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HARDISTY, RICHARD CHARLES, trafiquant de fourrures de la Hudson’s Bay Company et homme politique, né vers 1832, probablement au fort Mistassini (Baie-du-Poste, Québec), quatrième enfant de Richard Hardisty et de Margaret Sutherland, et frère de William Lucas ; en 1866, il épousa Eliza, fille de George Millward McDougall*, ministre de l’Église méthodiste et missionnaire, et ils eurent trois enfants ; décédé le 15 octobre 1889 à Winnipeg.
Le père de Richard Charles Hardisty, chef de poste de la Hudson’s Bay Company, était né à Londres ; sa mère était d’origine indienne et écossaise. Hardisty passa neuf ans à la Red River Academy, dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), puis il se joignit à la Hudson’s Bay Company en 1849 à titre d’apprenti chef de poste dans le district de la Rivière-Rouge. Cinq ans plus tard, Hardisty fut nommé commis et il prit la direction du district de Cumberland House (Saskatchewan). Ce district, bien que petit (il ne comptait que trois postes), constituait une promotion pour le « jeune agent compétent ». Hardisty passa un an à Cumberland House, et sous sa conduite les recettes de l’établissement augmentèrent de £250, ce qui plut au gouverneur George Simpson*. De 1855 à 1861, il œuvra à Carlton House (Saskatchewan), où il avait été envoyé pour neutraliser la concurrence de plus en plus vive des trafiquants indépendants. En 1862, on le nomma chef de poste, et il administra le district de Saskatchewan durant une absence de l’agent principal William Joseph Christie*. S’intéressant à lui comme à un fils, Christie l’encouragea dans son travail, le traita comme un adjoint et lui écrivit de longues lettres instructives qui se terminaient par ce souhait paternel : « Que la bonne Providence vous garde et vous protège. »
En 1864, Christie chargea Hardisty d’aller rétablir le poste de Rocky Mountain House (Alberta), qui avait été fermé en 1861 à cause de l’attitude menaçante des Pieds-Noirs. Hardisty construisit un nouveau poste et demeura sur place jusqu’en 1867, année où il fut affecté au fort Victoria (Pakan, Alberta). À tous les printemps, on l’envoyait à Carlton House ou à Norway House (Manitoba) avec la cueillette annuelle des fourrures, et quand, sur le chemin du retour, il passait par le fort Edmonton (Edmonton), il surveillait le transbordement des approvisionnements et des marchandises de traite destinés aux divers établissements, avant de regagner son poste.
Ayant obtenu un congé pour la saison de traite de 1869–1870, Hardisty quitta le fort Edmonton en avril 1869, avec sa famille, probablement à destination de Montréal. Le 27 décembre, toutefois, il se présenta à Upper Fort Garry (Winnipeg) en compagnie de son beau-frère, Donald Alexander Smith*, commissaire spécial du gouvernement du Canada auprès du gouvernement provisoire établi par Louis Riel. Ce dernier et ses partisans avaient pris ce fort de la Hudson’s Bay Company le 2 novembre précédent ; ils y reçurent Hardisty et Smith et les mirent en résidence surveillée. Smith avait eu la prudence de laisser ses papiers officiels à Pembina (Dakota du Nord), pour éviter leur confiscation par Riel. Le chef métis, voulant connaître le mandat de Smith, permit à Hardisty de se rendre à Pembina, sous l’escorte de deux partisans, afin de rapporter les documents de Smith. Mais les partisans de ce dernier se méfièrent de l’usage que Riel pouvait faire de ces papiers ; ils firent intercepter Hardisty durant son voyage de retour et le firent escorter jusqu’au fort. Une fois Smith en possession des papiers, Riel dut reconnaître le caractère officiel de sa mission et lui permettre de convoquer une assemblée générale des habitants de la colonie de la Rivière-Rouge, le 19 janvier 1870, afin de faire connaître les projets du gouvernement canadien concernant le Nord-Ouest. Pour Hardisty, qui ne manquait ni de courage ni de résistance, le voyage de Pembina à la rivière Scratching (rivière Morris), où on l’avait intercepté, avait été le plus « pénible qu’il ait jamais connu ».
Le 19 mars, Hardisty quitta Upper Fort Garry pour l’est du Canada en compagnie de Smith, mais il revint au fort Victoria durant l’automne. Nommé agent principal en 1872, il se vit confier la responsabilité du district d’Upper Saskatchewan dont le siège principal se trouvait au fort Edmonton. Pendant les 17 années qui suivirent, Hardisty parcourut son vaste district et pourvut aux besoins des Indiens et des colons. Ce fut une période pendant laquelle les conditions changèrent constamment et requirent des accommodements. Les Indiens et les Métis souffraient de ce que le bison se faisait plus rare et ils étaient souvent désorientés par le résultat des négociations de paix. En outre, Hardisty se rendit compte que les futurs postes de traite ne pourraient pas faire face à la concurrence des trafiquants indépendants. Il résolut alors de fermer des postes non rentables et proposa que la Hudson’s Bay Company achète les fourrures de ces trafiquants. Ses talents de commerçant ne faisaient aucun doute, mais il n’était pas doué pour le calcul, comme en témoignent les propos inquiets tenus à plusieurs reprises par les commissaires de la Hudson’s Bay Company.
Constatant, en 1882, qu’il venait au moins 300 chefs de famille dans le Nord-Ouest chaque année, Hardisty s’occupa principalement des nouveaux établissements qui s’implantaient en bordure des chemins de fer. Afin d’avoir la haute main sur le marché des grains et du bois, il acheta un moulin en 1881 avec son propre capital et, pour expliquer ce geste, il déclara au commissaire de la Hudson’s Bay Company à Winnipeg, James Allan Grahame* : « Si Edmonton grandit et devient une ville comme on s’y attend, la vente du bois entrera alors en jeu. » Mais la Hudson’s Bay Company voyait là un conflit d’intérêts, et, en 1885, Hardisty abandonna le moulin à la demande de la compagnie. En 1874, dans le but de rivaliser avec les trafiquants américains qui accouraient en grand nombre sur les bords de la rivière Bow, il avait chargé John Burin d’aller choisir un endroit propice à la construction du fort Bow, à 40 milles de l’actuelle ville de Calgary.
Aux premières élections générales tenues en 1887 dans le district d’Alberta, Hardisty se porta candidat indépendant après avoir été écarté par les conservateurs. Deux éléments de son programme révèlent ses idées progressistes : il préconisait le maintien des droits des Métis et la construction d’une grande route entre le fort Edmonton et le fleuve Mackenzie. Moins bien connu dans la partie sud que dans le secteur nord moins populeux de sa circonscription, il fut défait par son adversaire conservateur, Donald Watson Davis.
En janvier 1888, au cours d’un voyage en Angleterre, Hardisty fut nommé inspecteur suppléant du département de Northern de la Hudson’s Bay Company, avec une augmentation salariale annuelle de £100. Le 23 février 1888, il entra au sénat du Canada, devenant le premier sénateur du district d’Alberta. Il mourut à Winnipeg, en octobre 1889, des blessures qu’il s’était infligées en tombant d’une voiture à Broadview (Saskatchewan).
APC, MG 26, A.— Glenbow-Alberta Institute, Richard Hardisty papers.— PAM, HBCA, A.1/177 : f.57d ; A.1/183 ff.92d, 103d ; A.6/37 : f.59d ; A.6/57 : f.605 ; A.11/99 f.152d ; A.12/7 : ff.142d, 484d ; A.12/8 : f.116 ; A.12/27 ff.18, 407 ; A.12/28 : f.529 ; A.12/29b : f.416 ; A.12/45 ff.356, 372 ; A.31/9 : f.31 ; A.34/1 : f.72 ; A.64/38 : f.35 ; B.60/a/31 : f.76 ; B.60/a/32 : ff.2, 36d ; B.60/a/33 : ff.2, 44d ; B.60/a/34 : ff.32d, 34, 85 ; B.60/a/36 : f.26 ; B.60/a/37 : ff.12, 82d ; B.60/a/38–41 ; B.60/b/2 : 517, 583 ; B.60/b/3 : 62, 63d, 92, 93d, 101, 102d, 105, 128d ; B.60/c/11 : f.4d ; B.133/a/14 ; B.135/g/1 : 4 ; B. 135/z/3 f.259 ; B.186/b/22 : f.10 ; B.239/g/51 ; B.239/k/12 : 250 ; B.239/k/13 : no 30, 1862 ; B.239/k/14 : no 23, 1867 ; D.5/10 : f.108 ; D.5/22 : f.378 ; D.13/5 : 372 ; D.13/11 : ff.26, 567d ; D.14/8 : f.701d ; D.20/34 : 36.— Begg, Red River journal (Morton).— Edmonton Bulletin, 26 févr., 19 mars 1887.— Manitoba Daily Free Press, 16, 19 oct. 1889.— J. G. MacGregor, Senator Hardisty’s prairies, 1849–1889 (Saskatoon, Saskatchewan, 1978).— J. E. Nix, Mission among the buffalo : the labours of the Reverends George M. and John C. McDougall in the Canadian northwest, 1860–1876 (Toronto, 1960).— Iris Allan, « The McDougalls, pioneers of the plains », Beaver, outfit 304 (été 1973) : 14–19.— Edmund Taylor, « Reminiscences of H.B.C. pioneers », Beaver, 4 (1923–1924) : 174s.
Shirlee Anne Smith, « HARDISTY, RICHARD CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hardisty_richard_charles_11F.html.
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Auteur de l'article: | Shirlee Anne Smith |
Titre de l'article: | HARDISTY, RICHARD CHARLES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |