HLAKAY (qui signifie « andouillers durcis ou parvenus à maturité » ; connu aussi sous les noms de Pierre, de Pierre Michel et de Pierre Nequalla), chef okanagan, fils de Michel ; il épousa Susan, de la bande de Penticton, et ils n’eurent apparemment pas d’enfants ; circa 1906–1916.
Né vers 1835 à Spallumcheen (Colombie-Britannique) ou Nkama’peleks, à la tête du lac Okanagan, Hlakay, ou Pierre, comme on l’appelait généralement, était un descendant du chef okanagan Nicola [Hwistesmetxē’qen*]. Ce fut un personnage important dans les premières années du xxe siècle, lorsque la vie politique à la réserve Okanagan sombra dans le chaos.
Nommé en septembre 1907 chef de la bande de Nkama’peleks, ou bande Head of the Lake, Pierre perdit ce poste en décembre 1908 à la suite d’un désaccord avec l’agent des Affaires indiennes Archibald Irwin sur la vente irrégulière d’une partie de la réserve Long Lake, à l’est du lac Okanagan. Bien qu’il ait peut-être promu l’idée au début, Pierre refusa son appui à Irwin en écrivant (par l’entremise d’un traducteur) que « la plus grande partie du peuple s’oppos[ait] à la vente de cette terre ». En outre, il contesta qu’Irwin ait eu le pouvoir de le destituer, d’autant plus que son successeur intérimaire, Isaac Harris, n’était pas membre de la bande en vertu de la Loi sur les Indiens et que les agissements de Harris allaient « à l’encontre des intérêts de la bande ». Le chef Pierre et d’autres engagèrent un avocat pour les représenter et faire état de la conduite d’Irwin et de Harris. La série de lettres envoyées à ce sujet au département des Affaires indiennes déboucha sur une nouvelle élection, en mars 1909. Baptiste Logan devint chef, mais en avril 1910, Pierre et 15 autres membres de la bande s’opposèrent à ce qu’il reste en fonction en l’accusant d’intempérance. L’inspecteur des Affaires indiennes Thomas J. Cummiskey enquêta et, sur l’avis de deux chefs héréditaires, Johnnie Chilleheetsa, du lac Douglas, et Louis Clexlixqen, de Kamloops, il fit destituer Logan. Irwin fut congédié lui aussi, en 1911. Préoccupé par la légitimation des chefs, Chilleheetsa intervint au cours de l’élection du nouveau chef en faisant valoir que seuls les descendants de Nicola étaient éligibles. Le scrutin du 27 juin 1912 fut un événement très couru : des chefs héréditaires, le missionnaire oblat Jean-Marie-Raphaël Le Jeune* et des représentants des Affaires indiennes y assistèrent dans le but délibéré de renforcer l’autorité de Pierre, qui fut élu pour un mandat d’une durée indéfinie.
Les oblats avaient amené les Okanagans à se doter d’un conseil muni de pouvoirs civils, judiciaires et policiers. Suspendu, probablement après le scandale Chirouse en 1892 [V. Paul Durieu*], il fut réinstitué en 1912 par les Affaires indiennes, sans doute pour contrer l’abus d’alcool dans la réserve Head of the Lake. On dit que le chef Pierre et le conseil exercèrent « une influence bienfaisante » sous ce rapport et favorisèrent le développement agricole après un long déclin de l’élevage et de la culture du blé [V. Cornelius O’Keefe]. Au cours de son second mandat, le chef Pierre eut l’occasion de prendre position sur les principales questions intéressant les Amérindiens de la Colombie-Britannique : le titre d’autochtone et les droits qui en découlent. Dans un témoignage présenté le 4 octobre 1913 devant la commission royale d’enquête sur les Affaires indiennes de la province de la Colombie-Britannique [V. James Andrew Joseph McKenna], il exigea que les dimensions de sa réserve ne soient pas réduites. En même temps, il refusa de concéder le titre d’autochtone : « Je sais pertinemment que notre sang [a été] versé ici en premier, et nous sommes les propriétaires légitimes de la terre. » En faisant valoir aussi que son peuple conservait les droits de chasse et de pêche, il dénonça les lois restrictives sur ces activités. De plus, il représenta sa bande à des assemblées des tribus de l’intérieur dont le but était de porter la question du titre d’autochtone devant le comité judiciaire du Conseil privé.
Pendant et après son deuxième mandat, « Pierre le boiteux » – apparemment, il avait une jambe atrophiée à cause d’une blessure subie dans la pratique d’un sport –, vit son autorité contestée plusieurs fois, et des luttes intestines continuèrent de déchirer la bande de Nkama’peleks. En 1913, Baptiste Logan et d’autres accusèrent Pierre d’être l’« instrument » du département des Affaires indiennes et d’avoir accepté, sans le consentement de la bande, que des soldats du British Columbia Horse campent sur des terres de la réserve. Pierre démissionna de son poste de chef, probablement en 1915 ; on ignore les circonstances de cette démission, mais son âge y fut peut-être pour quelque chose. Même alors, les critiques ne cessèrent pas. En 1916, un groupe de membres de la bande affirma qu’il avait été élu illégalement en 1912 et l’accusa publiquement d’ivrognerie, d’implication dans la vente d’une partie de la réserve Long Lake, de détournement de ressources et de dépendance envers des « sang-mêlé » qui n’étaient pas des membres légitimes de la bande.
Pierre mourut vers 1918 à Nkama’peleks. L’exercice arbitraire du pouvoir par des représentants du département des Affaires indiennes ainsi que des conflits internes et des désordres dans sa réserve avaient assombri les deux mandats de ce chef traditionnel. Une bonne partie de ces problèmes résultaient de la corruption de fonctionnaires locaux. Pierre avait collaboré avec d’autres chefs de l’intérieur qui tentaient de garder leurs réserves intactes, de préserver leurs droits ancestraux de chasse et de pêche et de faire valoir leurs droits au titre d’autochtone.
AN, RG 10, 3944, dossier 1211698-54 ; 3945, dossier 1211698-64.— Union of British Columbia Indian Chiefs (Vancouver), « Evidence submitted to the royal commission on Indian affairs for the province of British Columbia » (texte dactylographié, [1913–1916] ; une photocopie est conservée à la Okanagan Univ. College Library, Kelowna, C.-B.), Okanagan, 4 oct. 1913.— Canada, Chambre des communes, Débats, 14 juin 1917 : 2340–2344.— Peter Carstens, The queen’s people : a study of hegemony, coercion, and accommodation among the Okanagan of Canada (Toronto, 1991).— J. H. Christie, Correspondence between J. H. Christie, Armstrong, B.C., and Department of Indian Affairs, Ottawa, in past twelve months (s.l., [1917] ; exemplaire conservé au BCARS, Northwest Coll., NWp 970.5, C554c) ; Indian affairs in British Columbia ; a commentary on an order-in-council ([Armstrong], s.d. ; NWp 970.5, C554) ; Okanagon Indians non-registered ; the reason why ([Armstrong], s.d. ; NWp 970.5, C555).— J. M. McC. Clark, [Lettre du 3 décembre 1910, à l’hon. Richard McBride, Victoria, C.-B.] (in-plano, s.l., 1910 ; exemplaire conservé au BCARS, Northwest Coll., NWp 970.5, C555).
Duane Thomson, « HLAKAY (Pierre, Pierre Michel, Pierre Nequalla) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hlakay_14F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
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