LADNER, WILLIAM HENRY, prospecteur, fonctionnaire, transporteur, fermier et homme politique, né le 28 novembre 1826 en Cornouailles, Angleterre, fils d’Edward Ladner et de Sarah Ellis ; le 12 février 1866, il épousa à Victoria Mary Ann Booth (décédée en 1896), et ils eurent un fils et trois filles, puis le 1er juillet 1897, au même endroit, Mlle Ella B. McLellan ; décédé le 1er novembre 1907 à Ladner, Colombie-Britannique.

Cultivateur à bail de Cornouailles, Edward Ladner émigra à Mineral Point, dans le Wisconsin, où travaillaient des mineurs de plomb cornouaillais. Son fils aîné, William Henry, qui avait quelque instruction et de l’expérience du travail agricole, le rejoignit en 1848 et fit venir plus tard un de ses frères plus jeunes, Thomas Ellis. Leur père étant mort en 1851, William Henry et Thomas Ellis traversèrent une bonne partie du continent pour se rendre dans les régions aurifères de la Californie. L’exploitation d’un gisement alluvial près de Sacramento leur rapporta un petit pécule.

En mai 1858, les frères Ladner se remirent en route, cette fois en direction nord, vers les champs aurifères que l’on venait de découvrir dans le canon du Fraser. Pour éviter les fonctionnaires qui percevaient des droits d’entrée à l’embouchure du fleuve, ils passèrent par le delta plutôt que par le cours principal. Dès le mois de septembre, William Henry figurait néanmoins parmi les premiers constables du district minier. Nommer des agents de la paix faisait partie du plan par lequel le gouverneur de la Colombie-Britannique, James Douglas*, espérait réduire les ventes d’alcool et calmer les Amérindiens et les mineurs. William Henry et Thomas Ellis firent de la prospection ensemble jusqu’au printemps de 1859, puis se mirent à exploiter un convoi de mules qui allait de Yale à Lytton et aux mines de l’arrière-pays.

En 1865, comme les chercheurs d’or se précipitaient vers le lieu dit Big Bend, sur le fleuve Columbia, William Henry Ladner changea d’associé et de territoire. Avec Robert Thompson Smith, ex-associé de Francis Jones Barnard*, il commença à transporter des marchandises par vapeur, chariot et convoi de mules sur diverses sections de la piste de 300 milles reliant Yale au cours supérieur du Columbia. Tous deux arpentèrent et construisirent des chemins dans la difficile partie du trajet qui traversait la Gold Range. Déçus de leurs résultats en 1866, la plupart des mineurs quittèrent la région du Big Bend. Ladner et Smith essayèrent de se faire indemniser pour leurs travaux, mais le gouvernement leur opposa une fin de non-recevoir.

Acculé à la faillite, avec une jeune femme et un enfant à faire vivre, Ladner décida donc de reprendre un de ses anciens métiers, l’agriculture. Il s’établit dans le delta du Fraser en 1868. Son frère Thomas Ellis, alors magasinier à New Westminster, acquit aussi une terre en usant d’un droit de préemption, mais ne s’installa pas à côté de chez lui avant 1870. Leurs fermes étaient typiques des exploitations de subsistance tenues par les pionniers. Depuis la fin de la ruée vers l’or, l’économie de la Colombie-Britannique déclinait. Les débouchés étaient donc médiocres, mais, en raison même de cette conjoncture, les Ladner avaient le temps de se livrer à des expériences et de tâter d’autres entreprises. William Henry se consacrait à sa ferme, Frogmore, et surtout à son bétail, mais Thomas Ellis tenta sa chance dans la mise en conserve du saumon.

Située à 14 milles en aval du centre régional, New Westminster, et sur le trajet emprunté par les vapeurs pour aller à Victoria, Frogmore devint le foyer à partir duquel William Henry Ladner déploya ses activités de fondateur. Il promut la construction de digues pour protéger les terres situées en bordure du fleuve. Dès 1874, il tenait un bureau de poste chez lui, à côté du nouveau quai gouvernemental. La même année, il entra au conseil scolaire qui fit construire la Trenant School, premier établissement d’enseignement du voisinage. Par la suite, il s’employa à la maintenir ouverte ; y assurer la présence de dix enfants était difficile par moments, car les familles de cultivateurs avaient besoin de ceux qui étaient assez robustes pour leur donner un coup de main. En 1879, William Henry Ladner sillonna le district et recueillit 25 des 60 signatures de la pétition qui convainquit le gouvernement provincial d’instituer une nouvelle municipalité rurale, Delta. En 1880, Ladner fut élu président du conseil municipal et remplit 15 autres mandats annuels à ce titre jusqu’en 1906 ; pendant cette période, il chercha à obtenir de l’assurance-incendie pour les fermiers et de meilleures digues. Il fut aussi magistrat de police local. En collaborant à des expositions avec d’autres membres d’associations agricoles, il encouragea le peuplement et l’élevage de bovins shorthorns. Après que son frère Thomas Ellis et son ami James Anderson Laidlaw eurent ouvert une conserverie à Delta, il vendit des terres à Donald Chisholm pour la municipalité de Ladner et fit don du terrain sur lequel s’élèverait l’église anglicane, la Church of All Saints.

De fil en aiguille, William Henry Ladner passa de la scène municipale à la scène provinciale. Quand il brigua les suffrages pour la première fois, en 1882, il n’y avait pas encore de partis politiques. Il se présenta dans le district de New Westminster, qui englobait alors la basse vallée du Fraser, à l’extérieur de la ville. Il perdit contre un groupe de candidats de l’opposition comprenant John Robson*. Toutefois, en 1886, il remporta la victoire et rejoignit l’opposition. À l’Assemblée, il posait des questions au nom des colons de sa circonscription, surtout sur la construction des routes, ponts et digues. Il fit partie de comités sur les chemins de fer et les écoles publiques. Il perdit son siège en se présentant comme candidat « indépendant » aux élections provinciales de 1890, mais il continua à faire état des préoccupations locales. En 1892, il témoigna aux audiences de la commission royale fédérale sur les pêches en Colombie-Britannique. L’eau du Fraser, fit-il valoir, présentait des dangers pour les humains et les animaux parce que les conserveries de poisson y jetaient leurs rebuts. Son frère Thomas Ellis, propriétaire d’une conserverie, défendit le point de vue contraire. Par la suite, grâce à des règlements et à la construction d’usines de traitement des déchets de conserverie, l’eau devint assez propre pour que les fermiers se lancent dans la production laitière.

L’heure de la retraite ne sonna jamais pour William Henry Ladner. Il promut inlassablement le développement de sa ferme, de son district et de sa province. Au début du xxe siècle, il contribua à la formation de l’aile provinciale du Parti conservateur. Quand il mourut, en 1907, des voisins chinois aussi bien que des voisins d’ascendance européenne envoyèrent des fleurs aux funérailles de celui que, dans les environs, on surnommait « le Squire » (seigneur de l’endroit). La localité de Ladner, noyau de la municipalité de Delta, doit son nom, comme l’admettent même les descendants de Thomas Ellis, au fait qu’elle fut fondée par les deux frères.

Jacqueline Gresko

BCARS, GR 1372, F 741/14–16 ; F 897/1–6 ; F 915/7 ; F 945/1, 10.— Delta Museum and Arch. (Delta, C.-B), mss DE 11985-130-1–2 (Delta School Board coll.), B/F/1–2 (W. H. Ladner, ledgers).— Vancouver Daily World, 2 juill. 1897 : 4.— BCHQ, 14 (1950) : 113s.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1893, no 10c.— C.-B., Legislative Assembly, Journals, 1889–1890.— Journals of colonial legislatures of Vancouver Island and B.C. (Hendrickson), 4.— L. J. Ladner, The Ladners of Ladner : by covered wagon to the welfare state (Vancouver, 1972).— T. E. Ladner, Above the sand heads : firsthand accounts of pioneering in the area which, in 1879, became the municipality of Delta, British Columbia, E. G. Ladner, édit. (Burnaby, C.-B., 1979) ; Mosaic fragments : from the memoirs of T. Ellis Ladner (1871–1958), E. G. Ladner, édit. ([Burnaby], 1980).— Lower Fraser valley : evolution of a cultural landscape, A. H. Siemens, édit. (Vancouver, 1968).— Terence Philips, Harvesting the Fraser : an early history of Delta, Susan Buckley, édit. (Delta, 1988).— Scholefield et Howay, British Columbia, 2 : 36, 236s., 445 ; 3 : 170–174 ; 4 : 1118–1121.— E. M. Terris, a Ladner : a pioneer study » (thèse de m.a., Western Wash. State College, Bellingham, 1973).

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Jacqueline Gresko, « LADNER, WILLIAM HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ladner_william_henry_13F.html.

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Auteur de l'article:    Jacqueline Gresko
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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