HOGSETT, AARON, fonctionnaire, né vers 1777 à Cookstown (district de Cookstown, Irlande du Nord) ; décédé le 14 août 1858.
On ne possède aucun renseignement sur la famille d’Aaron Hogsett ni sur l’éducation qu’il reçut dans sa jeunesse. En 1808, il devint commis dans la marine royale et, deux ans plus tard, il fut nommé comptable en second à l’important dépôt de ravitaillement de la marine dans l’île de Minorque. Il s’y acquitta d’une bonne partie des responsabilités financières reliées à l’approvisionnement des quelque 20 000 marins et au transport de l’armée de terre sur la côte de la Catalogne, en Espagne.
Par suite de la réduction des effectifs des forces navales à la fin des guerres napoléoniennes, Hogsett dut retourner en Angleterre en 1815. Il accepta le poste de commis du secrétaire du vice-amiral sir Richard Goodwin Keats*, qui venait d’être nommé gouverneur de Terre-Neuve. En 1818, le vice-amiral sir Charles Hamilton*, successeur de Keats, le nomma douanier à St John’s, mais, moins d’un an plus tard, un fonctionnaire désigné par le bureau de la Trésorerie le remplaça à ce poste.
Hogsett réintégra ses fonctions de commis du secrétaire du gouverneur jusqu’en 1821 ; il fut alors nommé intendant adjoint du commerce maritime chargé de surveiller l’entretien et le ravitaillement des navires, de percevoir les droits de douane et d’enregistrer les bateaux entrants ou sortants. En 1825, le personnel administratif des forces navales fut déplacé de St John’s à Halifax, et Hogsett se retrouva sans emploi pour une troisième fois. Environ un an plus tard, il fut nommé shérif adjoint dans le district central de Terre-Neuve au traitement annuel de £252. Manifestant des aptitudes indéniables, il obtint le 1er septembre 1835 le poste de shérif en chef de Terre-Neuve, et son salaire passa à £513.
À titre de shérif adjoint, Hogsett avait été en grande partie responsable de l’application des nouveaux règlements établis en 1833–1834 par le juge en chef Henry John Boulton*. Ces règlements avaient trait à la constitution des jurys, au lancement des ordres de saisie contre les bateaux et le matériel des pêcheurs et à d’autres changements dans la procédure judiciaire. Hogsett, Boulton et certains membres du Conseil de Terre-Neuve furent critiqués par les dirigeants du groupe réformiste, majoritaire à la chambre d’Assemblée, en particulier par le docteur William Carson*, et par Robert John Parsons*, rédacteur en chef du Newfoundland Patriot de St John’s. À la suite de la parution d’un article des plus malveillants à son endroit, Hogsett intenta un procès en diffamation contre Carson et Parsons. Il ne remporta qu’une victoire partielle : il avait réclamé £300 en dommages-intérêts, mais il n’obtint que £10 et le paiement des frais de justice.
Contrastant avec l’hostilité manifestée par Carson et Parsons, d’étroites relations s’étaient établies entre Hogsett et le chef catholique des réformistes, Patrick Morris*. En 1834, Hogsett était vice-président de la Benevolent Irish Society, dont Morris était président depuis 1822. La société, non confessionnelle à l’origine, était devenue sous la tutelle de ce dernier presque exclusivement catholique. Que Hogsett ait quitté l’Église d’Angleterre dans les années 1830 pour se convertir à la religion catholique n’est pas certain, mais dans les attaques dirigées contre lui par les leaders protestants du groupe libéral, il fut de fait accusé d’apostasie. Morris appuya par ailleurs la requête qu’adressa Hogsett au gouvernement britannique en 1833 dans le but d’obtenir un poste ; il le décrivit comme un homme « qualifié pour remplir n’importe quel emploi dans la fonction publique » et qui était « tenu en très grande estime par les distingués officiers sous les ordres desquels il a[vait] servi dans la marine ; dans la colonie, ajoutait-il, sa réputation [était] également excellente ».
Après les controverses des années 1830, Hogsett semble avoir eu une vie publique peu mouvementée. Il était marié et père d’au moins quatre enfants. Son deuxième fils, George James*, devint un membre en vue du parti libéral et fut nommé procureur général en 1858, année où son père mourut à bord du Spray qui le ramenait de Liverpool.
Les talents en comptabilité et les capacités administratives d’Aaron Hogsett l’aidèrent à surmonter les difficultés auxquelles il dut faire face à trois reprises, lorsqu’il fut privé d’emploi sans qu’il en ait été responsable. Bien qu’il se soit abstenu de toute action politique, Hogsett, qui occupait un poste clé dans l’administration de la justice, se retrouva parmi les fonctionnaires de premier plan qui furent couverts d’insultes par les membres du parti populaire dans les années 1830. En plus des charges déjà citées, il exerça à divers moments les fonctions de coroner, de greffier de la paix, de percepteur et de contrôleur des douanes, de vice-consul d’Espagne et de secrétaire du bureau de santé de la ville.
Arch. privées, Lawrence Lande (Montréal), H. J. Boulton papers, G.-B., Parl., Report of the committee of the whole house on the present state of the administration of justice in Newfoundland, 15 oct. 1837, 9–44.— PRO, CO 194/86 : 198–209 ; 194/103 : 83.— Newfoundlander, 6 sept. 1858.— Patriot (St John’s), 18 mars 1834, 21 juin 1869.— Public Ledger, 7 sept. 1858.— Times and General Commercial Gazette (St John’s), 4 sept. 1858.— When was that ? (Mosdell).— R. H. Bonnycastle, Newfoundland in 1842 : a sequel to The Canadas in 1841 (2 vol., Londres, 1842), 2 : 88–89.— Howley, Ecclesiastical hist. of Nfld.— Prowse, Hist. of Nfld. (1895).— Philip Tocque, Newfoundland : as it was, and as it is in 1877 (Toronto, 1878).
Elinor Kyte Senior, « HOGSETT, AARON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hogsett_aaron_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |