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GRAY (Grey), ROBERT ISAAC DEY, fonctionnaire, avocat, juge et homme politique, né vers 1772, probablement dans la colonie de New York, fils de James Gray et d’Elizabeth Low ; décédé célibataire le 7 ou le 8 octobre 1804 dans le naufrage du Speedy sur le lac Ontario.
Lorsque la Révolution américaine éclata, la famille Gray s’enfuit dans la province de Québec, où James Gray fut nommé major du 1er bataillon du King’s Royal Régiment of New York commandé par sir John Johnson*. À la fin de la guerre, Gray reçut une concession de terre et s’établit un peu à l’est de l’établissement loyaliste de New Johnstown (Cornwall, Ontario). Robert Isaac Dey Gray fit ses premières études à Québec où il s’intéressa au droit, probablement sous la tutelle de son parrain Isaac Ogden.
Le jeune Gray bénéficia de la position importante occupée par son père qui avait été nommé lieutenant du comté de Stormont par le lieutenant-gouverneur Simcoe. Le 5 septembre 1793, Gray devint greffier du tribunal des successions et tutelles du district d’Eastern et exerça cette fonction jusqu’à sa nomination de juge de la Cour du district de Home, le 7 juin 1796. Il fut admis au barreau en octobre 1794 par décret de l’Assemblée, en même temps que 15 autres avocats. Le mois suivant, Simcoe le recommanda pour remplir le poste de solliciteur général, « non seulement en raison des mérites de son père », mais pour lui permettre de poursuivre ses études en Angleterre « et ainsi d’acquérir les habitudes et manières du barreau anglais ». Le duc de Portland, secrétaire d’État à l’Intérieur, approuva le choix de Simcoe en mai 1795, tout en se demandant si « la situation de la province nécessitait un procureur et un solliciteur général ». Gray devint barrister à la session de la Trinité en 1797 et exerça les fonctions de trésorier de la Law Society of Upper Canada de 1798 à 1801.
C’était la coutume au Haut-Canada que le solliciteur et le procureur général occupent un siège à la chambre d’Assemblée et y jouent le rôle de porte-parole du gouvernement. Gray ne fit pas exception à cet usage. Il fut élu dans la circonscription de Stormont aux élections de 1796 et dans la nouvelle circonscription de Stormont and Russell en 1800 et 1804. Aucune étude sérieuse n’a encore été faite sur l’orientation des groupes politiques dans les différents Parlements du Haut-Canada ; il est toutefois possible de relever des interventions importantes de Gray à l’Assemblée. Il était l’un des membres actifs de la chambre même s’il n’en dominait pas les débats, comme le faisaient, par exemple, les opposants au gouvernement, tels Angus Macdonell (Collachie) ou David McGregor Rogers*. Bien qu’il possédât lui-même des esclaves, il faisait partie de la minorité qui, en 1798, s’opposa au projet de loi de Christopher Robinson* en faveur de l’extension de l’esclavage dans la province. L’année suivante, il vota avec la majorité contre un projet de loi visant à donner aux méthodistes le droit de célébrer des mariages. En 1800, il était du nombre des députés de l’est de la province qui s’opposèrent à l’élection de Samuel Street au poste de président ; l’année suivante, il vota contre l’élection de l’arpenteur général David William Smith* à ce même poste. Gray dirigea l’opposition aux poursuites d’outrage intentées par Macdonell en 1803 contre le greffier de la couronne et des plaids, David Burns ; il appuya par contre au cours de la même session l’Assessment Bill de Macdonell. En 1804, il approuva l’adoption du fameux Sedition Bill [V. Robert Fleming Gourlay*]. Il servit régulièrement d’intermédiaire entre le Conseil législatif et l’Assemblée, et s’opposa sans cesse aux efforts de celle-ci visant à réduire ou à limiter les prérogatives du lieutenant-gouverneur. Il présenta plusieurs projets de loi touchant généralement la réforme du droit et l’administration de la justice, et s’intéressa particulièrement à la réglementation du commerce intérieur et à la désignation des ports d’entrée [V. Colin McNabb].
Après la mort du procureur général John White*, à la suite d’un duel, en 1800, Gray occupa son poste temporairement jusqu’à l’arrivée de Thomas Scott* en 1801. À titre de solliciteur général, Gray représenta souvent la couronne dans les poursuites criminelles à travers la province. Le 7 octobre 1804, il s’embarqua à York (Toronto) sur le schooner Speedy pour engager des poursuites dans une affaire d’homicide. Le navire fit naufrage avec tous les passagers à son bord au large de Presqu’ile Point, dans le canton de Brighton. Parmi les autres victimes les plus connues se trouvaient Macdonell et le nouveau juge de la Cour du banc du roi, Thomas Cochrane.
Robert Isaac Dey Gray laissa à sa mort 12 000 acres de terre, et ses dettes s’élevaient à £1 200. Dans son testament, il affranchit la vieille esclave de la famille, Dorinda (Dorine) Baker, et légua £1 200 en fidéicommis pour assurer son bien-être. Lors d’un voyage à Albany, dans l’état de New York, plus tôt dans l’année, il avait acheté la mère de Dorinda Baker, Lavine, pour 50 $, et « lui [avait] promis qu’elle pou[Trait] travailler autant ou aussi peu qu’elle le désir[ait], pour le restant de ses jours ». Il laissa £50 et 200 acres de terre à chacun des fils de Dorinda, John et Simon Baker. Il partagea le reste de sa fortune entre ses parents et amis, léguant, entre autres, £20 à l’ancien juge en chef du Haut-Canada John Elmsley « en témoignage de [la] considération et de [l’]estime » qu’il lui vouait.
APC, MG 23, HII, 11 ; RG 5, B2.— Corr. of Lieut. Governor Simcoe (Cruikshank), 1 : 10s. ; 3 :178 ; 4 : 6, 35.— «Journals of Legislative Assembly of U.C. », AO Report, 1909.— « Petitions for grants of land » (Cruikshank), OH, 26 : 197.— « The probated wills of men prominent in the public affairs of early Upper Canada », A. F. Hunter, édit., OH, 23 (1926) : 332s., 337s.— Henry Scadding, Toronto of old, F. H. Armstrong, édit. (Toronto, 1966), 210s., 334s.— Town of York, 1793–1815 (Firth), lvii.— « U.C. land book B », AO Report, 1930 : 15, 58, 82.— « U.C. land book C », AO Report, 1931 : 24.— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology, 23, 160, 164.— Wallace, Macmillan dict.— Burns, «First elite of Toronto », 85.— J. F. Pringle, Lunenburgh or the old Eastern District ; its settlement and early progress [...] (Cornwall, Ontario, 1890 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972), 406.— Riddell, Legal profession in U.C.— G. C. Patterson, « Land settlement in Upper Canada, 1783–1840 », AO Report, 1920 : 89.— W. R. Riddell, « Robert Isaac Dey Gray, the first solicitor-general of Upper Canada, 1797–1804 », Canadian Law Times (Toronto), 41 (1921) : 424–432,508–518.
Robert J. Burns, « GRAY (Grey), ROBERT ISAAC DEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gray_robert_isaac_dey_5F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |