LAVIOLETTE, GODEFROY (baptisé Eustache-Pierre-Godefroy), arpenteur, homme d’affaires, homme politique et fonctionnaire, né le 1er novembre 1826 à Saint-Eustache, Bas-Canada, fils de Pierre Laviolette* et d’Elmire Dumont, fille de Nicolas-Eustache Lambert* Dumont ; décédé le 26 mars 1895 à Montréal.
Après des études classiques au petit séminaire de Montréal (1837) et à celui de Sainte-Thérèse (1839–1847), Godefroy Laviolette obtint une commission d’arpenteur le 25 juillet 1848. Deux ans plus tard, le 10 septembre, il épousa, à Saint-Eustache, Octavie Globensky, fille du lieutenant-colonel Maximilien Globensky*. Ils eurent six enfants (trois filles et trois garçons), tous baptisés à Saint-Jérôme ; l’un d’eux, Sévère, deviendrait à l’instar de son père maire de cette localité.,
En 1851, Laviolette s’établit à Saint-Jérôme. Il dirigeait l’exploitation du moulin banal de la seigneurie des Mille-Îles dont son père était devenu coseigneur en 1835, à la mort de Lambert Dumont. Il sut mettre en valeur l’entreprise et y ajouta une scierie, un moulin à carder et une fabrique de lainages.
Cinq ans après son arrivée, soit en 1856, Laviolette fut choisi pour prendre en main les destinées de Saint-Jérôme, nouvellement constitué en village. En plus de doter l’endroit des services municipaux nécessaires, il se préoccupa de son développement, car il ambitionnait d’en faire, aux, portes des Laurentides, un grand centre manufacturier, voire une ville. En toutes choses, il fit preuve d’une grande probité. Après 18 années de loyaux services, il abandonna la fonction de maire « parce que, écrivit-il dans sa lettre de démission, la grande majorité des électeurs de la Municipalité a[vait], par sa requête, insisté pour que des licences de vente de boissons fortes fussent accordées aux magasins ». En conscience, il ne pouvait tolérer une politique semblable.
En 1879, le climat avait changé. Laviolette, de nouveau sollicité par ses concitoyens, fut reporté au pouvoir. Deux ans plus tard, il démissionna pour devenir directeur du pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul (Montréal). À son départ, le conseil municipal lui rendit hommage en louant « son administration intègre » et « son dévouement à la classe ouvrière », en vantant aussi « cet esprit de progrès qui a[vait] si puissamment contribué à faire de Saint-Jérôme un centre manufacturier et commercial de grande importance ».
Le samedi 24 avril 1886, éclata au pénitencier une révolte ; à cette occasion Laviolette démontra de nouveau sa haute conscience et son sens du devoir. Dans la Presse du lundi, on rapporta que le directeur, capturé par les mutins, s’était écrié : « gardes, tirez quand même ! » Une blessure reçue au cours de l’échauffourée le laissa handicapé jusqu’à la fin de ses jours.
Revenu à Saint-Jérôme, Laviolette fut, à partir de 1887, directeur de la succursale de la Banque Ville-Marie durant trois ans et de nouveau maire en 1888. La maladie le rendit impotent et l’obligea à démissionner à la fin de 1889. Il alla demeurer à Montréal et y mourut le 26 mars 1895 ; deux jours plus tard, on l’inhuma dans le cimetière de Côte-des-Neiges.
Godefroy Laviolette fut l’un de ces hommes d’énergie et de progrès qui, selon le témoignage du journal le Nord, de Saint-Jérôme, en 1881, avaient « su faire de [cette] localité ce qu’elle [était...] et de cette région du Nord si intéressante ce qu’elle promet[tait] d’être dans l’avenir ».
ANQ-M, CE6-11, 2 nov. 1826, 10 sept. 1850.— AP, Saint-Eustache (Saint-Eustache), reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 2 nov. 1826, 10 sept. 1850 ; Saint-Jérôme (Saint-Jérôme), reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 1851–1895.— Arch. de la ville de Saint-Jérôme, 1856–1881.— Montreal Daily Star, 26 mars 1895.— Le Nord (Saint-Jérôme), 15 sept. 1881.— La Presse, 26 avril 1886, 27 mars 1895.— « Arpenteurs du Bas et Haut Canada, 1764–1867 », BRH, 39 (1933) : 731.— É.-J.[-A.] Auclair, Saint-Jérôme de Terrebonne (Saint-Jérôme, 1934).— Germaine Cornez, Saint-Jérôme (2 vol., Saint-Jérôme, 1973–1977).— Maurault, le Collège de Montréal (Dansereau ; 1967), 526.— J.-J. Lefebvre, « le Capitaine Jean-Pierre Anthoine-Guermier-Laviolette (1732–1797), De Boucherville et sa famille », BRH, 69 (1967) : 10–11.— « St Eustache et ses hommes de distinction d’autrefois », la Presse, 25 oct. 1904 : 11.
Paul Labelle, « LAVIOLETTE, GODEFROY (baptisé Eustache-Pierre-Godefroy) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/laviolette_godefroy_12F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
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