IRONSIDE, GEORGE, fonctionnaire et marchand, né vers 1761 en Écosse ; le 1er avril 1810, il épousa à Sandwich (Windsor, Ontario) Vocemassussia (Isabella), parente de Prophet [Tenskwatawa*], et ils eurent deux filles et cinq fils ; décédé le 31 mai 1831 à Amherstburg, Haut-Canada.

Même si George Ironside avait reçu une éducation supérieure qu’était venue couronner une maîtrise ès arts du King’s College d’Aberdeen le 22 février 1781, il n’en immigra pas moins en Amérique du Nord comme beaucoup d’Écossais de sa génération. En 1789, il était installé à Miamis Towns (Fort Wayne, Indiana) à titre de commis et travaillait probablement pour George Leith. Ses fonctions lui permirent d’acquérir une solide formation dans le domaine du commerce et de la comptabilité. Il participa aussi à la traite des fourrures, qu’un observateur décrivit com-me une « ruée de vauriens », ce qui le mit en contact étroit avec d’autres trafiquants, des fonctionnaires et les Chaouanons de la région. Ironside apprit la langue de ces derniers, prit part à leurs conseils et se fit leur porte-parole. Il passait généralement pour un compa-gnon jovial et un ami sincère.

La vie sur le front pionnier était périlleuse. En 1790, Ironside faillit se noyer dans un accident de canot. Puis, une série d’expéditions punitives, que menèrent des Américains et qui se terminèrent par la bataille décisive de Fallen Timbers, ruina la traite des fourrures le long de la rivière des Miamis (rivière Maumee, Ohio). Comme les talents d’Ironside étaient un atout précieux, il fut nommé garde-magasin et commis au département des Affaires indiennes en 1795, sur la recommandation d’Alexander McKee*, surintendant général adjoint du département des Affaires indiennes dans le Haut-Canada, et fut affecté à Amherstburg, siège du département dans le district de Western.

Ironside avait comme supérieur un homme corrompu et illettré en la personne de Matthew Elliott*, surintendant du district. À titre de commis d’Elliott, il fut mêlé à un affrontement entre ce dernier et le commandant de la garnison, Hector McLean, qui accusait Elliott de détourner des approvisionnements du gouvernement. Elliott fut congédié en 1797, et Ironside échappa de justesse au même sort en présentant des excuses à McLean et en acceptant de se conduire d’une façon plus conforme aux règles. Il n’existe aucune preuve de la participation directe d’Ironside à cette malversation. En fait, William Claus, successeur de McKee, allait plus tard témoigner de la bonne réputation d’Ironside en notant que son « intégrité [était] irréprochable ». Ironside agit par la suite comme surintendant du district de Western durant les congés d’Elliott, réintégré dans ses fonc-tions en 1808.

Au cours de la période précédant la guerre de 1812, Ironside continua à s’occuper de ses propres intérêts commerciaux. Il demanda des terres et obtint des concessions totalisant quelque 2 000 acres dans le district de Western. Il tenait aussi un commerce florissant, faisant venir toute une gamme d’articles de luxe qu’il vendait aux notables de la région et aux officiers du fort Amherstburg. Franc-maçon et mem-bre de la congrégation anglicane St John, de Sandwich, Ironside était bien intégré à l’oligarchie de la région et jouissait d’une certaine aisance, de prestige et d’influence.

La guerre de 1812 mit fin à cette existence tranquille. Les exigences de la guerre, en particulier la nécessité de satisfaire les demandes des autochtones qui appuyaient activement les Britanniques [V. Tecumseh*], imposèrent un lourd fardeau au départe-ment. Comme bien d’autres, Ironside fut forcé de s’enfuir précipitamment à Burlington Heights (Hamilton) en 1813, quand la Right Division sous les ordres de Henry Procter abandonna la frontière de Detroit.

Au retour de la paix, le département des Affaires indiennes s’installa de nouveau à Amherstburg. Ironside se trouva alors mêlé à la dissension qui divisa le département ; il prit parti pour Billy Caldwell* qui complota avec succès afin de ravir à son père, William Caldwell, le poste de surintendant. Ironside était un fonctionnaire loyal et efficace, mais il n’avait pas suffisamment de pouvoir ni de relations pour triompher de prétendants plus puissants lorsque Billy Caldwell fut destitué en 1816. John Askin fils obtint le poste de surintendant et Ironside, celui de commis. Le poste plus important de garde-magasin avait été aboli vers 1817, le commissariat du fort ayant repris la gestion des approvisionnements du département des Affaires indiennes. En moins de trois ans, la santé d’Askin déclina ; Ironside fut invité à suppléer le surintendant, puis à le remplacer. Il fut nommé officiellement surintendant du district de Western le 1er janvier 1820.

Pendant le reste de sa carrière, George Ironside administra les affaires indiennes avec compétence, efficacité et honnêteté. Il continua d’être un pilier de la collectivité, occupant le poste de conseiller presby-téral au sein de la congrégation presbytérienne d’Amherstburg dès sa fondation. En 1830, il demanda la permission de quitter le département des Affaires indiennes et de prendre sa retraite. Le fait qu’on lui permit de transmettre son poste à son fils George* donne la mesure de son importance dans ce service. La carrière d’Ironside est typique de celle de nombreux fonctionnaires du département des Affaires indiennes : il y entra grâce à ses aptitudes ainsi qu’à ses attaches avec un fonctionnaire influent, en l’occurrence McKee, et ses nombreuses années de service loyal lui permirent finalement d’obtenir un poste supérieur.

Dennis Carter-Edwards

La correspondance considérable de George Ironside avec les fonctionnaires du département des Affaires indiennes constitue la meilleure source pour l’étude de son activité au sein de ce département. On la trouve à la DPL, Burton Hist. Coll., George Ironside papers. La partie de sa correspondance conservée aux APC, RG 8, I (C sér.), particulièrement 2529 ; 1206 : 159–271, s’avère également utile. D’autres aspects de la carrière d’Ironside sont soulignés dans les documents déposés à l’Aberdeen Univ. Library (Aberdeen, Écosse), Kings College and Univ., record of graduates, 22 févr. 1781 ; aux AO, GS 848, Session records, mai 1831 (mfm) ; aux APC, MG 23, GII, 17, sér. 1, vol. 223–140 ; RG 1, L3, 254 : I-J2/21 ; 257 : 112/8 ; RG 19, E5(a), 3744, claim 271 ; et à la St John’s (Sandwich Anglican Church (Windsor, Ontario), Reg. of baptisms, marriages, and burials, 1802–1827 (copies aux APC).

Les études utiles pour cette biographie sont diverses. L’auteur tient à souligner la communication faite sur Ironside par Douglas Leighton à la Western District Hist. Conférence qui s’est tenue à l’Univ. of Windsor en 1979. L’étude d’Allen, « British Indian Dept. », Lieux hist. canadiens, nº 14 (1975) : 5–125, est essentielle pour qui s’intéresse au sujet. Reginald Horsman, Matthew Elliott, British Indian agent (Detroit, 1964), couvre les débuts de l’existence du département des Affaires indiennes à Amherstburg, période qui fut témoin de l’affaire McLean-Elliott. On doit aussi mentionner deux thèses de doctorat utiles pour l’étude de ce département : D. R. Farrell, « Detroit, 1783–1796 :the last stages of the British fur trade in the old northwest » (thèse de ph.d., Univ. of Western Ontario, Londres, 1968) ; et H. C. W. Goltz, « Tecumseh, the Prophet, and the rise of the Northwest Indian Confederation » (thèse de ph.d., Univ. of Western Ontario, 1973). Il existe aussi une étude de l’auteur de la présente biographie concernant la garnison britannique d’Amherstburg, Fort Malden : a structural narrative history, 1796–1976 (Canada, Direction des parcs et lieux hist. nationaux, Manuscript report, nº 401, 2 vol., Ottawa, 1976).

On a aussi utilisé : [Henry Hay], « A narrative of life on the old frontier : Henry Hay’s journal from Detroit to the [Miamis] River », M. M. Quaife, édit., Wis., State Hist. Soc., Proc. (Madison), 1914 : 208–261 ; John Askin papers (Quaife) ; O. M. Spencer, Narrative of Oliver M. Spencer ; comprising an account of his captivity among the Mohawk Indians, in North America (eréd., Londres, 1842) ; U.C. land book B », AO Report, 1930 : 23, 79 ; J. A. Clifton, « Captain Billy Caldwell : on the reconstruction of an abused identity » (copie dactylographiée, s.d. ; version développée d’une communication faite lors d’un symposium sur l’origine des peuples qui habitent le long de la frontière des Grands Lacs, tenu durant la conférence annuelle de l’American Hist. Assoc., à Washington, en 1976, et R. D.Edmunds, The Shawnee Prophet (Lincoln, Nebr., et Londres, 1983). [d. c.–e.]

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Dennis Carter-Edwards, « IRONSIDE, GEORGE (mort en 1831) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ironside_george_1831_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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