HUME, CATHERINE HONORIA (Blake), née en 1804 ou en 1805 à Kiltegan, Wicklow (République d’Irlande), fille de Joseph Samuel Hume ; en 1832, en Irlande, elle épousa William Hume Blake*, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédée le 3 février 1886 à London, Ontario.

Bien que née au sein de la petite noblesse terrienne prospère de l’Irlande protestante, Catherine Honoria Hume profita peu du confort et de la l’aisance des autres branches de la famille Hume. Son père, deuxième fils de William Hume, propriétaire foncier riche et influent, hérita d’une petite partie seulement des biens de la famille et entra dans l’armée pour y faire carrière. Catherine naquit dans la résidence familiale Humewood et commença ses études à Dublin où son père était en garnison. Après la mort prématurée de celui-ci, la famille revint selon toute évidence dans le comté de Wicklow. Malgré les hauts et les bas de la fortune de la famille, la jeune fille reçut une éducation raffinée et de bon ton. Elle jouait du piano et de la harpe, fréquentait les auteurs classiques latins dans leur langue et parlait couramment le français et l’italien.

Au printemps de 1832, Catherine Honoria Hume épousa son cousin germain, William Hume Blake, un ami d’enfance de cinq ans son cadet. À peine quelques mois plus tard, le couple immigra au Canada avec un groupe imposant de parents et d’amis, formé en grande partie de ministres du culte attirés par la perspective de meilleures charges dans l’Église d’Angleterre du Haut-Canada. Blake, encore indécis quant au choix d’une carrière, accompagna son frère aîné Dominick Edward* dans le canton d’Adelaide, comté de Middlesex, où il s’établit à Bear Creek, près de Strathroy, dans l’espoir de devenir gentleman-farmer. Mais la jeune femme se lassa bientôt du travail ingrat de la vie de pionnier et, selon la tradition familiale, brava son époux, lui demandant si les mains d’Edward*, son fils nouveau-né, auraient un avenir plus glorieux que de devenir aussi calleuses et rêches que celles de son père. En 1835, devant son insistance, les Blake déménagèrent à Toronto.

Après l’inscription de son époux à titre d’étudiant en droit, Catherine Honoria Hume dirigea une école privée pour filles afin d’augmenter les revenus de la famille. Blake ayant été reçu avocat en 1838, elle reporta son trop-plein d’énergie sur des sociétés charitables et la déploya ensuite pour appuyer les divers intérêts de son époux à l’endroit de la réforme juridique, de l’éducation et de la politique. Elle joua un rôle influent et souvent décisif, quoique dans l’ombre, sur la carrière florissante de Blake et, dans les années 1850, lorsque la santé de celui-ci se détériora et qu’il fut obligé de démissionner de postes influents et prestigieux, elle s’affirma dans son rôle matriarcal dominant dans la famille Blake. Pendant toutes les années 1860, elle accompagna son mari dans ses nombreux voyages à l’étranger à la recherche de climats plus salubres. Après la mort de Blake en 1870, elle habita surtout à London, dans la demeure de sa fille aînée, Sophia, épouse de Verschoyle Cronyn, où elle mourut en 1886 des suites de blessures subies lors d’une chute.

Une foi chrétienne évangélique sans compromis, qui produisit des effets divers chez ses enfants, motivait Catherine Honoria Hume. Son fils Edward ne partageait pas son engagement émotif envers le christianisme et fut continuellement déprimé à cause d’un sentiment de culpabilité qu’elle renforçait souvent par ses remontrances sévères. Son autre fils, Samuel Hume*, devint toutefois un chef aussi pieux qu’intransigeant de la faction Low Church de l’Eglise d’Angleterre à Toronto. En plus de jouer un rôle essentiel dans l’éducation de ses enfants, même après qu’ils furent entrés dans des écoles privées, elle leur inspira aussi le désir de regagner au Canada le rang que sa branche de la famille Hume avait perdu en Irlande. Edward, en particulier, porta le fardeau de cet héritage familial et s’efforça d’atteindre les buts que sa mère avait fixés auparavant à son mari. On retrouve l’influence de celle-ci dans bien des ambitions de son époux et de ses fils.

D’une certaine façon, Catherine Honoria Hume fut l’archétype de l’épouse d’un homme d’affaires et d’un homme politique qui connut le succès à l’époque victorienne. Elle tint sa maison avec efficacité et fut membre des sociétés charitables et religieuses auxquelles il convenait d’appartenir, tout en demeurant discrètement à l’arrière-plan dans les événements d’intérêt public. D’une autre façon, cependant, son existence illustra les tensions inhérentes à un rôle social qui laissait à la femme au xixe siècle peu d’espoir de combler ses aspirations. Puisqu’une carrière de quelque importance lui était interdite, elle reporta ses ambitions sur son mari et, après la maladie chronique de celui-ci, sur ses fils. Femme intelligente et ambitieuse, douée d’une volonté ferme, Catherine Honoria Hume fut une mère autoritaire qui dut trouver sa principale source d’épanouissement auprès de sa famille.

J. Daniel Livermore

Les écrits de Catherine Honoria Hume ont paru sous les titres : « Edward Blake : a portrait of his childhood », M. A. Banks, édit. ; Profiles of a province : studies in the history of Ontario [...] (Toronto, 1967), 92–96 ; et « The riots of 1849 in Montreal », CHR, 15 (1934) : 238–288.

AO, MU 136–273.— MTL, Robert Baldwin papers.— J. D. Livermore, « Towards « a union of hearts » : the early career of Edward Blake, 1867–1880 » (thèse de ph.d., Queen’s Univ., Kingston, Ontario, 1975) ; « The personal agonies of Edward Blake », CHR, 56 (1975) : 45–58.

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J. Daniel Livermore, « HUME, CATHERINE HONORIA (Blake) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hume_catherine_honoria_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    28 novembre 2024