KEIR, JOHN, ministre presbytérien et éducateur, né probablement le 2 février 1780 à Bucklyvie, dans la paroisse de Kippen, Écosse, et baptisé dans la même paroisse le 4 février 1781, aîné des enfants de John Keir, fermier, et de Christian Wood ; le 2. septembre 1808, il épousa à Glasgow Mary Burnet, et ils eurent au moins un fils et deux filles ; décédé le 23 septembre 1858 à Truro, Nouvelle-Écosse.
John Keir naquit dans une famille de scissionnistes presbytériens, groupe ainsi appelé parce qu’il s’était formé lors de la séparation d’Ebenezer Erskine de l’Église d’Écosse en 1733. Keir s’inscrivit à l’University of Glasgow en 1799, mais il n’y reçut pas de diplôme. De 1803 à 1806, avant et pendant ses études théologiques, il enseigna à l’école de théologie du General Associate Synod à Whitburn. Le consistoire anti-burgher de Glasgow l’autorisa à prêcher en 1807 ou 1808. Bien que la controverse suscitée en Écosse par le mouvement New Light ait laissé un certain nombre de congrégations sans prédicateur, Keir fut attiré par les missions dans les colonies, sans doute jusqu’à un certain point sous l’influence de son compagnon d’université, le révérend Peter Gordon, qui exerçait son ministère à l’Île-du-Prince-Édouard depuis 1806. En 1808, Keir offrit officiellement ses services pour travailler auprès de la congrégation scissionniste de Halifax et, en septembre, il s’embarqua avec sa femme pour la Nouvelle-Écosse. Malgré sa demande d’œuvrer à Halifax, le consistoire de Pictou l’envoya à l’Île-du-Prince-Édouard où il passa l’hiver à Princetown (Malpeque). La mort de Gordon en avril 1809 laissa Keir seul ministre presbytérien de l’île. Bien qu’il ait prêché à Halifax et à Merigomish durant l’été, le consistoire approuva en juin 1809 la demande de la congrégation de Princetown qui souhaitait l’avoir comme pasteur, et c’est dans cette ville qu’il fut ordonné ministre en juin 1810. La cérémonie d’ordination à laquelle assistèrent, entre autres, Duncan Ross* et Thomas McCulloch*, se termina par un sermon du révérend James Drummond MacGregor* prononcé en gaélique, langue des colons de l’Argyllshire établis dans le district de Princetown, mais qui n’était pas celle de leur nouveau pasteur.
En plus de pourvoir aux besoins spirituels de ses ouailles très dispersées dans la région du centre-ouest de l’Île-du-Prince-Édouard, Keir parcourut toute l’île et alla même jusqu’à faire une visite, en tant que missionnaire, dans la région de Miramichi au Nouveau-Brunswick en 1817. Il échappa presque complètement aux scissions que vécurent ses frères de Pictou dans les années 1820, à la suite des querelles de territoire et de juridiction entre l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse solidement établie et le clergé de l’Église d’Écosse fraîchement arrivé. En 1825, lorsque ses fidèles de New London proposèrent de demander un missionnaire de langue gaélique à la Glasgow Colonial Society de l’Église d’Écosse, société nouvellement créée, Keir les persuada de demeurer avec l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse. L’année suivante, le révérend Hugh Dunbar, Néo-Écossais de langue gaélique, commença son travail pastoral à New London et à Cavendish, ainsi qu’à New Glasgow. Quant au révérend Robert S. Patterson, l’un des premiers diplômés en théologie de la Pictou Academy appartenant à l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse, il se fixa à Bedeque. En 1848, 87 p. cent de la population du territoire de Keir adhérait encore à l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse, et l’on affirma que 3 000 personnes assistèrent à la célébration de son jubilé en 1858.
En 1821, l’établissement du révérend William MacGregor dans la baie Richmond (baie Malpeque) et du révérend Robert Douglas à St Peters avait permis la formation d’un consistoire distinct sur l’île. Keir en fut le premier modérateur et souvent, par la suite, son modérateur officiel ou son modérateur provisoire. Déjà considéré comme le père de l’Église presbytérienne de l’île, il porta une attention soutenue aux questions de discipline, d’instruction et de politique qui étaient débattues aux nombreuses réunions du consistoire. Apparemment, Keir rédigea un bon nombre des documents du consistoire et agit régulièrement en qualité de messager auprès du synode de la Nouvelle-Écosse, dont il était membre depuis sa fondation en 1817. Bien qu’il ait servi de modérateur du synode en 1823, sa participation à l’activité de cet organisme demeura occasionnelle jusqu’au milieu des années 1840, quand sa nomination au poste de professeur de théologie du synode et son intérêt dans la création d’une mission à l’étranger l’amenèrent à y collaborer plus qu’il ne l’avait jamais fait. Keir plaida avec vigueur pour qu’un plus grand nombre d’adeptes s’unissent à la Confession de Westminster, mais il ne vécut pas assez longtemps pour assister à l’union de son Église avec l’Église libre de la Nouvelle-Écosse qui se concrétisa en 1860.
En outre, Keir participa activement à l’avancement de l’éducation. Dès 1820, il donna son appui à la mission de Walter Johnstone* afin de promouvoir l’ouverture d’écoles du dimanche dans l’île. En 1827, la Prince Town Female Society, créée deux ans auparavant au sein de la congrégation de Keir et dont la trésorière était la femme de ce dernier, achetait des livres pour ces écoles. En octobre 1822, Keir avait présidé à l’établissement d’une école à Princetown, dont il fut nommé recteur. Lorsqu’en 1825, l’Assemblée affecta à l’éducation des fonds provenant du trésor provincial, l’école de Keir fut reconnue comme la grammar school du district. On a dit aussi que Keir ouvrit une bibliothèque à l’intention de ses paroissiens. Au cours des années 1830, il travailla activement pour que les terres de la province assignées à un bénéfice ou réservées aux écoles, terres revendiquées comme propriété exclusive de l’Église d’Angleterre, servent à répondre aux besoins généraux de l’éducation. Durant les années 1850, Keir fut président de la Literary and Scientific Society, la première du genre dans l’île, et membre du bureau de santé de la province. En 1852, l’Amherst College dans le Massachusetts lui décerna un doctorat honorifique en théologie.
Après le décès de McCulloch en 1843, le synode nomma Keir pour enseigner la théologie. De 1844 jusqu’à la nomination du révérend James Ross* au poste de professeur de littérature biblique en 1846, Keir enseigna dans sa propre demeure aux futurs ministres et fut le seul professeur du synode. Lors de la nomination de Ross, l’école de théologie fut déplacée à West River (Durham, Nouvelle-Écosse), où, en 1848, le synode établit un séminaire dont il confia la direction à Ross. Deux ans plus tard, Keir revint à son ancienne activité et enseigna au séminaire de West River durant la session d’automne d’une durée de six semaines. Son ouvrage intitulé Course of study in systematic and pastoral theology and ecclesiastical history, for students attending the Theological Seminary of the Presbyterian Church of Nova Scotia fut publié à Charlottetown en 1857. En juillet 1858, le synode refusa d’accepter sa démission et, en septembre, Keir se rendit à Truro à l’ouverture du nouveau séminaire de l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse.
Keir, qui était lui-même missionnaire en pays étranger, apporta un soutien essentiel à John Geddie* dans l’établissement d’une mission à l’étranger par l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse ; il s’agissait apparemment de la première tentative pour ouvrir une mission sous la seule responsabilité d’une Église coloniale. Geddie avait abordé officiellement cette question dans l’île en 1837, à l’occasion d’une visite à Cavendish et à New London. Quand il fut ordonné ministre un an plus tard, son dévouement et son enthousiasme inspirèrent la création d’une société missionnaire et biblique présidée par Keir. Par la suite, pendant que Geddie plaidait sa cause devant la population, Keir exposait formellement la question au consistoire de l’île, de même qu’au synode où une société missionnaire vit le jour en 1840. Finalement, une pétition demandant l’établissement d’une mission à l’étranger fut présentée en 1843. Lorsque le synode ordonna que cette demande fasse l’objet d’une étude plus approfondie l’année suivante, Keir fut nommé convocateur du premier Board of Foreign Missions. En 1845, ce bureau fut chargé de désigner un missionnaire et de choisir le lieu où la mission serait établie. Après que le choix se fut porté sur Geddie et sur une île dans le Pacifique, Keir présida la session orageuse du synode qui entérina le choix du bureau. En novembre 1846, Geddie partit pour les Nouvelles-Hébrides. Keir demeura toute sa vie un fidèle adepte et un membre du Board of Foreign Missions. Sa congrégation contribua régulièrement de la façon la plus généreuse au fonds des missions étrangères.
Les contemporains de John Keir ont noté sa douceur de caractère, sa bonté désintéressée et son dévouement inlassable. À sa mort, on a dit qu’« aucune des vieilles congrégations presbytériennes de l’île, qu’il s’agisse de l’establishment écossais, de l’Église libre ou de l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse [...] n’avait manqué, d’une façon ou d’une autre, de bénéficier à ses débuts de ses bienfaits ».
John Keir est l’auteur de : Course of study in systematic and pastoral theology and ecclesiastical history, for students attending the Theological Seminary of the Presbyterian Church of Nova Scotia (Charlottetown, 1857).
Amherst College (Amherst, Mass.), Office of the Registrar, record of subject’s dd degree, 1852.— GRO (Édimbourg), Glasgow, reg. of marriages, 2 sept. 1808 ; Kippen, reg. of marriages, 19 nov. 1779 ; reg. of births and baptisms, 4 févr. 1781.— MCA, Presbyterian Church of N.S., Theological Seminary, Board of Superintendence, minutes, 1848–1858 (fonds contenant Bye-laws of the Theological Seminary of the Presbyterian Church of Nova Scotia (s.l., 1852) ; Presbyterian Church of N.S. (United Secession), minutes of the Synod, 1 (1817–1842)–2 (1842–1860) ; Presbytery of P.E.I., minutes, 1 (1821–1830) ; 3 (1836–1847)–5 (1856–1860) ; Prince Town Congregation (Princetown [Malpeque], Î.-P.-É.), Prince Town Session, minutes, 1807–1858.— Univ. of Glasgow Arch., Matriculation records, 1799.— A brief sketch of the life and labors of the late Rev. John Keir, D.D., S.T.P. (Pictou, N.-É., 1859 ; une copie annotée est disponible dans les papiers George Patterson, PANS, MG 1, 742, no 18).— Walter Johnstone, Travels in Prince Edward Island [...] (Édimbourg, 1824), 37, 113.— Missionary Reg. of the Presbyterian Church of Nova Scotia (Pictou ; Halifax), 1 (1850)–9 (1858).— Presbyterian Witness, and Evangelical Advocate (Halifax), 11 (1858) : 102, 106–107, 154, 169.— « Rev. John Kier, D.D., Professor of Divinity to the Presbyterian Church in Nova Scotia », Canadian United Presbyterian Magazine (Toronto), 5 (1858) : 352.— Colonial Herald, and Prince Edward Island Advertiser (Charlottetown), 24 mars 1838, 30 mars 1839.— Royal Gazette (Charlottetown), 4, 25 mars 1834.— P.E.I. calendar, 1855 : 43, 47, 49–50 ; 1857 : 44, 48.— E. A. Betts, Pine Hill Divinity Hall, 1820–1970 : a history (Halifax, 1970).— Duncan Campbell, History of Prince Edward Island (Charlottetown, 1875 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— C. J. Crowdis, The Prince Town United Church ; until 1925 the Prince Town Presbyterian Church, Malpegue, Prince Edward Island (Halifax, 1958).— Gregg, Hist. of Presbyterian Church.— Life of Rev. Dr. John and Mrs. Geddie, and early Presbyterian history, 1770–1845, W. E. Johnstone, compil. (Summerside, Î.-P.-É., 1975).— George Patterson, Memoir of the Rev. James MacGregor, D.D. [...] (Philadelphie, 1859) ; Missionary life among the cannibals : being the life of the Rev. John Geddie, D.D., first missionary to the New Hebrides ; with a history of the Nova Scotia Presbyterian Mission on that group (Toronto, 1882).— James Robertson, History of the mission of the Secession Church to Nova Scotia and Prince Edward Island, from its commencement in 1765 (Édimbourg, 1847).— D. C. Harvey, « Glebe and school lands in Prince Edward Island », CCHS Journal, 10 (1968) : 120–147.— George McMillan, « A Canadian minister of a hundred years ago », Presbyterian (Toronto), nouv. sér., 13 (juill.–déc. 1908) : 767–769.
Susan Buggey, « KEIR, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/keir_john_8F.html.
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Auteur de l'article: | Susan Buggey |
Titre de l'article: | KEIR, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |