au Bas-Canada. Ses parents se retirèrent à Montréal en 1845, mais, par la suite, ils s’établirent dans une ferme près de St Andrews. Macdonald aidait son père à exploiter la ferme et elle lui revint à la mort de celui-ci en 1853. Cinq ans plus tard, il faisait de l’élevage près de la rivière Bonaparte, en Colombie-Britannique dans la région aurifère de Cariboo, et, avec son demi-frère Ranald*, il organisait des convois de ravitaillement jusqu’aux mines d’or. De 1859 à 1861, les deux frères tinrent un magasin au lac Harrison et exploitèrent un service de traversier sur le Fraser à Lillooet. Allan détenait une part du claim Cameron [V. John Cameron*], concession minière qui allait se révéler rentable, mais il la vendit en 1862 avec ses autres intérêts et retourna à St Andrews.

En 1864, Macdonald devint capitaine dans le 11th Battalion of Rifles (connu aussi sous le nom d’Argenteuil Rangers), unité organisée par John Joseph Caldwell Abbott*. En 1866, il passa au grade de major et fut mobilisé avec son bataillon en prévision d’une invasion fénienne. Il portait encore l’uniforme lorsqu’il retourna dans l’Ouest. En effet, en 1870, il fut capitaine dans le corps expéditionnaire envoyé dans la colonie de la Rivière-Rouge sous le commandement du colonel Garnet Joseph Wolseley*. Après, il resta au Manitoba, peut-être parce qu’il y avait de la parenté, notamment son oncle George Klyne, député de la circonscription de Sainte-Agathe à l’Assemblée législative. Pendant un temps, il eut un terrain dans le village de Sainte-Agathe, mais il le vendit en 1876. Au cours de la négociation du traité no 3, en 1873, il commanda l’escorte du lieutenant-gouverneur Alexander Morris* et il signa le document en qualité de témoin. Un an après, il fit partie des militaires qui escortèrent les commissaires délégués au fort Qu’Appelle (Fort Qu’Appelle, Saskatchewan) et servit de témoin à la signature du traité no 4.

En mai 1877, le département des Affaires indiennes nomma Macdonald, alors lieutenant-colonel, agent auprès des bandes de la partie orientale du territoire régi par le traité no 4 (le sud de la Saskatchewan). Macdonald, qui succédait à Angus McKay*, élut d’abord domicile à Swan River (Manitoba), puis, en 1879, il s’installa au fort Qu’Appelle. En raison de l’effondrement de l’économie fondée sur le bison, la famine et la maladie régnaient chez les Cris, les Sauteux, les Assiniboines et les Dakotas du sud de la Saskatchewan ; le taux de mortalité était élevé parmi eux. Les bandes qui s’étaient établies dans les réserves peu après la conclusion du traité no 4 ne recevaient pas assez de vivres ni d’aide pour pratiquer l’agriculture. Voyant cela, les autres bandes qui s’assemblaient autour du fort Walsh (Fort Walsh, Saskatchewan), dans les monts Cypress, hésitaient à suivre leur exemple. Macdonald devait assurer le versement des rentes sur un territoire qui s’étendait à l’ouest jusqu’au fort Walsh, distribuer le bétail et les instruments aratoires promis et offrir de la formation agricole. En plus, à compter de 1879, il eut sous sa supervision six instructeurs agricoles qui travaillaient fort loin les uns des autres. En 1879, au fort Walsh, il négocia l’adhésion de Petit Pin [Minahikosis*] et de Lucky Man [Papewes] au traité no 6 ; en 1882, il accepta la signature de Gros Ours [Mistahimaskwa*]. Au début des années 1880, il aida les bandes qui étaient forcées de quitter les monts Cypress à regagner le district de Qu’Appelle–Indian Head. En 1883, on réinstalla son bureau à Indian Head afin qu’il soit à proximité d’un télégraphe, et plus proche des réserves situées près du lac Crooked et au sud d’Indian Head, peuplées depuis peu.

Gagné par l’intense mouvement de spéculation du début des années 1880, Macdonald forma en décembre 1881 le Qu’Appelle Syndicate avec un groupe dont faisait partie Samuel Benfield Steele*, de la Police à cheval du Nord-Ouest. Comme le but de l’entreprise était d’acheter, de mettre en valeur et de revendre des terres, Macdonald écrivit à son ami Abbott, député conservateur aux Communes, afin d’avoir des indications sur l’emplacement futur des principales gares du chemin de fer canadien du Pacifique. « D’ici quelques années, notait-il, on fera beaucoup d’argent dans ce pays, mais pour celui qui n’a pas d’amis dans l’Est, les choses ne sont pas faciles. » Le syndicat acheta des terres à Troy (Qu’Appelle) et à Racette’s Crossing, mais on ignore à combien s’éleva son bénéfice, si bénéfice il y eut.

Après la rébellion qui secoua le Nord-Ouest en 1885 [V. Louis Riel*], on réorganisa le département des Affaires indiennes. Macdonald devint alors agent des réserves situées en bordure du lac Crooked, dans la vallée de la Qu’Appelle. Grâce à son aide, cette agence en vint à se classer parmi les plus avancées sur le plan agricole ; deux gouverneurs généraux s’y arrêtèrent au cours de leur tournée, en 1889 et en 1895. L’agriculture passionnait Macdonald ; il faisait l’essai de toute une variété de semences, d’arbres, de fruits et d’arbustes dans le jardin de l’agence. En outre, il veilla à ce que l’agence ait de l’équipement de battage et un moulin à farine.

Macdonald était tenu d’appliquer diverses restrictions, dont les systèmes de laissez-passer et de permis, et il le faisait. Toutefois, il n’hésitait pas à défier les directives qui lui semblaient contraires aux intérêts des autochtones. Dans les années 1890, il autorisa les fermiers à utiliser de la machinerie pour s’épargner du travail, même si, officiellement, le gouvernement en décourageait l’emploi. En 1894, le surintendant adjoint Hayter Reed*, désireux d’abolir les fonctions de chef et de chef principal, lui demanda de dissuader les autochtones d’élire des personnes à ces postes. Il lui répliqua sèchement que le traité leur garantissait ce droit, qu’ils ne souhaitaient pas que l’on contrecarre l’application des dispositions du traité et que, « tout en manifestant une civilité et une discipline parfaites, ils demand[aient] avec fermeté de tenir un nouveau scrutin ». En cette période où les relations entre les autochtones et les colons blancs s’envenimaient, Macdonald se fit le défenseur des autochtones, comme plusieurs autres membres de la première génération d’agents des Affaires indiennes. Dans les années 1880 et 1890, malgré des pressions répétées, il refusa d’envisager la cession d’une partie quelconque des réserves du lac Crooked parce qu’il était convaincu que pareille chose serait fatale, surtout aux élevages des autochtones.

L’indépendance d’Allan Macdonald ne plaisait pas toujours à ses supérieurs. C’est peut-être pourquoi il n’eut jamais de promotion. Une autre raison pourrait expliquer ce fait. Macdonald était apparenté, par sa mère, à des résidents des réserves ; or le département avait adopté une politique selon laquelle on n’engageait plus d’autochtones ni de sang-mêlé. En 1897, on réorganisa le département et l’on procéda à des coupures majeures. À cette occasion, on mit Macdonald à la retraite, mais on se ravisa par la suite. Affecté au bureau du commissaire des Affaires indiennes à Winnipeg, il y occupait un poste de commis au moment de sa mort.

Sarah A. Carter

AN, RG 10, 3648, dossier 8162-1 ; 3732, dossier 26623 ; 3878, dossier 91839-4 ; 3911, dossier 111404 ; 3964, dossier 148285.— ANQ-M, CE6-34, 29 déc. 1869.— GA, M6734.— Manitoba, Dept. of Natural Resources, Lands Branch (Winnipeg), Crown Lands Registry, Historic holders index (mfm aux PAM), Allan Macdonald ; Legislative Library (Winnipeg), Manitoba hist. scrapbooks, P1 ; Vert. file, George Klyne.— S. [A.] Carter, Lost harvests : prairie Indian reserve farmers and government policy (Montréal et Kingston, Ontario, 1990).— J. M. Cole, Exile in the wilderness : the biography of Chief Factor Archibald McDonald, 1790–1853 (Don Mills [Toronto] et Seattle, Wash., 1979).— H. A. Dempsey, Big Bear : the end of freedom (Vancouver, 1984).— W. S. Lewis, « Archibald McDonald : biography and genealogy », Wash. Hist. Quarterly (Seattle), 9 (1918) : 93–102.— Ranald MacDonald, Ranald MacDonald : the narrative of his early life on the Columbia under the Hudson’s Bay Company’s regime [...], W. S. Lewis et Naojiro Murakami, édit. (Spokane, Wash., 1923).— Morris, Treaties of Canada with the Indians.

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Sarah A. Carter, « MACDONALD (MacDonald, McDonald), ALLAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_allan_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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