JACKSON, JOHN, premier aumônier de la garnison de Saint-Jean, Terre-Neuve, décédé en 1717.

On ne sait rien de précis au sujet de sa naissance, de ses études ni de sa jeunesse. Il se peut qu’il ait été l’aumônier de l’expédition menée par Sir John Norris* et Gibsone à Terre-Neuve en 1697. Premier aumônier nommé à la garnison de Saint-Jean en 1700, il s’embarqua pour Terre-Neuve, avec sa femme et ses huit enfants, l’année suivante, et atteignit Saint-Jean le 12 juillet 1701.

L’appui persistant qu’il prêta aux soldats et aux colons qui, selon lui, étaient victimes de l’oppression tyrannique exercée par les officiers de la garnison ne fit qu’aggraver la situation déjà tendue qui régnait à Saint-Jean. Beaucoup étaient d’avis que son attitude ne pouvait qu’empirer les choses : il « semait la discorde parmi les citoyens et incitait les soldats à la mutinerie ».

Peu de temps après son arrivée, Jackson écrivit à l’évêque de Londres pour se plaindre des mauvais traitements et des insultes qu’il avait eu à subir de la part du capitaine Powell et du lieutenant Francis de l’Independent Company. Sa plainte fut transmise à la reine et par la suite le Board of Trade and Plantations donna ordre aux militaires de respecter l’aumônier, ce qui n’était pas de nature à améliorer ses relations avec les officiers de Saint-Jean. Un peu plus tard le bruit courut que « monsieur Jackson [...] s’enivrait et buvait à la ruine et à la damnation du capitaine Michael Richards, » La querelle atteignit son apogée en 1703, quand Thomas Lloyd fut nommé commandant de la garnison en remplacement de Richards qui retournait en Angleterre. Jackson rapporta au capitaine Timothy Bridges, commodore du convoi en 1704, les actes de brutalité et le chantage dont Lloyd s’était rendu coupable, apportant à l’appui de ces accusations les requêtes et les pétitions signées par les gens qui avaient eu à souffrir de la conduite de Lloyd.

Mis à part ses démêlés avec les commandants de la garnison, la vie de Jackson à Terre-Neuve n’était pas facile. Le logis mis à sa disposition au fort William laissant à désirer, il emménagea dans une maison louée à un marchand de l’endroit, Colin Campbell ; un litige s’étant élevé au sujet du loyer, Jackson finit par se trouver à l’intérieur du fort une maison mieux adaptée à ses besoins. Il maintenait que son titre d’aumônier militaire lui donnait droit à la meilleure résidence après celle du commandant : « Donnera-t-on la préférence au maître maçon Latham qui n’est pas officier, et sera-t-il logé au quartier avant moi ? »

En 1702, la Society for the Propagation of the Gospel lui fit parvenir une donation de £30 et lui octroya un traitement de £50 par an. Cette aide lui fut certainement d’un grand secours car il avait beaucoup de difficulté à se faire verser son traitement militaire, et, de plus, il était trompé par certains colons qui ne lui remettaient pas la « dîme » calculée sur les prises de la pêche.

Au cours de leur séjour à Londres durant l’hiver de 1704–1705, Bridges, Richards et Lloyd firent un rapport au Board of Trade sur la conduite de Jackson, insinuant qu’il était un élément de discorde à Saint-Jean. Le 1er mars 1705, dans une lettre adressée à l’évêque de Londres, le Board of Trade demanda que Jackson fût remplacé : « Nous sommes convaincus que ce qui se passe d’irrégulier [à Terre-Neuve] est en grande partie dû au caractère violent et à la vie scandaleuse de monsieur Jackson, le ministre ». Au début de novembre 1705, Jackson quitta Terre-Neuve avec sa famille, qui comptait alors 11 enfants, à bord du Falkland. Le vaisseau faisait partie du même convoi que le Looe à bord duquel se trouvaient Bridges et John Moody. Dans la nuit du 19 décembre, le Falkland alla s’échouer sur les bancs de sable de la baie Sandwich, au large de Deal. Il n’y eut aucune perte de vie mais la mer montante inonda le navire et la famille Jackson perdit presque tous ses biens. À son arrivée à Londres, la famille s’installa à la Star Inn « near ye Monument » d’où Jackson écrivit une lettre au Board of Trade pour s’excuser de ne pas se présenter immédiatement, car il se ressentait encore, disait-il, des suites du naufrage. La réponse qu’on lui adressa était empreinte de bonté et dès lors on semble avoir changé d’attitude envers Jackson au Board of Trade comme en font preuve une attestation datée de 1706 « en faveur de monsieur Jackson » et une lettre adressée à l’évêque de Londres où l’on trouve ce passage : « nous recommandons cet homme infortuné à votre charité ».

Jackson se rendit à Dursley, dans le Gloucestershire, en 1709. D’abord vicaire à cet endroit, il fut nommé Rector à Uley en 1710. La même année, il épousait Mary Bissett. Il est fort probable que sa première femme était morte à Terre-Neuve. Dans la dernière lettre qu’il écrivit au Board of Trade, expédiée de Uley et portant la date du 2 avril 1710, Jackson accordait son appui à son vieil ami Moody.

Jackson fut l’un des personnages les plus controversés des débuts de l’histoire de Terre-Neuve ; il fut traité d’homme « grossier et cruel, [...] dont la conduite [...] tendait à encourager le vice [...] plutôt qu’à l’enrayer ». Toutefois, il faut se souvenir que, parmi ceux qui signaient des pétitions pour ou contre les dignitaires de Terre-Neuve, beaucoup n’avaient aucune idée de ce qu’ils signaient, la contrefaçon et la falsification y étant choses communes à l’époque. Il ne fait aucun doute que le poste d’aumônier à Saint-Jean n’était pas de tout repos. Apparemment, Jackson a essayé de s’acquitter consciencieusement de sa tâche : il entreprit de bâtir une église à Saint-Jean et s’efforça d’enrayer quelque peu la brutalité qui sévissait dans l’île. Les soldats et les colons ont signé des attestations qui témoignent de « la vie sobre et paisible » qu’il menait mais il est à peu près certain que Jackson était un homme peu commode, factieux, d’un caractère difficile, dont l’intégrité et la moralité ont été mises en doute à plusieurs reprises.

Michael Godfrey

Alumni Oxonienses, Joseph Foster, édit. (4vol., Oxford, [1891–1892 ?]). [On semble avoir confondu John Jackson de Terre-Neuve avec un autre John Jackson qui fut nommé rector à Weston Birt en 1702 et mourut en 1738.]— Gloucester, England, Records of the Diocesan Registry.— PRO, Adm. 1/1777 (captains’ letters) ; 51/354.— Classified digest of the records of the Society for the Propagation of the Gospel in foreign parts 1701–1892 (Londres, 1893).— PRO, CSP, Col., 1700, 1701, 1702, 1702–03, 1704–05, 1706–08 ; CSP, Dom., 1700–02.— Dalton, English army ists, IV.— Prowse, History of Nfld.

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Michael Godfrey, « JACKSON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jackson_john_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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