HOGSETT, GEORGE JAMES, avocat et homme politique, né en 1820, probablement à St John’s, Terre-Neuve, deuxième fils d’Aaron Hogsett, shérif en chef de Terre-Neuve, décédé le 15 juin 1869 à St John’s.

George James Hogsett naquit dans une famille de quelque importance et fit ses études dans des écoles de l’Église d’Angleterre. Il étudia le droit sous la direction de William Bickford Row et s’inscrivit au barreau le 21 décembre 1846. À sa mort, on le décrivit comme le doyen des avocats qui exerçaient leur profession à Terre-Neuve, sans avoir jamais été nommé conseiller de la reine.

Hogsett fut élu en 1852 député de Placentia et de St Mary’s à l’Assemblée, puis réélu en 1855 et 1859. Il occupa le poste de président du bureau des Travaux publics et, pendant une brève période, celui de solliciteur général sous le gouvernement libéral de Philip Francis Little*. Lorsqu’en 1858, Little abandonna la politique, Hogsett devint procureur général sous le gouvernement de John Kent* et garda cette charge jusqu’à la défaite du parti libéral, au printemps de 1861. Lui-même fut battu dans Harbour Main en 1861, mais remporta la victoire en 1865 et conserva son siège jusqu’à sa mort, quatre ans plus tard.

Comme son père, Hogsett joua un rôle actif dans la Benevolent Irish Society dont il devint secrétaire en 1855. À cette époque, il devait s’être converti au catholicisme, puisqu’il fut chargé des célébrations de la société à l’occasion de la consécration de la nouvelle cathédrale de St John’s en 1855.

Hogsett se fit connaître en 1861 lors de l’orageuse lutte électorale dans Harbour Main. Tous les concurrents étaient catholiques [V. John Thomas Mullock]. Les abbés Kyran Walsh et J. O’Connor, membres du clergé catholique local, menèrent une campagne énergique en faveur d’Hogsett et de son compagnon d’élection, Charles Furey, qui avaient également l’appui de Mgr John Dalton de Harbour Grace. Les candidats de l’opposition, Patrick Nowlan et Thomas Byrne, s’étaient séparés du parti libéral durant les mois qui précédèrent les élections, et, le jour du scrutin, les adeptes de chaque faction en vinrent aux coups. Comme les 36 hommes de Salmon Cove, partisans de Hogsett et Furey, pour la plupart, devaient aller voter à Cat’s Cove, bastion de l’opposition, l’abbé Walsh amena 250 à 300 résidants de Harbour Main pour les protéger. 11 s’ensuivit des actes de violence ; les gens de Cat’s Cove tirèrent sur la foule avec des fusils à harpon, faisant un mort et dix blessés. Les hommes de Salmon Cove se réfugièrent alors à Harbour Main pour voter. Sous la pression d’une foule en colère soutenant Hogsett et Furey, le directeur du scrutin, Patrick Strapp, leur remit une attestation de vote, mais le gouvernement de Hugh William Hoyles * annula les votes de Harbour Main et laissa à l’Assemblée le soin de désigner les gagnants.

Lorsque Hogsett essaya d’occuper un des sièges de Harbour Main à l’Assemblée quelques semaines plus tard, il fut repoussé de force par la police et remis aux mains de la foule énorme et bienveillante massée dehors. À mesure que se répandit la nouvelle de son expulsion de la chambre, la populace se mit à attaquer les propriétés des adversaires de Hogsett et à lapider les soldats mandés sur les lieux. Trois émeutiers furent tués. En fin de compte, l’Assemblée rejeta la prétention de Hogsett au siège de Harbour Main. Peu après, Hogsett contribua à faire signer une pétition destinée à la reine, qui demandait la révocation du gouverneur sir Alexander Bannerman en raison de son parti pris contre les libéraux et du fait qu’il avait dissous l’Assemblée ; Hogsett fut défait à l’élection partielle de St John’s en 1861. Au cours de l’été de cette même année, il devint rédacteur en chef du Record de St John’s.

Lorsque Hogsett se porta de nouveau candidat en 1865, le problème crucial était l’adhésion de la province à la confédération des colonies de l’Amérique du Nord britannique, mouvement auquel il s’opposa avec persistance. Il s’éleva violemment contre ses confrères libéraux John Kent et Ambrose Shea* lorsqu’ils se joignirent au gouvernement de coalition de Frederic Bowker Terrington Carter* et devint lui-même le leader des derniers libéraux auxquels se rallièrent les adversaires de la confédération. Peut-être perdit-il de son prestige en 1868 lorsque, touché par le marasme économique de la colonie, il reconnut qu’il « souhaitait examiner chacune des conditions posées par le gouvernement et les étudier [et] qu’il désirait quelque chose qui puisse sortir les hommes de leur actuel avilissement ». Au printemps de 1869, conscient de la force de l’opposition à la Confédération, il avait repris vigoureusement cette position, mais la direction du parti était alors passée aux mains de Thomas Glen*.

Hogsett fut un des orateurs les plus capables et un des membres les plus actifs de l’Assemblée. Il put en toute sincérité se faire gloire de n’avoir jamais voté sans exposer ses motifs. Converti au catholicisme, il dut affronter l’hostilité de ses anciens coreligionnaires, surtout d’un homme politique tel que Hugh Hoyles. Il était cependant capable de prendre l’offensive et, à la fin des années 1860, n’hésita pas à qualifier de « parasites de l’État et de voleurs couverts par la loi » ses chefs libéraux de jadis. Il ne craignit jamais de défendre des positions politiques impopulaires. Tandis que de nombreux hommes politiques cherchaient à s’attirer des voix en aidant les pauvres à même les deniers publics, Hogsett demandait qu’on limitât les secours et qu’on incitât les pauvres à l’autonomie en les poussant à la culture comme supplément à la pêche. Lorsque la crise économique s’accrut dans les années 60, il s’opposa à ce qu’on augmentât le don de pommes de terre à semence aux pauvres, sans doute parce qu’elles étaient mangées au lieu d’être plantées.

Les finances de Hogsett furent, semble-t-il, prospères, puisqu’il prétendit avoir payé les dépenses électorales d’Ambrose Shea à plusieurs reprises. Il était marié et, à sa mort, il laissa trois jeunes enfants.

Elinor Senior

T.-N., House of Assembly, Journal, 1861, app., Harbor Main election ; evidence taken before the select committee appointed to inquire into the contested election for the district of Harbor Main, 59–92 ; 1866, 69 ; 1868, 20.— Courier (St John’s), 16 juin 1869.— Morning Chronicle (St John’s), 28 nov. 1865, 2, 9, 16 févr., 6 mars, 16 juin 1869.— Patriot (St John’s), 17 mars 1866, 13 avril 1867, 12 juin 1869.— Public Ledger (St John’s), 2 juin 1865.— Notable events in the history of Newfoundland : six thousand dates of historical and social happenings (St John’s, 1900), 234.— Centenary volume, Benevolent Irish Society of St. John’s, Newfoundland, 1806–1906 (Cork, Irlande, [1906]), 48, 101.— Gunn, Political history of Nfld.— Prowse, History of Nfld. (1896), 466, 488.— Elinor Senior, The origin and political activities of the Orange Order in Newfoundland, 1863–1890 (thèse de m.a., Memorial University of Newfoundland, St John’s, 1959), 27, 38.— Frederick Jones, Bishops in politics : Roman Catholic v Protestant in Newfoundland, 1860–2, CHR, LV (1974) : 408–421.— E. C. Moulton, Constitutional crisis and civil strife in Newfoundland, February to November 1861, CHR, XLVIII (1967) : 251–272.

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Elinor Senior, « HOGSETT, GEORGE JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hogsett_george_james_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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