ROSS, DUNCAN, ministre presbytérien, fermier, éducateur, fonctionnaire et auteur, né vers 1770 dans la paroisse de Tarbat, Ross-shire, Écosse ; le 28 septembre 1796, il épousa, probablement à Stewiacke, Nouvelle-Écosse, Isabella Creelman ; décédé le 25 octobre 1834 à West River (Durham, Nouvelle-Écosse).

Duncan Ross était encore enfant quand sa famille s’installa à Alyth, dans le Forfarshire. Plus tard, comme la plupart de ceux qui voulaient devenir ministres presbytériens anti-burghers, il suivit quelques cours à l’University of Edinburgh et obtint un diplôme au séminaire du General Associate Synod, à Whitburn. Il fut ordonné ministre le 20 janvier 1795 par le consistoire de Forfar.

Au cours de leurs études, en 1792, Ross et John Brown avaient été touchés par un appel dans lequel le révérend James Drummond MacGregor, ministre presbytérien de Pictou, en Nouvelle-Écosse, soulignait combien la colonie avait besoin de ministres. En secret, ils avaient conclu un pacte par lequel ils s’engageaient à y émigrer. Le synode l’ayant appris, il les envoya tous deux dans cette province quand ils eurent terminé leurs études. Partis au printemps de 1795, ils débarquèrent à New York le 27 mai et poursuivirent leur chemin jusqu’à Halifax.

Ross prononça son premier sermon à Londonderry, bénit son premier mariage le 29 juin 1795 à Chiganois (Belmont), dans le comté de Colchester, puis se rendit à Pictou où, le 7 juillet, il forma avec Brown et MacGregor l’Associate Presbytery of Nova Scotia, mieux connu sous le nom d’Associate Presbytery of Pictou. Peu après, Ross fut chargé de la congrégation de la rivière West, tandis que MacGregor s’occupait de celle de la rivière East et que Brown était affecté à Londonderry. Au cours des années qui suivirent, Ross fut beaucoup sollicité. Outre ses responsabilités à la rivière West, il se rendait régulièrement à Pictou pour faire de la prédication. Il fut le premier à prêcher à Sheet Harbour et, entre 1796 au 1800, il prononça 13 sermons par année à Stewiacke, situé à 60 milles de Pictou ; il prêcha aussi à Amherst, à 100 milles de Pictou, et exerça son ministère dans plusieurs villages de l’Île-du-Prince-Édouard.

Ross participa activement à la vie du comté de Pictou et y joua un rôle de premier plan. Comme son ministère ne lui garantissait que des revenus modestes, irréguliers et incertains, il se tourna vers l’agriculture pour assurer la subsistance de sa nombreuse famille. Il construisit un moulin de battage dans sa ferme de West River et, le 1er janvier 1817, il fut élu président de la première société d’agriculture fondée dans les régions rurales de la province. Le 16 avril 1813, il prit part à la fondation de la première société biblique du comté. Membre important du mouvement de lutte contre l’intempérance, il participa en janvier 1828 à l’organisation de la deuxième société de tempérance de l’Amérique du Nord britannique et défendit souvent cette cause dans des articles et des sermons. Il fut l’un des administrateurs fondateurs de cet établissement controversé qu’était le collège de Thomas McCulloch* à Pictou. De même, il donna à des élèves de la Pictou Academy des leçons privées d’hébreu et de grec et fut plus tard l’un des commissaires chargés de l’inspection des écoles dans le comté de Pictou.

Ross était aussi abonné au premier journal religieux du continent, le Boston Recorder, qu’il faisait circuler parmi ses paroissiens. Ouvertement favorable à l’imposition de tarifs douaniers sur les marchandises américaines, il voyait là un moyen d’assurer le développement du secteur agricole de la province. En outre, sous le pseudonyme de Solomon Wisewood, il publia dans l’Acadian Recorder une longue série d’articles sur nombre des problèmes de la Nouvelle-Écosse coloniale.

Homme pacifique, Ross eut pourtant à souffrir constamment des désaccords et de la discorde qui régnaient parmi les fidèles. À cause de la popularité de MacGregor, il lui fallut six longues années pour être accepté, à contrecœur, par ses paroissiens de la rivière West. L’harmonie dura un temps mais, aux environs de 1816, une partie de sa congrégation se détourna de lui par suite d’un sermon mordant dans lequel il avait ridiculisé la croyance aux sorcières et aux fées. L’arrivée dans la région de la rivière West, en 1817, de Norman McLeod*, ministre zélé et impétueux, ranima pendant encore deux ans l’agitation parmi les fidèles. Au cours de la décennie suivante, le comté fut aussi le théâtre d’un grave conflit entre les presbytériens scissionnistes et ceux qui, sous la direction du révérend Donald Allan Fraser*, adhéraient à l’Église d’Écosse. Ce n’est que durant les dernières années de son ministère que Ross connut une certaine paix.

Pendant longtemps, Ross fut éclipsé par ses deux amis et contemporains, MacGregor et McCulloch. Des trois il fut probablement celui qui connut le plus de difficultés, et pourtant le nombre des ministres issus du comté de Pictou, parmi lesquels figuraient deux de ses fils et cinq de ses petits-fils, atteste de son influence. Il dut peut-être sa réussite à sa faculté d’adaptation. C’est lui qui convainquit MacGregor que l’achat de chevaux leur permettrait de mieux s’acquitter de leurs devoirs de missionnaires. C’est lui qui, le premier, se maria et établit une ferme, bientôt suivi par MacGregor. Pendant les conflits que suscita la Pictou Academy, il soutint McCulloch avec constance et continua d’enseigner alors même qu’il risquait fort de ne pas être payé. Enfin, ses idées sur l’éducation étaient judicieuses et avancées.

De taille moyenne, Ross eut pendant ses dernières années tendance à être corpulent. Ses longs cheveux blancs flottaient au vent et lui donnaient un air vénérable. Sa santé était bonne et sa constitution, solide. Il n’aimait guère s’imposer et cela, allié à une voix faible et à une maîtrise incertaine du gaélique, faisait de lui un prédicateur moyen. La plupart de ses contemporains le décrivaient comme un travailleur acharné, un homme consciencieux et sincère ; ses sermons manquaient de « feu », mais tous s’entendaient à lui reconnaître un humour très caustique. Il se peut que cet humour ait inspiré McCulloch dans Letters of Mephibosheth Stepsure (Halifax, 1860). Quant à ses propres écrits, ils le révèlent sous son meilleur jour. Vigoureux et logiques, ils portent la marque d’un esprit intelligent et ordonné. Sa brochure intitulée Righteousness and peace, the fruits of the Gospel [...] est une affirmation émouvante et éloquente de la croyance chrétienne en un au-delà.

À la mi-octobre 1834, Duncan Ross participa à l’ordination d’Alexander McKenzie, diplômé de la Pictou Academy ; une semaine plus tard, il mourut d’un cancer de l’intestin. Apparemment, aucun journal ne rapporta la nouvelle de son décès. Lui et sa femme Isabella, qui mourut en 1845, avaient eu neuf fils et six filles ; un de leurs fils, James*, devint directeur du Dalhousie College.

Allan C. Dunlop

Les publications de Duncan Ross comprennent : Righteousness and peace, the fruits of the Gospel ; or, the relation of the Christian experience and triumphant death of Jane Cameron, in a letter addressed to the Rev. James McGregor, D.D. (Pictou, N.-É., 1824) ; Baptism considered in its subjects and mode : in three letters to the Reverend William Elder [...] (Pictou, 1825) ; Strictures on a publication entitled Believer immersion, as opposed to unbeliever sprinkling in two letters addressed to Alexander Crawford (Pictou, 1828) ; et A reply to a pamphlet lately published, signed X ; or, reasons for denying that Christ, by his death, purchased common benefits for his people (Pictou, 1834). Un portrait de Ross est reproduit dans J. P. MacPhie, Pictonians at home and abroad : sketches of professional men and women of Pictou County ; its history and institutions (Boston, 1914).

PANS, MG 1, 742, no xii ; MG 4, James Presbyterian Church (New Glasgow, N.-É.), reg. of baptisms, marriages, and burials, 28 sept. 1796 (mfm).— Acadian Recorder, 1826–1827.— Gregg, Hist. of Presbyterian Church (1885).— Gordon Haliburton, « The Tattrie family of River John (1752–1952) [...] » (copie dactylographiée, Newport, N.-É., 1953, copie aux PANS).— George Patterson, A history of the county of Pictou, Nova Scotia (Montréal, 1877) ; Memoir of the Rev. James MacGregorD.D. [...] (Philadelphie, 1859).— James Robertson, History of the mission of the Secession Church to Nova Scotia and Prince Edward Island, from its commencement in 1765 (Édimbourg, 1847).

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Allan C. Dunlop, « ROSS, DUNCAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ross_duncan_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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