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LAVIOLETTE, PIERRE (baptisé Pierre-Vincent), professeur, seigneur, poète et journaliste, né le 4 mars 1794 à Boucherville, Bas-Canada, fils de Jean-Pierre Guernier, dit Laviolette, marchand et capitaine de milice, et de Charlotte Lenoir ; décédé le 23 août 1854 à Saint-Eustache, Bas-Canada.

Issu d’une ancienne famille canadienne, Pierre Laviolette semble avoir fait ses études primaires à Boucherville, village où il y avait alors un instituteur pour garçons. Après des études secondaires au petit séminaire de Montréal, de 1808 à 1815, il prend l’habit ecclésiastique et y enseigne un an. Il devient professeur au séminaire de Nicolet dans les classes de belles-lettres en 1816–1817, puis de rhétorique l’année suivante, après quoi il quitte la soutane en 1818.

Entre 1818 et 1824, Laviolette semble s’occuper d’enseignement, probablement à Saint-Eustache. Fait certain, en 1824, il y dirige une école latine, sorte de collège classique, qu’il a lui-même fondée. Le 10 janvier 1826, il épouse Elmire Dumont, fille de Nicolas-Eustache Lambert* Dumont, propriétaire de la seigneurie des Mille-Îles et lieutenant-colonel de milice. Godefroy*, Alfred et Arthur sont les plus connus de leurs enfants. À la mort de son beau-père, le 25 avril 1835, Laviolette devient coseigneur avec Charles-Louis Lambert Dumont, le frère d’Elmire.

Homme de lettres, Laviolette compose de petits drames pour écoliers et des articles en prose, parmi lesquels s’insèrent quelques critiques littéraires. Il se révèle avant tout un habile versificateur de style pseudo-classique. L’une de ses chansons figurait au traité des belles-lettres du petit séminaire de Montréal. Ses couplets O Nicolet qu’embellit la nature sont ceux que ses contemporains ont le plus retenus. Effleuré par le romantisme social, il croit à la mission de l’écrivain, mais il cache son identité sous divers pseudonymes, tels X, Le Frondeur et ***. Une cinquantaine de pièces, surtout poétiques, ont été repérées, lesquelles permettent de dégager sa pensée sur les préoccupations de son temps. On les retrouve, entre autres, dans l’Ami du peuple, de l’ordre et des lois, les Mélanges religieux, la Minerve et le Répertoire national.

Laviolette attache une grande importance à l’éducation. Son estime du latin ressort d’un dialogue qu’il a composé et qui fut joué en août 1825 aux examens publics de l’école latine de Saint-Eustache. Les séminaires de Montréal et de Nicolet reçoivent occasionnellement l’hommage de ses vers. Dans le domaine économique, il loue les bienfaits de l’industrie, démasquant, sans nuancer suffisamment sa pensée, la perfidie des patriotes selon qui l’industrie et le commerce causent les malheurs du pays. En politique, Laviolette réprouve le complot d’union de 1822 [V. Louis-Joseph Papineau* ; Denis-Benjamin Viger*] et, durant la décennie fiévreuse qui précède l’union des Canadas en 1841, il milite parmi les modérés. Apôtre du progrès, notamment de l’amélioration politique, il prône l’évolution et combat la révolution, toujours au nom des droits de ses compatriotes. Rédacteur à l’Ami du peuple, de l’ordre et des lois en 1833 et 1835, il lutte contre les radicaux, partisans de l’Écho du pays, de Saint-Charles-sur-Richelieu, et de la Minerve. Sans les nommer, il blâme Papineau, William Lyon Mackenzie*, ainsi que les rimeurs James Julien Theodore Phelan, Joseph-Édouard Turcotte* et Joseph-Guillaume Barthe*. Il visera aussi les « rouges » en parodiant des vers de Joseph Lenoir*, dit Rolland.

Catholique à la foi robuste, Laviolette croit en un Dieu transcendant mais proche des hommes, au Verbe incarné, au sens chrétien de la condition humaine. Épris des élans humanitaires de son siècle, il exalte la régénération matérielle et spirituelle qui ravive alors l’Europe et le Bas-Canada.

Pierre Laviolette est aujourd’hui oublié. Cependant, encore en 1903 et 1934, il était évoqué parmi les professeurs réputés de Nicolet et les citoyens marquants de Saint-Eustache. Témoin des années 1830–1850, il a apporté une contribution valable dans le domaine des idées socio-politiques, culturelles et religieuses.

Jeanne d’Arc Lortie

ANQ-M, CE1-22, 5 mars 1794, 30 sept. 1797.— AP, Saint-Eustache, Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 10 janv. 1826, 25 août 1854.— ASN, AO, Séminaire, V, no 79.— L’Ami du peuple, de l’ordre et des lois (Montréal), 1833–1838.— Mélanges religieux, 1841, 1851.— La Minerve, 1842–1847.— Douville, Hist. du collège-séminaire de Nicolet.— Jeanne d’Arc Lortie, la Poésie nationaliste au Canada français (1606–1867) (Québec, 1975).— Le Répertoire national (Huston ; 1848–1850), 1–2.— « Les Disparus », BRH, 31 (1925) : 480.

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Jeanne d’Arc Lortie, « LAVIOLETTE, PIERRE (baptisé Pierre-Vincent) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/laviolette_pierre_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 novembre 2024