LÉTOURNEAU, JEAN-CHARLES, notaire, fonctionnaire et homme politique, né le 28 novembre 1775 à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, Québec, fils de Joseph-Marie Létourneau et de Marie-Françoise Cloutier ; décédé le 21 avril 1838 dans la paroisse Saint-Thomas (à Montmagny, Québec).
Bien que de famille modeste et peu instruite, Jean-Charles Létourneau fait ses études classiques au petit séminaire de Québec, où il est externe de 1789 à 1792. Ses professeurs le disent alors un élève intelligent, talentueux mais peu discipliné. Il entreprend ensuite un stage de clerc chez Roger Lelièvre et chez Nicolas-Gaspard Boisseau. Le 18 juillet 1803, il est admis à la pratique du notariat et s’établit définitivement à Saint-Thomas.
Le 24 novembre 1806, Létourneau épouse en l’église de sa paroisse Catherine Boisseau, fille de son ancien maître Nicolas-Gaspard Boisseau et de Catherine Gaspé, fille d’Ignace-Philippe Aubert* de Gaspé. Même si aucun enfant ne naît de cette union et qu’une grande différence d’âge existe entre les époux, il semble que le couple mène une vie heureuse jusqu’à ce que la mort emporte Catherine Létourneau, le 13 février 1833.
Homme maigre, aux yeux vifs, vêtu avec recherche, Létourneau se révèle un être spirituel, érudit et patriote. Après avoir connu une jeunesse orageuse, au cours de laquelle il se réclamait de l’école voltairienne, et malgré un fervent esprit nationaliste, l’âge l’aurait assagi et sa fougue aurait fait place à des sentiments « plus raisonnables et plus modérés ».
Dès 1826, des responsabilités civiques échoient à Létourneau. Le 8 mai de cette année-là, il devient commissaire chargé de superviser les réparations à l’école de la paroisse Saint-Thomas, responsabilité qu’il partage avec, entre autres, son beau-frère Ignace-Gaspard Boisseau. Puis, le 29 mai 1829, on le nomme commissaire chargé de l’ouverture des chemins de la paroisse Saint-Thomas et, le 12 mai 1831, commissaire habilité à faire le recensement du comté de L’Islet.
Grand admirateur de Louis-Joseph Papineau*, Létourneau s’intéresse à la politique active et brigue les suffrages des électeurs de la circonscription de Devon le 25 août 1827. Sorti victorieux de cette élection, il remplace Joseph-François Couillard-Després en chambre, où il siège en compagnie de Jean-Baptiste Fortin. Il jouit de la confiance générale de ses électeurs et est réélu dans la nouvelle circonscription de L’Islet aux élections de 1830 et de 1834. Il conserve son poste jusqu’à la suspension de la constitution en février 1838. Il n’est pas surprenant de voir ce disciple de Papineau voter, en 1834, en faveur des Quatre-vingt-douze Résolutions puis s’opposer aux amendements proposés par John Neilson. Létourneau est alors au faîte de sa popularité. Plus tard, dans une histoire de la paroisse Saint-Thomas publiée en 1906, Flavien-Edouard Casault le décrira comme « un homme remarquable ». D’ailleurs Edmund Bailey O’Callaghan* dira de lui qu’il était « un vrai démocrate, et un patriote sincère, amoureux de son pays, qu’il défendait à titre de représentant avec honnêteté et fermeté ».
Le 21 avril 1838, la population magnymontoise et l’isletaine perdait en la personne de Létourneau un « bon parent, [un] i sincère, [un] citoyen dévoué » qui s’éteignait « après une longue et douloureuse maladie ». Ses obsèques grandioses coûtèrent £25, montant fort élevé à l’époque pour ce genre de cérémonie tenue à la campagne. On l’inhuma dans le caveau de l’église paroissiale de Saint-Thomas.
Grâce à un travail acharné, à une grande précision et à sa science légale exceptionnelle, Jean-Charles Létourneau avait su amasser une jolie fortune. Il possédait notamment une bibliothèque remarquable, composée de volumes rares ; elle était abritée dans une maison coquette et bien meublée, témoin du goût de cet homme. Létourneau légua tous ses volumes à son voisin et grand ami, Étienne-Paschal Taché*.
Le minutier de Jean-Charles Létourneau, contenant des actes passés entre le 23 juill. 1803 et le 6 mars 1838, est déposé aux ANQ-Q, sous la cote CN2-26.
ANQ-Q, CE2-6, 29 nov. 1775 ; CE2-7, 24 nov. 1806, 13 févr. 1833, 21 avril 1838 ; CN2-7, 1787–1789.— APC, MG 24, B2 : 1989–1991, 2294–2297, 2911–2912 ; RG 4, Al, 241 ; 358 ; B8 : 485–489 ; B72, 25–26.— ASQ, Séminaire, 103, nos 29c, 31–32.— La Gazette de Québec, 21 juill. 1803, 1 l janv. 1810, 19 févr. 1833.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— Desjardins, Guide parl.— F.-É. Casault, Notes historiques sur la paroisse de Saint-Thomas de Montmagny (Québec, 1906).— Jacques Castonguay, la Seigneurie de Philippe Aubert de Gaspé, Saint-Jean-Port-Joli (Montréal, 1977).— Chapais, Cours d’hist. du Canada, 4.— Gérard Ouellet, Ma paroisse : Saint-Jean-Port-Joly (Québec, 1946).— P.-G. Roy, la Famille Aubert de Gaspé (Lévis, Québec, 1907).— « Cinq Belles Figures de Montmagny », Québec-Hist. (Montmagny, Québec), 2 (1972), no 1 : 65.
Nelson Michaud, « LÉTOURNEAU, JEAN-CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/letourneau_jean_charles_7F.html.
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Auteur de l'article: | Nelson Michaud |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |