LUDLOW, GABRIEL GEORGE, homme politique, fonctionnaire, juge et administrateur colonial, né le 16 avril 1736 dans le comté de Queens, île Long, New York, fils de Gabriel Ludlow et de Frances Duncan ; le 3 septembre 1760, il épousa Ann Ver Planck ; décédé le 12 février 1808 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.
Gabriel George Ludlow faisait partie d’une vieille et riche famille de New York. Quand son frère George Duncan entreprit l’étude du droit, Gabriel George, tout comme son père et son grand-père, se tourna vers les affaires et l’immobilier. Au terme de la guerre de Sept Ans en 1763, les deux frères se taillaient une place de plus en plus importante dans l’aristocratie new-yorkaise. Gabriel George possédait près de Hempstead, dans l’île Long, un domaine de plus de 100 acres qu’il agrandit et améliora subséquemment ; dans les années 1780, il en estimait la valeur à £2 000 (cours d’Angleterre). Bien qu’il ne parvînt pas au prestigieux poste officiel tenu par son frère, sa valeur fut néanmoins mise en évidence par sa nomination comme juge de paix.
À mesure que l’agitation grandissait pendant la période précédant la Révolution américaine, les Ludlow affichaient et maintenaient fermement leur attitude proroyaliste. Gabriel George passa les années de guerre à combattre aux côtés des Loyalistes. En 1775, il était commandant de la milice du comté de Queens et, l’année suivante, il recruta le 3e bataillon de la brigade de De Lancey et en fut nommé colonel. Sa demeure de l’île Long devint le lieu de retraite favori « des officiers britanniques et des gentlemen loyalistes ». Comme résultat de leur appui à la couronne, les frères Ludlow se virent cités dans un décret de l’état de New York, adopté en 1779, entraînant la mort civile et la confiscation de leurs biens.
À la fin de la révolution, Gabriel George suivit son frère en Angleterre où ils s’unirent à d’autres Loyalistes dans le but de chercher à obtenir de l’avancement et des compensations pour leurs pertes. Tout au long des années 1783 et 1784, le groupe exerça de fortes pressions qui aboutirent principalement à la création d’une nouvelle colonie, le Nouveau-Brunswick, sur la rive nord de la baie de Fundy, pour recevoir les réfugiés loyalistes et leurs familles. Déjà à Parrtown, le futur Saint-Jean, Edward Winslow s’était approprié « trois lots urbains sur la rive ouest, dans les plus merveilleux sites qu’[il eût] jamais vus, pour [lui-même], le major [John Coffin*] et le colonel Ludlow ». Winslow déclara que si le colonel devait souffrir, « il n’y [aurait] pas de Providence ». En fait, Ludlow n’obtint pas seulement un lot mais trois, dans ce qui avait été le jardin de l’ancien fort français, à l’embouchure de la rivière Saint-Jean. D’autres avantages échurent à l’élite des Loyalistes. Comme son frère qui devint juge en chef, Gabriel George fut nommé, en 1784, au premier conseil de la nouvelle colonie. En qualité de militaire, il fut nommé le premier par ordre d’ancienneté et s’éleva ainsi au premier rang après le gouverneur.
En septembre 1784, les Ludlow s’embarquèrent pour le Nouveau-Brunswick en compagnie du gouverneur Thomas Carleton. Ann Ver Planck, la femme de Gabriel George, était restée dans sa demeure de l’île Long, bien qu’étant « obligée de payer loyer au comité des biens confisqués ». À l’automne de cette année-là, elle s’embarqua pour Saint-Jean avec sa famille et ses biens, mais perdit presque tout, sauf la vie, au cours d’un désastreux naufrage dans la baie de Fundy. Néanmoins, ses perspectives d’avenir étaient de beaucoup supérieures à celles de la majorité des Loyalistes luttant pour survivre dans des régions sauvages. En 1785, son mari fut nommé maire de Saint-Jean et, deux ans plus tard, il devint juge de la Cour de vice-amirauté, poste qu’il devait conserver jusqu’en 1803 ; il reçut également sa demi-solde et fonda une entreprise commerciale. Somme toute, il possédait suffisamment de moyens pour construire Ludlow House et en faire l’une des réalisations les plus remarquables de Carleton, nom que portait alors la partie ouest de Saint-Jean. En 1794, la famille put y recevoir le prince Edward Augustus, commandant des forces armées en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick.
Capitale du Nouveau-Brunswick pendant quelque temps, jusqu’à ce que le gouverneur Carleton transférât l’administration à Fredericton, Saint-Jean fut la première ville en Amérique. du Nord britannique à être érigée civilement. Ses institutions municipales, modelées d’après celles du New York d’avant la révolution, étaient sujettes à plusieurs restrictions non démocratiques, dont la nomination par le gouverneur et son conseil, du maire, du shérif, du greffier et du recorder. En tant que maire, Ludlow était le plus haut fonctionnaire municipal et il remplissait consciencieusement ses fonctions. Pendant les dix ans qu’il occupa ce poste, il ne fut absent que quelques rares fois des réunions du conseil municipal. Les premières années furent particulièrement chargées, étant donné que Saint-Jean avait virtuellement été fondé du jour au lendemain et qu’une foule de règlements s’imposaient pour maintenir l’ordre et organiser sa vie économique et sociale. Ludlow était également le plus important officier de justice de la ville. De par la charte d’érection civile, le maire, le recorder et les échevins devenaient juges de paix pour la ville et le comté de Saint-Jean ; Ludlow présidait également la Cour inférieure des plaids communs ou Cour du maire.
Lorsque le poste de greffier du conseil municipal devint vacant en 1790, Ludlow fit pression pour y faire nommer son fils Gabriel Ver Planck Ludlow. Carleton favorisa délibérément l’avocat anglais Elias Hardy*, partisan des whigs qui avait eu une brève carrière à New York. Bien que Hardy fût talentueux et méritant, les Ludlow étaient furieux. De tels incidents n’étaient pas de nature à améliorer leurs relations déjà tendues avec le gouverneur qui les détestait tous deux. C’est apparemment à cause de Hardy que Ludlow abandonna sa charge de maire. En 1794, Hardy accusa Ludlow d’avoir été négligent lorsqu’il représenta la ville dans sa poursuite contre William Hazen au sujet d’une querelle concernant les pêcheries ; il s’ensuivit que Ludlow cessa au milieu de l’année d’assister aux réunions du conseil municipal. Bien qu’une enquête subséquente, menée par un comité du conseil pour étudier la valeur de Hardy comme greffier, révélât, entre autres choses, que ses accusations contre Ludlow étaient sans fondement et qu’il était lui-même responsable de l’échec du procès intenté par la ville, un nouveau maire, William Campbell*, fut nommé en 1795.
Ludlow conserva son siège au Conseil du Nouveau-Brunswick jusqu’à sa mort, mais il s’ancra de plus en plus dans son refus de quitter Saint-Jean. Il semblait considérer les avantages inhérents à son poste comme un droit résultant de ses services au cours de la révolution plutôt qu’une récompense pour toute contribution qu’il pourrait apporter au Nouveau-Brunswick. Néanmoins, lorsque Carleton quitta la colonie en 1803, Ludlow, en sa qualité de doyen des conseillers, devint administrateur, commandant en chef et président du conseil. Les cinq années pendant lesquelles il resta en fonction furent louées par certains pour leur calme et condamnées par d’autres pour leur stagnation. La colonie demeura loyale à l’Empire britannique, et les habitants furent décrits par Winslow comme « des gens autonomes et paisibles ». Il se peut que l’absence de controverse fût le signe d’une maturité croissante autant qu’une réaction à une administration quiète. Il semble que Ludlow ne demandait pas mieux que de laisser mener les affaires par son frère qui avait toujours participé plus activement au gouvernement colonial. « L’harmonie règne dans notre gouvernement », écrivait le solliciteur général Ward Chipman* en 1805 ; « le président [est] plus retiré que jamais à Carleton et les affaires [sont] menées par un comité du conseil ayant à sa tête le juge en chef ».
La menace d’une guerre avec les États-Unis en 1807 donna l’idée à lord Castlereagh, secrétaire d’État à la Guerre et aux Colonies, de voir à la défense du Nouveau-Brunswick. En janvier 1808, Gabriel George Ludlow, en tant que commandant en’ chef, fit appel à la milice coloniale. Jugeant l’action militaire improbable, il projeta de licencier les hommes en mars pour réduire les dépenses du trésor provincial. Il n’eut pas le loisir de le faire : il mourut subitement à sa résidence de Saint-Jean le vendredi matin 12 février 1808. Edward Winslow lui succéda comme administrateur. Ludlow laissait dans le deuil sa femme, deux fils et deux filles ; son frère ne lui survécut que neuf mois.
APNB, « New Brunswick political biography », J. C. et H. B. Graves, compil. (11 vol., copie dactylographiée).— Musée du N.-B., Hazen family papers.— PRO, AO 12/25 : 274 ; 12/90 ; 12/100 : 134 ; 12/109 ; AO 13, bundles 19, 65.— UNBL, MG H2.— Canada’s first city : Saint John ; the charter of 1785 and Common Council proceedings under Mayor G. G. Ludlow, 1785–1795 (Saint-Jean, N.-B., 1962).— « United Empire Loyaliste : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 267–270.— Winslow papers (Raymond).— DAB.— Sabine, Biog. sketches of loyaliste.— Hannay, Hist. of N.B., 1.— J. W. Lawrence, Foot-prints ; or, incidents in early history of New Brunswick, 1783–1883 (Saint-Jean, 1883).— J. S. MacKinnon, « The development of local government in the city of Saint John, 1788–1795 » (thèse de
Carl Murray Wallace, « LUDLOW, GABRIEL GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ludlow_gabriel_george_5F.html.
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Auteur de l'article: | Carl Murray Wallace |
Titre de l'article: | LUDLOW, GABRIEL GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |