HIGGINSON, sir JAMES MACAULAY, soldat, fonctionnaire et administrateur colonial, né en 1805 en Irlande, fils du major James Higginson et de Mary Macaulay ; il épousa Louisa Shakespear, puis Olivia Dobbs ; décédé le 28 juin 1885 dans le comté de Wicklow (République d’Irlande).

James Macaulay Higginson fit ses études au Trinity College à Dublin, puis il entra dans l’armée du Bengale en 1824. Il prit part à plusieurs campagnes et attira l’attention de sir Charles Theophilus Metcalfe* au siège de Bhurtpore en 1825–1826. Lorsque Metcalfe fut nommé gouverneur suppléant du Bengale en 1829, Higginson devint membre de son personnel, et il demeura associé à Metcalfe jusqu’au décès de celui-ci en 1846. Higginson exerça les fonctions de secrétaire militaire auprès de Metcalfe au cours des divers mandats que ce dernier remplit en Inde entre 1833 et 1837. En 1838, il avait le grade de capitaine dans l’armée du Bengale. Même si, dans le cadre du service impérial, on le nomma par la suite à des postes civils, il continua d’utiliser son titre militaire jusqu’en 1846.

Quittant l’Inde, Higginson s’embarqua pour Bristol avec Metcalfe, le 15 février 1838, et passa l’année suivante en Angleterre. Quand Metcalfe devint gouverneur de la Jamaïque le 11 juillet 1839, Higginson l’accompagna avec sa famille en qualité de secrétaire particulier ; le gouverneur noua des liens d’affection durables avec les enfants de Higginson. Après être revenu en Angleterre avec Metcalfe en 1842, Higginson se retrouva « désœuvré ». Tout en continuant, semble-t-il, de prendre part aux activités de Metcalfe, il était engagé, pour son propre compte, dans une entreprise commerciale en Inde ; celle-ci s’avéra infructueuse et Metcalfe compensa ses pertes.

Metcalfe accepta le poste de gouverneur du Canada en janvier 1843, et, au début de mars, on désigna Higginson pour exercer auprès de lui les fonctions de secrétaire civil et particulier. Après le pénible voyage par voie de terre qui mena les deux hommes de Boston à Kingston, Haut-Canada, en partie dans des traîneaux tirés par des chevaux, Metcalfe entreprit de remplir son mandat au Canada. Cette tâche allait s’avérer difficile : outre qu’il était en désaccord avec les réformistes au sujet de la portée du gouvernement responsable, il était affligé d’un cancer de la joue qui s’aggravait constamment. Il remit sa démission à l’automne de 1845 et rentra chez lui en décembre.

La maladie de Metcalfe imposa une lourde tâche administrative à Higginson qui eut à diriger presque seul les affaires gouvernementales. Les lettres qu’il écrivit en 1843 traitent d’une grande variété de sujets : troubles survenus au canal Welland, pont de glace sur le Saint-Laurent à Québec, mesures concernant les navires mis en quarantaine, ameublement de l’asile provincial d’aliénés à Toronto, concession de terrain au King’s College de Toronto, pensions des fonctionnaires et projets du bureau des Travaux publics. Higginson devint le conseiller, le porte-parole politique et le messager du gouverneur général, et il eut souvent affaire à des réformistes mécontents. Dès le mois de mai 1843, il eut une longue conversation avec Louis-Hippolyte La Fontaine* sur la nature du gouvernement responsable. Le « patronage » constitua l’un de leurs principaux points de désaccord ; Higginson affirmait que certaines nominations étaient le privilège du gouverneur général, tandis que La Fontaine déclarait : « Il faut que [le patronage] nous soit exclusivement réservé. » Higginson rapporta cette conversation à Metcalfe, ce qui ne le rendit pas populaire auprès des réformistes. Lorsqu’en novembre éclata la crise qui entraîna la démission de La Fontaine, de Robert Baldwin* et des autres ministres, à l’exception de Dominick Daly*, Higginson subit une partie de la réprobation dont Metcalfe était l’objet. Les réformistes soupçonnaient Higginson, qu’ils qualifiaient dérisoirement d’« éternel secrétaire », d’induire en erreur le gouverneur général.

D’autre part, Higginson s’occupa largement du département des Affaires indiennes. Une commission royale, créée par le gouverneur général sir Charles Bagot* en 1842, remit son rapport le 22 janvier 1844 ; elle recommandait des changements administratifs majeurs dans la structure et le personnel du département, et proposait notamment de « confier l’administration des Indiens au secrétaire civil ». Le 15 mai, Higginson devint surintendant général des Affaires indiennes. Sous sa direction, les recommandations des commissaires « furent pour la plupart mises à exécution », y compris, le 1er juillet 1845, l’abolition du poste de surintendant en chef du Haut-Canada. À l’époque, Samuel Peters Jarvis*, que l’on soupçonnait d’avoir mal administré les fonds du ministère, remplissait cette fonction.

De viles rumeurs se répandirent à propos des rapports entre Higginson et Metcalfe, et on laissa même entendre qu’Olivia, l’épouse de Higginson, était la fille illégitime de Metcalfe. En dépit de ces insinuations, Higginson demeura au Canada jusqu’au printemps de 1846, puis il partit pour les Antilles. Metcalfe mourut en septembre, laissant un testament qui fit sans aucun doute la joie des mauvaises langues : son ex-secrétaire, qui héritait de £20 000, était l’un des principaux bénéficiaires.

Higginson fut gouverneur d’Antigua et des îles Leeward (1846–1850), puis de l’île Maurice et des Seychelles (1850–1857). À l’automne de 1857, il prit sa retraite en Irlande, où il demeura jusqu’à sa mort. Fait compagnon de l’ordre du Bain en mars 1851, il fut élevé au rang de chevalier commandeur de cet ordre en 1857.

La carrière de James Macaulay Higginson, au deuxième ou troisième échelon du service impérial, est typique du travail constant et effacé que des milliers d’hommes chargés d’administrer le vaste Empire britannique accomplirent au cours du xixe siècle. En étudiant les faits et gestes de ces personnes, on se renseigne non seulement sur les événements qui se passèrent durant une importante période, mais aussi sur la nature des relations qui existaient entre coloniaux et fonctionnaires britanniques.

Douglas Leighton

APC, MG 24, A33 ; RG 7, G I, 405 ; RG 8, I (C ser.), 60, 79 ; RG 10, A4, 508–509 ; A5, 263, 510–512, 622–623, 752–753 ; A6, 116–118 ; B8, 766–767.— Arch. privées, T. B. Higginson (Scarborough, Ontario), J. M. Higginson’s papers.— BNQ, mss-101, Coll. La Fontaine (copies aux APC).— MTL, Samuel Peters Jarvis papers.— [T. T. Higginson], Diaries [...], T. B. Higginson, édit. (Londres, 1960).— Times (Londres), 7 juill. 1885.— T. B. Higginson, Descendants of the Reverend Thomas Higginson (Londres, 1958).— J. W. Kaye, The life and correspondence of Charles, Lord Metcalfe (éd. rév., 2 vol., Londres, 1858).— S. [B.] Leacock, Baldwin, LaFontaine, Hincks : responsible government (Toronto, 1907).— J. D. Leighton, « The development of federal Indian policy in Canada, 1840–1890 » (thèse de ph.d., Univ. of Western Ontario, London, 1975).— E. [J.] Thompson, The life of Charles, Lord Metcalfe (Londres, 1937).— C. B. Sissons, « Ryerson and the elections of 1844 », CHR, 23 (1942) : 157–176.

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Douglas Leighton, « HIGGINSON, sir JAMES MACAULAY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/higginson_james_macaulay_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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