CROWNE (Crown), WILLIAM, colonisateur, ministre indépendant au parlement de Cromwell, colonel de la milice anglaise, Rouge-Dragon, né en 1617 (on ne sait rien de son lieu de naissance ni de ses études), mort en 1682 à Boston (Amérique du Nord).
William Crowne épousa, entre 1635 et 1640, Agnès (Mackworth) Watts, veuve de Richard Watts et belle-fille de John Watts, échevin et lord-maire de Londres en 1606. Mme Crowne était la sœur de Humphrey Mackworth, de Breton Grange (comté de Shrewsbury). De son mariage avec William Crowne, naquirent trois enfants. L’aîné, John, devint un dramaturge anglais bien connu.
En 1636, William Crowne, dans sa dix-neuvième année, faisait partie de la suite du comte d’Arundel, envoyé en mission auprès de l’empereur Ferdinand II. Il écrivit par la suite le compte rendu de ce voyage. Le 24 septembre 1638, à l’auberge dite Red Tavern Inn de Richmond, le comte d’Arundel créait Crowne Rouge-Dragon, ce qui lui donnait droit à des armoiries. William Crowne conserva cette charge apres son départ pour l’Amérique. Il rentra à Londres et officia en qualité de Rouge-Dragon au couronnement de Charles II, le 23 avril 1661. Il se démit de cette charge le 25 mai 1661.
On ne sait rien de la vie de Crowne immédiatement après son mariage. Mais, au début de la guerre civile, il se rallia à la cause du Parlement. En 1641, il était au service de Basil Feilding, deuxième comte de Denbigh, à titre de secrétaire. En juillet 1664, Crowne se trouvait à Londres afin de demander un supplément d’effectifs et d’argent pour Denbigh. On connaît quatre lettres qui portent sa signature. En décembre 1649, il remplissait les fonctions de secrétaire auprès d’Humphrey Mackworth. Le 2 avril 1650, il reçut le brevet de capitaine d’infanterie et, le 19 avril, il devenait lieutenant-colonel d’infanterie dans le Shropshire, sous les ordres d’Humphrey Mackworth. Il fut élu député en 1654.
En 1656, Crowne tenta fortune dans une entreprise au Nouveau Monde. Il devenait alors copropriétaire, avec le colonel Thomas Temple, de la Nouvelle-Écosse, par suite de l’achat des lettres patentes de Charles de Saint-Étienne de La Tour à titre de baronnet de la Nouvelle-Écosse. Parmi les conditions de cet achat, Crowne et Temple convenaient d’acquitter la dette de £3 379 que La Tour avait contractée envers la veuve du major général Edward Gibbons de Boston, et Temple assumait les frais des troupes de Sedgwick. D’après sa déclaration de pertes, faite vers 1668, Crowne fournissait l’argent et la garantie pour l’achat.
Le colonel Temple, le colonel Crowne, son fils John Crowne et un groupe de colons arrivèrent en Amérique en 1657. Le nom de Crowne apparaît d’abord aux archives du comté de Suffolk (Mass.) en septembre 1657, dans un accord conclu entre Temple et Crowne en vue du partage de L’Acadie : Temple prenait la partie est et Crowne, l’ouest, qui comprenait le fort de Pentagouet. L’accord ne fut pas signé avant le 15 février 1657/1658, en présence du gouverneur Endicot et de John Crowne, témoins. Chaque partie fournissait un cautionnement de £20 000.
Crowne prit possession de sa partie de l’Acadie et bâtit un poste de traite à la rivière Penobscot en un lieu dit « Negu » ou « Negu alias Cadascat ». Son fils suivit les cours de Harvard pendant les trois années suivantes. Le 1er novembre 1658, Crowne loua tout le territoire au capitaine George Corwin et à l’enseigne Joshua Scottee, et, en 1659, au colonel Temple, pour quatre ans. Dans chaque cas, le loyer était de £110 par année. À cette époque, Crowne demeurait à Boston. Il devint bourgeois de cette ville le 30 mai 1660.
Les prétentions de Temple et de Crowne à la concession de la Nouvelle-Écosse obtenue de Cromwell se trouvèrent menacées, lors de la Restauration, par les réclamations des Français et des Anglais. Thomas Elliott, un des écuyers de la chambre de Charles II, présenta à son maître une requête pour obtenir la concession de cette province. Sir Lewis Kirke et ses associés, ainsi que les héritiers de Sir William Alexander, présentèrent une autre requête dans le même sens. En 1661, l’ambassadeur de France réclamait le territoire pour son pays. La même année, Crowne, accompagné de son fils, se rendit en Angleterre, porteur d’une pétition signée par les trois concessionnaires originaux, pétition qu’il soumit le 1er mars. Le 22 juin 1661, il présentait un exposé sur la manière dont lui-même et Temple étaient devenus propriétaires. En Angleterre, le colonel William Crowne plaida la cause des colons devant le conseil et le lord chambellan, le 4 décembre 1661. Temple arriva en Angleterre en février 1662 et il prépara une déclaration qui lui valut, ainsi qu’à ses héritiers, la concession de l’Acadie et de la Nouvelle-Écosse, – ainsi que la charge de gouverneur à vie.
Il rentrait en Amérique le 8 octobre 1662. Pour le payer des services qu’il avait rendus à Londres, la cour générale de la colonie de la baie de Massachusetts lui concéda 500 acres de terre, qu’on lui mesura près de Sudbury (Mass.) en 1665. Au cours des cinq années précédentes, Crowne avait été engagé dans un procès pour recouvrer des terres et des dommages-intérêts. La cause prit fin lorsque la cour générale du Massachusetts déclara que l’affaire échappait à sa juridiction. II alla s’installer à Mendon en 1667, où il fut nommé premier greffier et conseiller municipal de la ville le 7 juin 1667, charges qu’il garda pendant plusieurs années. Crowne perdit le reste de sa fortune lorsque, par le traité de Breda, Charles II céda l’Acadie à la France. Sa vie à Mendon fut marquée par des disputes interminables avec ses voisins au sujet de loyers et d’autres affaires financières. Le 27 mai 1669, comme suite à une pétition particulière des habitants de la ville, la cour générale le nomma magistrat pour célébrer les mariages. Il quitta Mendon en 1674, pour aller demeurer à l’île Prudence, près de Newbury (Mass.). En 1679, il habitait Boston.
Agnès Crowne n’accompagna pas son mari en Amérique. On sait qu’elle vivait en 1674, parce que, cette année-là, Crowne reçut l’ordre de retourner auprès d’elle en Angleterre. John Crowne resta aussi en Angleterre et il fut forcé, à cause de la perte de son patrimoine, de gagner sa vie en qualité de dramaturge.
Jusqu’à la mort de William Crowne, le 24 décembre 1682, lui-même et son fils s’efforcèrent de recouvrer la restitution que la couronne promettait à l’égard de ses biens de la Nouvelle-Écosse. Le testament fut validé dans le comté de Suffolk le 26 février 1682/1683. Il mourut pauvre, comme en fait foi la requête conservée aux archives qu’il adressa en juillet 1682 à la cour générale du Massachusetts en vue d’obtenir une aide financière pour cause de maladie et d’indigence. Il reçut deux subventions, l’une de £55 et l’autre de £15. Pendant toute sa vie, John Crowne poursuivit la lutte que son père avait menée pour obtenir le dédommagement des pertes subies en Acadie. Mais, s’il s’attira la faveur de Charles II grâce à ses pièces, John Crowne ne put jamais retrouver la sécurité financière et il mourut dans la pauvreté en 1712.
En collaboration avec Huia G. Ryder
BM, Lansdowne MS 849, f.51, Crowne’s memorial concerning the English title to Penobscot and adjacent lands, 4 Jan. 1697/98.— « Mass. Archives », II: 506.— Annals of the town of Mendon from 1659 to 1880, comp. J. G. Metcalf (Providence, R.I., 1880).— Documentary history of Maine, IV : 175s., 197 ; VII : 280 ; X : 25 et passim.— Maine Hist. Soc., Province and court records of Maine, I, II.— Mémoires des commissaires, I : 49, 56, 61, 96, 106 ; II : 278s., 280s., 289s., 511 ; IV : 126, 307, 329 ; Memorials of the English and French commissaries, I :120, 126, 138s., 167s., 176, 579, 727.— PRO, Acts of P.C., col ser., 1613–80 ; CSP, Col., 1574–1660 ; 1661–68 ; 1698–99, no 151.— Records of the Massachusetts Bay (Shurtleff), IV, 1ère et 2e parties ; V.— William H. Davis, Colonel William Crowne and his family, N. Eng. Hist. and Geneal Register, LVII (1903) : 406–410.— DAB (John Crowne ; William Crowne).— DNB (John Crowne).— Samuel Jennison, William and John Crowne, N. Eng. Hist. and Geneal Register, VI (1852): 46.— J. L. Sibley, Biographical sketches of graduates of Harvard University (3 vol., Cambridge, Mass., 1873–85)’1..577.— A. F. White, John Crowne his life and dramatic works (Cleveland, 1922).
En collaboration avec Huia G. Ryder, « CROWNE (Crown), WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/crowne_william_1F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
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