LOZEAU (Loiseau, Lozaus), JEAN-BAPTISTE (Jean) (Cyprien Tanguay* et d’autres l’ont confondu avec Jean Loiseau, journalier de Québec), maître serrurier et ferblantier, né vers 1694, fils de François Lozeau et de Marguerite Gauron, de Rochefort en France ; à Québec le 28 novembre 1713, il épousa en premières noces Marguerite Mercier, dont il n’eut pas d’enfants, puis, en secondes noces, Catherine Gautier, à Québec le 7 mai 1729 ; décédé probablement le 7 février 1745.
Au moment de son mariage à la fille du serrurier québécois Louis Mercier, Jean-Baptiste Lozeau était désigné comme étant « un soldat d’Alogny ». Il avait, semble-t-il, servi dans un détachement des troupes de la Marine commandé par le capitaine Charles-Henri d’Aloigny* de La Groye. Il était alors âgé d’environ 19 ans, et il aurait été l’une de ces recrues de petite taille et de santé fragile dont on se débarrassait souvent en les envoyant au Canada où ils étaient réformés. En tant que civil, Lozeau habitait rue de la Montagne, parmi les artisans du fer de la ville de Québec.
À l’instar de nombreux artisans canadiens, Lozeau exerça plusieurs métiers. Il fut forgeron, serrurier et, à l’occasion, ferblantier, sans jamais toutefois négliger la qualité de ses travaux. Il fut à l’emploi du gouverneur Philippe de Rigaud* de Vaudreuil et de la veuve de Michel Sarrazin*. En 1727, Lozeau se plaignit à l’intendant Dupuy* qu’ « ayant acquis quelque renom par la bonté de ses ouvrages [...] plusieurs maîtres et compagnons en cette ville, [...] voulans proffiter de la bonne opinion qu’on a de luy, deguisent leur nom à ceux qui cherchent dans la ville ledt Lozeau pour le faire travailler, s’annoncent pour être celuy qu’ils cherchent, et affectant de prendre son nom et ses enseignes ». L’intendant autorisa Lozeau à porter l’enseigne de serrurier et de ferblantier et à utiliser à cette fin le signe de son choix. Défense fut faite aux autres serruriers de copier l’enseigne de Lozeau ; de plus la loi interdisait d’imiter « les enseignes plafons et tableaux de boutique » d’autres artisans.
L’année 1729 fut désastreuse pour Lozeau. Son épouse mourut en avril, après 16 ans de mariage, sans avoir eu d’enfant. Il se remaria le mois suivant. Cependant, il était encore responsable des dettes de son premier beau-père, Louis Mercier. Plus tard dans l’année, l’apprenti de Lozeau, Jean-Charles Le Guettier, prit la fuite, n’ayant rempli que la moitié de son contrat de trois ans. L’intendant émit une ordonnance défendant à qui que ce soit d’héberger le fugitif.
À l’été de 1730, Jean Lozeau demanda à la Prévôté de Québec la permission d’organiser une loterie à son profit personnel. Les prix consistaient en un cheval bien harnaché, une calèche neuve, une tabatière gravée et couverte de dorure, « fait à la dernière mode », et une montre. Henri Solo, un horloger de Québec, affirma que la montre valait à elle seule 150#, « la dite pièce étans de la façon de Pierre Rousseau à Paris et non de Genève comme il en est quantité d’autres ». Le tribunal semble avoir autorisé la loterie après s’être assuré de la bonne condition et de la grande valeur des prix.
Comme en témoignent les quelques références tirées des archives notariales et judiciaires, Jean Lozeau mena une vie honnête et paisible. Dans les querelles, par exemple celle qu’il eut avec François-Madeleine-Fortuné Ruette* d’Auteuil en 1725, où il était question d’empiétement sur une propriété, il ne fut souvent qu’un participant passif. Lozeau forma plus de six apprentis et fut souvent consulté comme expert estimateur. On respectait de toute évidence son habileté et ses connaissances comme serrurier.
Il est difficile de préciser la date de mort de cet artisan. Le 28 septembre 1744, Jean-Baptiste Lozeau assistait au baptême de son dernier enfant, Pierre-Louis, et, quelques mois plus tard, Mme Lozeau se déclarait veuve au recensement de la ville de Québec pour l’année 1744, inscrivant son fils Pierre-Louis comme âgé de trois mois. Cependant, les registres de la paroisse Notre-Dame de Québec mentionnent laconiquement, à la date du 8 février 1745, l’inhumation d’un Jean Loiseau, « quinquailleur », âgé de 50 ans environ et décédé la veille.
AJQ, Registre d’état civil, Notre-Dame de Québec, 28 sept. 1744, 8 févr. 1745.— ANQ, Greffe de R.-C. Barolet, 9 avril 1753 ; Greffe de J.-É. Dubreuil, 10 août 1715, 14 févr. 1719, 24 févr. 1722, 11 mai 1724, 19 oct. 1731 ; Greffe de Florent de La Cetière, 15 avril 1728 ; Greffe de J.-C. Louet, 7 mai 1729, 11 juin 1731 ; NF, Coll. de pièces jud. et not., 850, 860, 1 044, 1 045, 3 617, 3 646, 3 692 ; NF, Ord. int., XIIA : 92.— APC, MG 8, B1, 20–1, pp. 464–466.— L’ameublement d’un seigneur canadien sous l’ancien régime, RAPQ, 1921–1922, 261.— Loterie de Jean-Baptiste Lozeau, maître-serrurier, RAPQ, 1923–1924, 144s.— Loterie de Joachim Girard, maître-cordonnier, RAPQ, 1923–1924, 159.— Permis d’enseigne à Jean Lozeau, BRH, XXXIII (1927) : 147.— Un inventaire de l’année 1743, RAPQ, 1943–1944, 30.— Recensement de Québec, 1716 (Beaudet).— Recensement de Québec, 1744 (RAPQ).— P.-G. Roy, lnv. jug. et délib., 1717–1760, I, II, III, IV, passim ; lnv. ord. int., II : 11s., 40 ; III : 18.— Tanguay, Dictionnaire.
Peter N. Moogk, « LOZEAU (Loiseau, Lozaus), JEAN-BAPTISTE (Jean) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lozeau_jean_baptiste_3F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |