HUOT, FRANÇOIS, marchand et homme politique, né le 23 août 1756 à Sainte-Foy (Québec), fils de François Huot et de Marie Maheu ; le 18 janvier 1780, il épousa à Sainte-Famille, île d’Orléans, Marie-Charles Leblond, puis le 14 janvier 1783, à Québec, Marie-Louise Robitaille, et finalement le 10 octobre 1801, à Charlesbourg, Françoise Villers ; décédé le 29 janvier 1822 à Québec.

Fils de cultivateur, François Huot aurait été serviteur pendant plusieurs années chez la famille Lanaudière avant d’établir une petite boutique probablement à Québec. Bien qu’il soit incapable de signer son acte de mariage en 1780, il est sans doute intelligent et débrouillard. Le 18 mars 1782, il loue une maison à deux étages sur la rue des Pauvres (côte du Palais), où il fait probablement le commerce de détail de certains articles dont les spiritueux, pour lesquels il a obtenu un permis de vente en 1781. Quelques années plus tard, il est établi rue Saint-Jean. En 1787, il peut acquérir, moyennant £1 000, une maison de pierre à deux étages rue de la Fabrique en plus d’une autre maison située à l’arrière et donnant sur la rue Saint-Joseph (rue Garneau). Un prêt de £500, consenti par le notaire Michel Sauvageau sous la forme d’une constitution de rente, lui permet de compléter le capital requis pour cet achat. Située en face de la place du Marché, l’un des endroits les plus achalandés de la haute ville, la maison de la rue de la Fabrique lui servira de résidence et d’établissement de commerce jusqu’à la fin de sa carrière.

Dans les années 1790, Huot peut être considéré comme un détaillant d’une certaine envergure. Il garde en magasin une grande variété de tissus, surtout des lainages et du coton, des souliers, des bas, des chapeaux et des gants, différents accessoires ménagers, des articles de quincaillerie, de la papeterie et quelques produits alimentaires. En 1796, l’inventaire complet de ses marchandises se chiffre à £785 au prix de gros. Ses principaux fournisseurs sont vraisemblablement les grands négociants James Tod* et John Blackwood* à qui il doit respectivement £705 et £170 pour approvisionnement en marchandises. En dépit d’une dette globale de plus de £1 400, Huot jouit d’une bonne situation financière, car ses biens mobiliers, ses propres créances totalisant £390 et son stock de marchandises garantissent largement le passif.

Actif et ambitieux, Huot se fait remarquer par ses interventions dans les affaires publiques et par sa participation à certaines organisations. Le 4 novembre 1790, son nom figure au bas d’une pétition réclamant du gouvernement la création d’une université mixte dans la province [V. Jean-François Hubert*] et, l’année suivante, il compte parmi les opposants à un projet de changement de tenure des terres [V. Thomas-Laurent Bédard* ; William Smith*]. Il signe également, en juillet 1794, la déclaration de loyauté à la nouvelle constitution. En 1793, Huot est membre de la Société d’agriculture du district de Québec, mais il s’identifie davantage à la Société du feu dont il fait partie de 1795 à 1820 et est l’un des administrateurs en 1800 et en 1806. De plus, il est marguillier de la paroisse Notre-Dame de 1807 à 1814.

Aux élections de 1796, Huot se porte candidat et est élu, en compagnie de Joseph-Bernard Plant, pour représenter la circonscription de Hampshire à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada. Apprécié pour son honnêteté et ses qualités d’administrateur, il bénéficié de l’appui constant des électeurs qui renouvellent son mandat. Huot siège donc à la chambre d’Assemblée de 1796 à 1804 et de 1808 jusqu’à sa mort. En 1804, il retire sa candidature avant la fermeture du bureau de scrutin afin, semble-t-il, d’assurer l’élection de Planté, son colistier. Peu instruit, Huot joue un rôle discret en tant que député. Il participe cependant de façon très assidue aux travaux de l’Assemblée et appuie généralement le parti canadien.

Peu de temps après sa première élection, en octobre 1796, visiblement dans le but d’alléger ses tâches de marchand, Huot contracte une association d’un an avec un jeune marchand de Québec, Michel Clouet*, puis il choisit de poursuivre seul ses activités. Au fil des ans, il élargit ses intérêts économiques en investissant dans des entreprises d’utilité publique et dans l’immobilier. En 1801, il débourse £41 pour acquérir une des 48 actions du pont Dorchester sur la rivière Saint-Charles [V. David Lynd*]. En 1807, il signe un bail de cinq ans par lequel il loue, moyennant £350 par année, les droits d’exploitation de ce pont tout en s’engageant à en assurer l’entretien. Huot fait égale-ment partie des actionnaires et des promoteurs de la Compagnie de l’Union de Québec, formée en 1805 en vue de financer l’achat et l’aménagement de l’hôtel de l’Union sur la rue Sainte-Anne. Outre ses propriétés des rues de la Fabrique et Saint-Joseph, Huot possède une maison sur la rue Saint-Jean, dans le faubourg. Dans les années 1800 et 1810 il fait aussi l’acquisition de deux terres à Beauport en plus d’un autre lopin situé à La Canardière.

Huot abandonne le commerce vers le milieu des années 1810 et il se consacre essentiellement à son travail de député. Son petit capital et les revenus tirés de la location ou de la vente de ses propriétés lui assurent alors un niveau de vie aisé. En 1823, la liquidation de ses biens rapporte à ses héritiers une somme de plus de £5 000 dont la plus grande partie est distribuée à ses quatre fils, dont Hector-Simon*.

La carrière de François Huot illustre bien la situation de la classe marchande canadienne à cette époque. Son rôle d’intermédiaire entre l’importateur d’origine britannique et le consommateur définit les limites de ses possibilités d’enrichissement. Bien que modeste, sa réussite lui permet toutefois de prendre part aux affaires publiques et à la vie politique, ce qui lui confère, à côté de la classe seigneuriale et des membres des professions libérales, une certaine distinction sociale.

Pierre Poulin

ANQ-Q, CE1-1, 14 janv. 1783, 1er févr. 1822 ; CE1-7, 10 oct. 1801 ; CE1-11, 18 janv. 1780 ; CE1-20, 23 août 1756 ; CN1-26, 27 janv., 25 mai, 27 nov. 1802, 8 juill. 1803 ; CN1-83, 20 mai 1782, 26 nov. 1787, 4, 16, 18 janv. 1788 ; CN1-157, 9–11 juin 1796, 3 mars 1821 ; CN1-178, 9 févr. 1807, 12 mai 1813 ; CN1-230, 8 août 1792, 11 oct. 1796, 14 janv., 18 avril, 18 oct. 1797, 23 avril 1798, 21 févr., 13 nov. 1801, 21 janv. 1819, 15 févr. 1822, 13 mars 1823.— B.-C. , Statuts, 1805, chap. 16.— La Gazette de Québec, 4 nov. 1790, 24 mars 1791, 11 avril 1793, 10 juill. 1794, 11 juin 1795, 26, 29 juin 1797, 10 avril 1800, 9, 16 août 1804, 3 avril 1806, 2, 30 nov. 1809, 26 avril 1810, 31 août 1815, 28 mars 1816, 9 janv. 1817, 23 mars 1820, 31 janv. 1822, 31 juill. 1823.— F. – J. Audet, « les Législateurs du B.-C. » ; « François Huot », BRH, 37 (1931) : 695–702.— Hare, « l’Assemblée législative du B.-C. », RHAF, 27.

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Pierre Poulin, « HUOT, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/huot_francois_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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