JEFFERY, THOMAS NICKLESON, fonctionnaire, homme politique et administrateur colonial, né en 1782 en Angleterre, fils aîné de John Jeffery et d’une prénommée Elizabeth, tous deux de Poole, comté de Dorset ; le 3 mai 1805, il épousa à Halifax Martha Maria Uniacke, fille de Richard John Uniacke* père, et ils eurent quatre fils et une fille ; décédé dans la même ville le 21 octobre 1847.

Thomas Nickleson Jeffery commença sa carrière à Londres en 1798 à titre de préposé à la vérification et, grâce à la protection de William Pitt, fut nommé receveur des douanes à Halifax avant d’avoir atteint la majorité. Il reçut sa commission et entra officiellement en fonction le 13 septembre 1803. Son salaire était modeste mais s’accompagnait d’honoraires intéressants – très élevés même selon ceux qui devaient les verser, c’est-à-dire les marchands, particulièrement ceux qui faisaient du cabotage. En 1820, un comité de la chambre d’Assemblée déclarait : « il y a vraiment bien des maux et des violations de la loi au bureau des douanes de Halifax ». Ces accusations reposaient cependant sur des preuves douteuses ; Jeffery avait précédemment congédié des douanes pour fraude un témoin important. Il avait d’ailleurs entièrement raison quand il disait au lieutenant-gouverneur sir James Kempt* : « c’est l’établissement qui est visé, non les fonctionnaires ». Au moment de la réforme des lois commerciales, en 1825, on abolit les honoraires, mais l’Assemblée jugea toujours excessif le nouveau salaire de Jeffery, établi à £2 000.

Nommé au Conseil de la Nouvelle-Écosse le 8 août 1810, Jeffery se montra un fidèle partisan des positions de son beau-père, Richard John Uniacke, tory et favorable à la Haute Église. Administrateur de la Nouvelle-Écosse du 9 octobre 1832 au 2 juillet 1834, après le départ du lieutenant-gouverneur sir Peregrine Maitland*, il gagna à ce titre l’approbation de Joseph Howe*, qui écrivit dans le Novascotian, or Colonial Herald que – l’administration de M. Jeffery a[vait] satisfait hautement toutes les classes [de la société] » et loua son désir « constant [...] de préserver la paix et de promouvoir le bien-être du pays ». Il reçut aussi une très élogieuse adresse signée par 700 citoyens. Peut-être Howe se serait-il montré moins louangeur s’il avait su que dans sa correspondance avec le ministère des Colonies Jeffery s’était opposé tant à la fusion du King’s College et du Dalhousie College qu’à la constitution d’un Conseil législatif et d’un Conseil exécutif à partir du conseil existant. Dans ce dernier cas, les motifs invoqués pour justifier son opposition étaient plutôt fallacieux, car il prétendait qu’« aucun changement ne saurait mettre fin à l’insatisfaction ni faire taire ceux qui se plaign[aient] déjà », tandis que la préséance des conseillers allait engendrer un « mécontentement légitime ». Lorsqu’on divisa le conseil en deux entités distinctes, en janvier 1838, Jeffery entra au Conseil exécutif. Le 1er octobre 1840, il démissionna avec quatre de ses collègues afin de permettre au lieutenant-gouverneur lord Falkland [Cary*] d’y intégrer les leaders du parti réformiste.

En 1815, Jeffery fut chargé de s’occuper des Noirs envoyés en Nouvelle-Écosse à la suite de la guerre de 1812. On ouvrit un dépôt dans l’île Melville, où il remplit apparemment sa mission avec bonté et efficacité : il établit par exemple quelques-unes des familles sur les terres qu’il possédait près de la rivière Shubenacadie. Le salaire d’environ £1 500 qu’il toucha pour ce travail l’aida probablement à financer la construction de Lakelands, sa résidence d’été de style géorgien située à 30 milles de Halifax, sur le chemin Windsor, où il devint fermier à ses heures. En 1833, l’ornithologue John James Audubon trouva « sa maison grande, de belle apparence et le domaine [...] bien aménagé ».

De l’avis général, Thomas Nickleson Jeffery était un homme d’un naturel généreux qui donnait temps et argent pour encourager des causes d’intérêt public. Il était, semble-t-il, « charitable jusqu’à la prodigalité », trop charitable peut-être, puisqu’à sa mort sa femme n’eut plus que des moyens « tout à fait insuffisants » pour maintenir son rang. Le lieutenant-gouverneur sir John Harvey* tenta en vain de lui faire verser une pension. Dans une province où les receveurs des douanes ne furent jamais populaires, Jeffery remplit sa charge à la satisfaction de ses concitoyens et de ses supérieurs pendant 40 ans. Le respect qu’il inspirait fut manifeste à ses funérailles : selon le reporter de l’Acadian Recorder, « il y avait une foule plus nombreuse que tout ce qu’on av[ait] souvenance d’avoir vu à des obsèques à Halifax » ; même dans des villages de pêcheurs comme Pictou, on mit les drapeaux en berne.

Brian Cuthbertson

PANS, MG 1, 1489 ; RG 1, 53–54, 112, 119, 214–2142, 229, 420.— PRO, CO 217/86 ; 217/96 ; 217/139 ; 217/143 ; 217/149 ; 217/155–156 ; 218/31.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1820–1821.— Acadian Recorder, 30 oct. 1847.— Novascotian, or Colonial Herald, 3 juill. 1834.— Cuthbertson, Old attorney general.— Marion Gilroy, « Customs fees in Nova Scotia », CHR, 17 (1936) : 9–22 ; « The imperial customs establishment in Nova Scotia, 1825–1855 », 19 (1938) : 277–291.

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Brian Cuthbertson, « JEFFERY, THOMAS NICKLESON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jeffery_thomas_nickleson_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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