GREEN, JAMES, officier, fonctionnaire, homme d’affaires et juge de paix, né vers 1751 en Suède ; décédé le 1er février 1835 à Québec.

« N’ayant plus le sou », James Green s’enrôla dans le 62nd Foot en 1772. On ne tarda pas à reconnaître ses talents, et c’est avec le grade de sergent-major qu’il débarqua avec son régiment à Québec en 1776, au moment où la ville était assiégée par les rebelles américains. En juin, il combattit à Trois-Rivières pendant que le gouverneur Guy Carleton* poursuivait les Américains qui se repliaient sur Montréal ; en octobre, il participa à un engagement contre la flotte de Benedict Arnold* au lac Champlain. Il fit également partie de l’expédition que le major général John Burgoyne* mena dans l’état de New York en 1777 et il fut capturé le 19 septembre au cours de la bataille de Freeman’s Farm. Après avoir été emprisonné dix mois à Hartford, dans le Connecticut (il apprit pendant ce temps qu’il avait été promu enseigne le 20 septembre 1777), il fut échangé et rejoignit la garnison britannique à New York. Sir Henry Clinton, commandant en chef des troupes de l’Amérique du Nord, lui accorda trois postes : maître de caserne pour « l’île de New York », juge-avocat adjoint de la ville de New York et officier payeur des troupes dont les régiments n’étaient pas en service dans les environs.

La nomination de Green au poste de juge-avocat adjoint lui fut très utile. Elle lui donna, selon ses propres termes, « l’occasion d’établir des rapports généraux et de bon ton avec la plupart des officiers de l’armée, chose tout à fait indispensable pour un jeune officier, particulièrement pour quelqu’un dans [sa] situation, qui n’avai[t] personne pour [le] recommander, si ce n’est les gens dont il [lui] était possible d’obtenir les bonnes grâces en persévérant dans la voie de la bonne conduite ». Green démissionna des trois postes en septembre 1779, au moment où il acheta un grade de lieutenant dans le 26th Foot, avec l’aide de Charles Stuart, lieutenant-colonel de ce régiment ; il fut également nommé adjudant du régiment et exerça cette fonction pendant 17 ans. En décembre 1779, avec les autres officiers du 26th, il fut renvoyé dans les îles Britanniques en mission de recrutement.

En 1787, Green revint dans la province de Québec avec son régiment. Il s’était marié, et un fils prénommé William naquit à Québec au début d’octobre. Dès 1798, la maison de Green, dans la haute ville, comptait huit personnes. L’année suivante, son ami le peintre William Berczy*, qu’il aidait peut-être financièrement, fit des esquisses à la plume de sa femme Maria, de William et de sa fille.

Green avait été promu lieutenant-capitaine le 2 mars 1791, mais il ne reçut les pleines attributions de capitaine d’une compagnie qu’en mai 1795. Cette année-là, Carleton, devenu lord Dorchester, le choisit pour remplir auprès de lui les fonctions de secrétaire militaire. Il continua à occuper ce poste sous les commandants qui succédèrent à Carleton, et il fut également employé à York (Toronto) comme secrétaire civil, à compter de 1799, par le lieutenant général Peter Hunter*, qui était aussi lieutenant-gouverneur du Haut-Canada. Remplacé au poste de secrétaire civil en 1806, Green retourna à Québec et demeura secrétaire militaire auprès du commandant des troupes, le colonel Isaac Brock*. À ce titre, il occupait un poste clé dans l’administration des forces armées du Haut et du Bas-Canada. On reconnut son mérite en lui accordant les grades honoraires de major en janvier 1798 et de lieutenant-colonel en septembre 1803, après que sa promotion au rang de major dans le 26th Foot eut été confirmée en juillet. À l’arrivée du lieutenant général sir James Henry Craig*, nommé commandant des troupes et gouverneur en chef au mois d’octobre 1807, Green fut remplacé au poste de secrétaire militaire, mais il exerça toutefois pendant quelque temps les fonctions de secrétaire adjoint. En 1808, tenant compte des longs états de service de Green et de sa vaste expérience, Craig lui offrit le poste de sous-commissaire général par intérim à la place de John Craigie*, qui avait été suspendu pour fraude et détournement de fonds. Dans ses nouvelles fonctions, Green était chef par intérim du commissariat dans le Haut et le Bas-Canada ; cependant, même si Craig le recommanda fortement à la Trésorerie, de nouveaux règlements empêchèrent que sa nomination soit confirmée et il fut encore une fois remplacé en 1810.

La perte de cet emploi plongea Green dans des « difficultés peu communes », et il réclama des fonctions convenant davantage à sa « condition sociale ». En avril 1812, ses difficultés furent partiellement résolues lorsqu’il devint officier payeur d’un nouveau régiment provincial, les Voltigeurs canadiens [V. Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry]. En juin, une longue période de relations tendues entre la Grande-Bretagne et les États-Unis aboutit à la guerre et, en août, Green résigna ses fonctions d’officier payeur et fut nommé directeur d’un service nouvellement mis sur pied, le Bureau des billets de l’armée. La pénurie chronique d’espèces monnayées dans le Haut et le Bas-Canada et les difficultés d’approvisionnement en numéraire par temps de guerre incitèrent le gouvernement à mettre en circulation une monnaie de papier sous forme de billets de l’armée. Ces billets atténuèrent dans une large mesure les problèmes financiers du temps de guerre, et la fidélité avec laquelle ils étaient remboursés amoindrit le préjugé que la population entretenait depuis longtemps à l’égard du papier-monnaie.

Le Bureau des billets de l’armée mit un terme à ses activités en décembre 1820, mais Green continua à être mêlé au milieu des affaires. En 1821, il devint l’un des vice-présidents de la Banque d’épargne de Québec, dont il fut également trésorier ; en novembre, il mérita un vote de remerciement pour avoir amené la banque à « l’état florissant » où elle se trouvait alors, grâce à « ses efforts et à ses services assidus ». Un an plus tard, il en devint président, poste qu’il occupait toujours en mai 1824. Green s’intéressa également aux transactions foncières. En 1802, sa femme, ses trois enfants et lui-même avaient reçu chacun, dans le canton de Burford, 1 200 acres de terrain qu’ils mirent en vente en 1811 en même temps que 6 000 acres dans le canton de Potton. À un certain moment, il s’occupa aussi de vendre les terres que le major général Lauchlan Maclean possédait dans le canton de Chatham, sur la rivière des Outaouais.

De simple soldat qu’il était James Green réussit non seulement à s’élever au rang d’officier et à un certain niveau de distinction dans l’armée, mais aussi à acquérir la notoriété dans la société du Bas-Canada. Il souscrivit régulièrement à la Société du feu de Québec et à plusieurs œuvres de bienfaisance qui aidaient les immigrants, notamment la Société de Québec des émigrés. Il reçut une commission de juge de paix en 1821 et une autre en 1828. Il mourut en 1835 chez son gendre John Stewart*. Le Quebec Mercury résuma sa carrière en ces termes : « Dans tous [...] les postes [qu’on lui confia], M. Green garda une excellente réputation d’intégrité et d’assiduité, et [il se montra] très consciencieux dans l’exercice de ses fonctions publiques. »

Glenn A. Steppler

ANQ-Q, CE1-61, 5 oct. 1787, 4 févr. 1835.— APC, MG 24, L3 : 9706, 9712, 9737, 9739, 9781, 9838, 9856 ; RG 1, L3L : 48097–48098, 48102–48103, 48166–48175, 48221–48222, 48225, 48227 ; RG 8,I (C sér.), 0 ; 15 ; 112 ; 114 ; 223 ; 330 ; 703 ; 744 ; 1218 ; 1706 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 360, 640.— William Berczy, « William von Moll Berczy », ANQ Rapport, 1940–1941 : 22, 30, 36–37.— « Les Dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 124, 174.— La Gazette de Québec, 21 mars 1799, 10 avril 1800, 13 janv. 1803, 12 juin 1806, 2 juill. 1807, 30 juin 1808, 14 sept. 1809, 12 sept. 1811, 19 mars, 6 août 1812, 25 févr., 25 mars, 15 avril, 30 déc. 1813, 12 janv., 19 oct. 1815, 4 mai, 11 juin, 7 déc. 1818, 22 avril 1819, 5 juin, 23 oct. 1820, 2, 16 avril, 19, 26 nov. 1821, 18 nov. 1822, 19 mai 1823, 17 mai 1824.— Quebec Mercury, 3 févr. 1835.— Langelier, Liste des terrains concédés, 1413, 1446, 1459, 1465.— James Stevenson, The War of 1812 in connection with the Army Bill Act (Montréal, 1892).

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Glenn A. Steppler, « GREEN, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/green_james_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    28 novembre 2024