GREEN, ANSON, ministre de l’Église méthodiste, né le 27 septembre 1801 à Middleburgh, comté de Schoharie, New York, membre d’une famille nombreuse, fils de Joseph Green et de Lydia Vorce, décédé à Toronto, le 19 février 1879.

Anson Green grandit dans la ferme de ses parents dans les Catskills et ne fréquenta l’école que pendant de brèves périodes chaque année. La religion présenta peu d’intérêt pour lui jusqu’à ce qu’il perdit sa mère, en 1816, et qu’il souffrit lui-même d’une grave maladie pendant plusieurs mois, en 1818. Il se mit alors à lire la Bible et à assister aux assemblées de prière et il en vint à se convaincre de péché. En 1819, après avoir surpris son frère seul, qui priait dans un pré pour sa conversion, Green traversa une crise religieuse. Il eut le sentiment que le fardeau de sa culpabilité lui avait été enlevé et il adhéra peu après à l’Église méthodiste épiscopale où il reçut l’autorisation officielle de prêcher sous la direction d’un ministre.

S’acheminant vers l’Ohio, en 1823, Green passa par le Haut-Canada. Il décida d’y demeurer et, bien qu’il fût un autodidacte, ou presque, il obtint un poste d’instituteur à West Lake dans le comté de Prince Edward. La Conférence canadienne de l’Église méthodiste épiscopale l’autorisa à prêcher en 1824 et le prit à l’essai, comme ministre, l’année suivante. Il fut ordonné diacre en 1827 et accéda au presbytérat en 1830. En 1828, il avait épousé Rachel, fille de Caleb Hopkins, un réformiste qui devait être plus tard parmi les fondateurs du parti Clear Grit.

Comme pasteur itinérant, Green avait à parcourir un circuit d’environ 400 milles en pays de colonisation. Il prêchait en moyenne une fois par jour. Les pasteurs itinérants méthodistes changeaient généralement de circuit tous les deux ans ; les premiers territoires de mission confiés à Green se situaient presque tous dans la région du haut Saint-Laurent et de l’est du lac Ontario. Green acquit bientôt la réputation de prédicateur fougueux, mais il manifesta aussi des dons d’administrateur qui le désignèrent rapidement à des postes importants dans la direction de son Église. De 1832 à 1835, il fut président du district d’Augusta, dans la partie est du Haut-Canada, et, de 1836 à 1839, président du district de la baie de Quinte. Il quitta cette région en 1839 et, jusqu’en 1844, il occupa, tour à tour, la présidence du district de Toronto, puis du district de Hamilton, pour finalement revenir dans le district de Toronto.

En 1833, à l’instigation et avec l’appui financier du ministère des Colonies et du gouvernement du Haut-Canada [V. Alder], la Conférence canadienne de l’Église méthodiste épiscopale s’était unie à l’Église méthodiste wesleyenne britannique (c’est cette appellation qui fut retenue) de tendance plus conservatrice. Cependant plusieurs membres de la Conférence britannique désapprouvaient les vues de leurs confrères canadiens concernant la séparation de l’Église et de l’État, de même que le libéralisme de leurs opinions politiques, surtout telles qu’Egerton Ryerson* les avait formulées publiquement ; aussi l’union fut-elle dissoute en 1840. Quelques-uns des pasteurs itinérants se rangèrent du côté de la congrégation britannique, mais Green demeura avec l’Église méthodiste wesleyenne du Canada.

Néanmoins, Green déplorait la scission de 1840. Quand on l’élit à la présidence de la Conférence canadienne en 1842, après qu’il en eut été le secrétaire l’année précédente, il fut envoyé à New York avec John Ryerson afin de solliciter l’aide de l’Église épiscopale américaine dans une tentative pour amener une réconciliation. Ce fut sans succès ; toutefois, en 1846, lorsque Green se rendit en Angleterre en compagnie de John Ryerson pour assister à la réunion dont l’aboutissement fut la formation de l’Evangelical Alliance, ils posèrent les premiers jalons qui menèrent à la réunion des Églises du Canada et de la Grande-Bretagne en 1847.

Green joua également un rôle de premier plan dans le regroupement de plusieurs sectes méthodistes--au Canada. Il prit une part active dans les pourparlers qui aboutirent, en 1855, à l’union des conférences méthodistes wesleyennes du Canada-Est et du Canada-Ouest. De 1871 à 1874, il fit partie du comité mixte qui présida à la fusion des Églises méthodistes suivantes : l’Église méthodiste wesleyenne canadienne, la nouvelle secte de l’Église méthodiste et l’Église méthodiste wesleyenne dans l’est de l’Amérique du Nord britannique.

En 1844, Green avait succédé, à Toronto, à Alexander McNab, au poste d’administrateur de la Book Room et de l’imprimerie de la conférence (l’imprimerie deviendra plus tard, l’United Church Publishing House avec Ryerson Press comme filiale). Pour Green, cette nomination marque la fin de sa carrière de pasteur itinérant, et son entrée dans l’administration centrale de l’Église. Il agrandit le champ d’activité de la Book Room en concluant des ententes commerciales fort avantageuses avec la Book Room de la Conférence américaine en 1848 et en ouvrant une succursale à Montréal en 1849. C’est lui qui, en 1851, fit l’acquisition de la première presse à vapeur au Canada ; elle était destinée à l’impression de l’hebdomadaire méthodiste, le Christian Guardian.

      Green s’occupa de régulariser la situation de son Église et de ses institutions. En 1851, il se chargea de la constitution juridique de l’Église méthodiste wesleyenne du Canada, de sa Book Room, de l’Annuitant Society, et de la Superannuation Fund Society. Il contribua également à la réorganisation des finances de l’Église en 1855, au moment où la conférence accorda des avantages pécuniaires accrus à ses pasteurs. La conférence décida aussi de désigner un nombre égal de laïques et de pasteurs dans tous les comités qui s’occupaient de finances ; c’était la première fois que des charges étaient confiées aux laïques dans l’administration de l’Église méthodiste wesleyenne canadienne. On nomma Green à la présidence – du conseil d’administration des pensions de retraite.

Bien qu’il fût mis à la retraite depuis 1855, Green prêta de nouveau ses services en 1856, en qualité de délégué à la Conférence britannique et c’est sous sa surveillance que s’effectua le transfert à la juridiction canadienne des missions méthodistes du Nord-Ouest. De 1859 à 1862, puis en 1864, il remplit la fonction d’administrateur de la Book Room et, en 1863, il fut le premier Canadien que la Conférence britannique désigna à la présidence de la Conférence canadienne, aux termes de l’union de 1847. De nouveau en 1865, il était sur la liste des pasteurs à leur retraite.

Green s’occupa pendant de longues années de Victoria College, particulièrement de son administration financière. En 1836, à titre de président du district de la baie de Quinte, il avait présidé à l’ouverture de l’Upper Canada Academy à Cobourg, établissement d’enseignement qui relevait de la conférence. En qualité de trésorier et de membre du conseil d’administration il eut des pourparlers avec le lieutenant-gouverneur, sir Francis Bond Head, en vue d’une subvention royale. En 1841, quand on ouvrit de nouveau l’établissement, sous le nom de Victoria College, en le consacrant à un enseignement des matières universitaires, Green, qui était président du conseil d’administration, prononça l’allocution à la cérémonie de l’installation du premier principal, son ami Egerton Ryerson. En 1858, il remplit la charge de trésorier du collège ; en 1860, il se présenta avec Samuel Sobieski Nelles* et Joseph Stinson* devant un comité parlementaire qui étudiait les demandes des institutions confessionnelles qui voulaient recevoir une part des subventions provinciales aux universités. En 1868, il était secrétaire d’un comité mixte désigné par Queen’s University de Kingston et par Victoria College pour étudier les finances de ces établissements et leur éventuelle affiliation à l’University of Toronto.

Pendant de nombreuses années, Green s’occupa activement d’une foule d’organisations sociales et religieuses, y compris l’asile provincial et la Toronto House of Industry. Il prêta son concours à la fondation de missions chez les Japonais et les Indiens du Canada, à la construction de l’église Metropolitan Methodist de Toronto et à la fondation de la Dominion Evangelical Alliance.

À une époque où les laïques avaient peu à dire dans le gouvernement de l’Église méthodiste wesleyenne, Green acquit, parmi ses confrères du clergé, la réputation de rechercher, le plus souvent avec succès, les postes de commande. Dans toutes les fonctions qu’il eut à remplir il semble qu’il ait eu plus de satisfaction à contrôler une bonne partie de la régie interne de l’Église qu’à se créer un nom comme prédicateur prestigieux. En plus d’avoir été délégué, à trois reprises, aux conférences d’Angleterre et des États-Unis et d’avoir été deux fois président de la Conférence canadienne, il occupa à peu près tous les postes dans la haute administration de son Église et il fit partie de plusieurs de ses comités.

Anson Green mourut à Toronto en 1879 ; sa femme lui survécut, ainsi qu’un fils Columbus H. Green, qui était avocat. Sa fille, Eliza, qui s’était mariée, était morte en 1863. Dans son autobiographie, Green mentionne, au cours des années 70, un fils du nom d’Anson mais il se peut que ce soit le nom que la famille donnait à Columbus.

John S. Moir

Anson Green a écrit une autobiographie, The life and times of the Rev. Anson Green, D.D. [...] (Toronto, 1877), à la demande de la Conférence méthodiste wesleyenne canadienne. L’ouvrage est digne de confiance et de lecture facile, mais les papiers personnels qui ont servi à sa rédaction ne semblent plus exister. Quelques-unes des lettres de Green sont conservées parmi les A. E. Ryerson Papers, dans les United Church of Canada Archives, à Toronto, et sont citées dans le Ryerson de Sissons.  [j. s. m.]

      Christian Guardian (Toronto), 26 févr. 1879.— The minutes of the annual conferences of the Wesleyan Methodist Church in Canada, from 1824 to 1857 (2 vol. Toronto, 1846–1863).— [A. E. Ryerson], My dearest Sophie, letters from Egerton Ryerson to his daughter, C. B. Sissons édit. (Toronto, 1955).— Cornish, Cyclopædia of Methodism, I..— Carroll, Case and his cotemporaries.— The chronicle of a century, 1829–1929, the record of one hundred years of progress in the publishing concerns of the Methodist, Presbyterian, and Congregational churches in Canada, Lorne Pierce, édit. (Toronto, 1929), 78–85.

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John S. Moir, « GREEN, ANSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/green_anson_10F.html.

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Auteur de l'article:    John S. Moir
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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