JOHNSTON, WILLIAM, éducateur et avocat, né le 24 juillet 1848 à Lockerbie, Écosse, fils de David Johnston, décédé célibataire le 7 janvier 1885, à Guelph, Ontario.

La famille de William Johnston immigra au Canada en 1851 et s’établit à Cobourg, Haut-Canada, où le père de William enseigna dans une école publique. À l’âge de 14 ans, Johnston s’inscrivit au Victoria College de Cobourg, et après une année il quitta l’institution pour enseigner dans le comté de Northumberland. En 1869, il entra au Knox College, à Toronto, mais, à cause de sa santé chancelante, il dut abandonner ses études et aller consulter un médecin à Édimbourg. Il retourna à l’University of Toronto en 1872 et, deux ans plus tard, il obtint un diplôme, avec une médaille d’or en métaphysique.

En août 1874, peu de temps après avoir reçu son diplôme, Johnston devint directeur, puis principal intérimaire de la School of Agriculture and Experimental Farm de Guelph, qui avait accueilli ses premiers élèves en mai ; il en devint le principal en 1876. Pendant les courts mandats des deux premiers principaux, Henry McCandless et Charles Roberts, l’école s’attira rapidement les critiques d’hommes politiques et la suspicion des fermiers. Au cours des cinq années où il fut à la tête de l’école, Johnston réussit à mettre un terme à la mauvaise publicité et à gagner l’appui des fermiers de l’Ontario. Entre 1874 et 1879, les inscriptions à l’école passèrent de 28 à 89.

Quand il réorganisa l’établissement, Johnston sépara la ferme de l’école, à des fins administratives. William Brown, professeur d’agriculture, devint le premier administrateur de la ferme tandis que Johnston, en tant que principal, prit la direction de l’école. Le conflit causé par cette « double direction » mena en fin de compte à la démission de Johnston en 1879 et continua de susciter sans cesse des frictions pendant les dix années qui suivirent son départ.

Au sein de l’école même, à titre de principal, Johnston institua un programme scolaire mettant l’accent à la fois sur les aspects scientifiques et pratiques de l’agriculture. L’obligation pour tous les élèves d’accomplir du travail manuel demeura une particularité de la vie à l’école jusqu’en 1920. Johnston s’intéressait à ce « mélange varié de jeunes qui étaient dans leur élément avec une charrue, un établi, [dans] une forge ou [dans] une mine ». Il n’était pas d’accord avec l’exemple que donnaient les collèges américains subventionnés grâce à des concessions de terres, où l’enseignement des arts libéraux et du génie se donnait parallèlement à celui des collèges d’agriculture. De plus, il refusait d’accepter le programme des écoles d’agriculture européennes qui, disait-il, formaient des « paysans », donnaient des « administrateurs et des directeurs de ferme » mais ne produisaient presque jamais « le paysan propriétaire capable de manier sa propre charrue » ou le directeur « gérant sa propre entreprise ».

Plus que quiconque, Johnston doit être considéré comme le fondateur de l’Ontario Agricultural College and Experimental Farm, comme on nomma l’école en 1885. Il lui transmit une philosophie de l’éducation, tant du point de vue théorique que pratique, qu’on lui reconnaît encore, et persuada au moins certains fermiers de l’Ontario que l’école pourrait jouer un rôle important dans la prospérité de la province. Il engagea des hommes compétents comme James Hoyes Panton, dont les cours de chimie et de géologie assurèrent le progrès de la science comme celui de la pratique de l’agriculture à Guelph. Il fut aussi le premier à recommander que la School of Agriculture and Experimental Farm soit retirée de la juridiction du gouvernement provincial.

Johnston démissionna le 30 septembre 1879 de son poste de principal afin d’entrer dans le bureau d’avocats Blake, Kerr and Boyd à Toronto ; en février 1882, on l’admit au Barreau du Haut-Canada. Il fut secrétaire de la Central Reform Association pendant les élections fédérales de 1882 et les élections provinciales de 1883. Malheureusement, sa mort prématurée à l’âge de 36 ans interrompit brusquement sa seconde carrière comme avocat intéressé aux réformes politiques. On fit l’éloge de « sa compétence et de son jugement » dans une notice nécrologique qui le décrivit comme « l’un des jeunes hommes d’avenir du parti libéral ». C’est cependant en qualité d’éducateur et d’artisan de l’Ontario Agricultural College à Guelph que William Johnston mérite de passer à l’histoire.

Alexander M. Ross

Ontario, Agricultural Commission, Report of the comissioners [...] (Toronto, 1881), app.O : 1747 ; app.P : 1480 ; Legislature, Sessional papers, 1874 (2e session), 1, no I : xi–xiii, app.F.— Ontario School of Agriculture and Experimental Farm, Annual report (Toronto), 18741879.— A. M. Ross, The college on the hill : a history of the Ontario Agricultural College, 1874–1974 (Vancouver, 1974).

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Alexander M. Ross, « JOHNSTON, WILLIAM (1848-1885) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/johnston_william_1848_1885_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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