JOHNSTON, ALEXANDER, juge de la Cour de vice-amirauté et conseiller législatif, né vers 1737, décédé le 26 octobre 1778.
Il est difficile d’identifier Alexander Johnston. L’historien Francis-Joseph Audet* croyait « fort possible » qu’il fût cet Alexander Johnston qui, pendant le Régime militaire de 1760 à 1764, fut capitaine d’une compagnie dans le 46e d’infanterie, stationné à Saint-François-du-Lac, dans le gouvernement de Trois-Rivières. Cependant, Audet paraît s’être mépris, puisque ce Johnston était, en 1770, lieutenant-colonel du 70e d’infanterie alors aux Antilles. Nous savons qu’en novembre 1767 le futur juge et conseiller législatif était barrister dans la province de Québec. Il peut donc avoir été ce « conseiller Johnston » qui était à Québec ce même mois avec sa jeune épouse, que Francis Maseres* décrivait comme « une très belle femme ».
Le 2 mars 1769, Johnston fut nommé juge de la Cour de vice-amirauté de la province de Québec. En matière criminelle, cette cour avait pouvoir de juger, sans jury, tout crime et toute offense commis en mer. En matière non criminelle, elle avait juridiction sur les questions commerciales, soit maritimes, soit civiles, mettant aux prises des marchands et des propriétaires de navires. En présence d’un jury, sa juridiction s’étendait aux naufrages, aux biens non réclamés, aux trésors découverts et aux accidents maritimes. Le salaire de Johnston, quand les premiers versements furent finalement approuvés, quatre ans après sa nomination, représentait £200 par année – ce qui était généreux, pour cette tâche légère. Ainsi que l’admettait son prédécesseur, James Potts, « à cause de la situation de ce port [Québec], très peu d’affaires sont traitées dans la Cour de l’Amirauté, en comparaison avec ce qui se passe dans les ports plus rapprochés de la mer qui sont ouverts toute l’année ». Johnston obtint le poste d’examinateur à la Cour de la chancellerie en décembre 1769 et, vers le début de 1770, il devint aussi greffier de la couronne. Il débuta dans sa nouvelle fonction à titre intérimaire, en remplacement de Henry Kneller, devenu procureur général, mais reçut probablement sa nomination permanente l’été suivant. Si cet emploi était moins rémunérateur que celui de juge, il lui demandait vraisemblablement plus de temps, Johnston ayant la responsabilité de préparer en détail la procédure et de consigner les procèsverbaux des audiences à la Cour du banc du roi, et son travail l’obligeait à séjourner plus souvent à Montréal.
En novembre 1775, William Gordon et Peter Livius arrivèrent à Québec avec des mandements les nommant, entre autres, respectivement greffier et juge, postes occupés par Johnston. Gordon devint effectivement greffier, mais Johnston s’arrangea pour s’accrocher au poste le mieux payé, d’autant plus que Livius était nommé juge de la Cour de vice-amirauté pour Montréal seulement. Quelque temps après le 31 octobre 1777, Johnston quitta aussi son poste de juge. Entretemps, la perte de son salaire de greffier avait été compensée par sa nomination, en août 1775, au premier Conseil législatif formé selon les dispositions de l’Acte de Québec. Assistant fidèlement aux quelques séances tenues avant que la situation d’urgence causée par l’invasion américaine de 1775–1776 ne mît le conseil en veilleuse, il fut également présent aux fréquentes séances tenues pendant les quatre premiers mois de 1777, et il siégea au sein de la plupart des comités importants, en particulier celui qui rédigea les projets des ordonnances établissant des cours de justice [V. Adam Mabane]. Il est surprenant, dès lors, de voir disparaître entièrement son nom des procès-verbaux du conseil après qu’il eût assisté à une réunion du Conseil « privé » en juillet 1777. Cependant, il resta membre du conseil, comme l’indiquent les instructions du gouverneur Haldimand datées du 1er avril 1778. Sa mort prématurée laisse soupçonner que sa santé s’était détériorée pendant la dernière année de sa vie. Ceci peut être attribuable à ses tours de garde très fréquents et à la fatigue que ses devoirs de capitaine de milice lui occasionnèrent pendant le siège de l’hiver de 1775–1776 – de la même façon que la santé de William Gordon fut, à ce qu’on a dit, altérée dans l’exercice des mêmes tâches.
APC, MG 23, A1, sér. 1, 7, no 1767 ; GII, 3, 1 ; MG 24, B1, 46, p.3 ;RG 1, E1, 6, pp.1–49 ; 13, p.14 ; E15, A, 2 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11 ; 13-3 ; 16 ; RG 4, A1, pp.6 209, 6 846, 6 947.— ASQ, Polygraphie, XXXVII : 1.— BL, Add. mss 9 913, ff.186, 214 (copie aux APC).— PRO, CO 42/35, f.114 ; CO 217/19, p.171 (mfm aux APC).— Doc. relatifs à l’hist. constitutionnelle, 1759–1791 (Shortt et Doughty ; 1921),1 : 74 ; II : 685.— Gentleman’s Magazine, 1763, 314s. ; 1765, 147.— Maseres, Maseres letters (Wallace), 64.— Orderly book begun by Captain Anthony Vialar of the British militia [...], F. C. Würtele, édit., Literary and Hist. Soc. of Quebec, Hist. Docs., 7e sér. (1905) : 155–265.— La Gazette de Québec, 1er, sept. 1768, 18 janv. 1770, 25 juill. 1771, 14 juill. 1774, 29 oct. 1778.— G.-B., WO, Army list, 1758–1760, 1763, 1766, 1768, 1770.— Turcotte, Le Cons. législatif, 3s., 21–43.— Neatby, Administration of justice under Quebec Act.— G. F. G. Stanley, Canada invaded, 1775–1776 (Toronto, 1973), 160.— A. L. Burt, The quarrel between Germain and Carleton : an inverted story, CHR, XI (1930) : 205s.
A. J. H. Richardson, « JOHNSTON, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/johnston_alexander_4F.html.
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Auteur de l'article: | A. J. H. Richardson |
Titre de l'article: | JOHNSTON, ALEXANDER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
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