KIRKE, sir LEWIS, aventurier et trafiquant, frère de Sir David et de Thomas Kirke, né vers 1599 à Dieppe, mort avant 1683.
Lewis accompagna ses frères David, Thomas, John et James comme commandant en second des expéditions envoyées pour prendre Québec en 1628 en 1629. En cette dernière occasion, il porta la lettre de David qui exigeait de Champlain la reddition ce Québec. Il s’acquit l’estime des Français par sa conduite chevaleresque et le généreux traitement qu’il accorda au clergé catholique prisonnier des Anglais à Québec. Il était à Québec en 1631, et de nouveau en 1632 lorsque le poste fut rendu aux Français, et peut-être y resta-t-il durant toute l’occupation.
En 1633, il reçut une lettre patente de Charles Ier pour trafiquer et coloniser dans la vallée du Saint-Laurent et la Nouvelle-Écosse. Il fut envoyé sur la Mary Fortune par David Kirke et plusieurs autres aventuriers avec une cargaison de £12 000, qui fut saisie par les Français et pour laquelle aucune indemnité ne fut versée. Sa lettre patente fut également contestée par Sir William Alexander, père, qui détenait des lettres patentes antérieures pour cette région. En 1634, il commanda une flotte de trois navires envoyée au Canada par David Kirke et ses associés, mais il dut revenir à Plymouth par suite d’une tempête. L’année suivante, Lewis fut nommé capitaine du Leopard de la marine de guerre, à bord duquel il participa à des engagements avec des navires de Dunkerque et partit à la recherche de pirates turcs dans les parages de Guernesey. Il commandait le Repulse en 1636, mais, l’année suivante, il fut muté sur la Margaret par suite de son refus de servir sous les ordres de l’amiral Rainsborough avec la flotte qui croisait au large des Pays-Bas. Il reparaît ensuite à Terre-Neuve, où il perçoit sur le poisson et l’huile pris par les pêcheurs étrangers l’impôt de 5 p. 100, que les lettres patentes de 1637 autorisaient à prélever [V. Sir David Kirke]. Sa conduite lui aliéna les pêcheurs basques de Trinity Harbour. En 1640, il était lieutenant-colonel préposé aux impôts dans le secteur est du comté de Northampton. En 1641, il fut accusé, conjointement avec Lord Morley, du meurtre d’un capitaine, Peter Clarke, et il fut condamné, bien qu’il fût généralement admis que Lord Morley, qui avait été acquitté, était le principal auteur du meurtre.
Lewis Kirke fut probablement gracié par la suite, puisqu’il servit dans l’armée royaliste pendant la guerre civile et fut créé chevalier en 1643. Il fut gouverneur de la forteresse de Bridgnorth en 1643 et 1644, et fut plus tard accusé d’avoir torturé de présumés informateurs parlementaires de cette ville. Il se rendit aux forces révolutionnaires et accepta un compromis en vertu des statuts d’Oxford de 1646, mais il fut appréhendé en 1647 dans une poursuite intentée par un homme qu’il avait spolié durant la guerre. Sir Lewis invoqua les statuts d’Oxford, mais il fut débouté parce qu’il n’avait pas. acquitté l’amende imposée à ceux qui se prêtaient à des compromis. En 1650, il déposa deux cautionnements de £1000 chacun en gage de sa bonne conduite à l’égard du gouvernement révolutionnaire avant d’obtenir l’autorisation de rendre visite à son frère, Sir David, à Terre-Neuve.
Il semble s’être réconcilié avec le gouvernement, puisqu’en 1654, avec ses frères John et James, il présenta au Conseil d’État de Cromwell une pétition pour réclamer un solde non acquitté de £48 000 aux termes de l’accord de 1632 avec les Français au sujet de Québec. Une disposition pour le règlement final était contenue dans le traité de 1655 avec la France, mais, même en 1667, les clauses n’avaient pas été respectées, et Sir Lewis demanda à Charles II de ne pas rendre la Nouvelle-Écosse aux Français tant qu’ils n’auraient pas satisfait à leurs engagements. Après la Restauration, lui-même et John présentèrent en outre une pétition au roi pour obliger Thomas Temple à restituer les terres et la propriété en Nouvelle-Écosse qu’ils revendiquaient en vertu des lettres patentes de 1633. Sir Lewis fut nommé par Charles II capitaine et intendant du corps des gentilshommes de la garde, peut-être en compensation des droits qu’il n’avait pu faire valoir en Amérique du Nord. Ses héritiers figurent sur une pétition présentée en 1683 par la veuve de Sir David Kirke.
Pour la bibliographie, V. celle de Sir David Kirke.
John S. Moir, « KIRKE, sir LEWIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kirke_lewis_1F.html.
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Auteur de l'article: | John S. Moir |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |