GOSSIP, WILLIAM, propriétaire de journaux, libraire et journaliste, né en 1809 à Plymouth, Angleterre, fils de William G. et de Mary Ann Gossip ; il épousa Anne Catherine Coade, et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédé le 5 avril 1889 à Halifax.

Accompagnant ses parents et une sœur, William Gossip arriva au début des années 1820 à Halifax où son père fut lieutenant en second dans le génie royal. Il semble que le jeune Gossip reçût une solide formation de base. Vers 1831, il alla s’installer à Pictou où, dans le climat politique et religieux profondément partisan de la Nouvelle-Écosse d’alors, il fit paraître et dirigea le Pictou Observer. Organe conservateur favorable aux Burghers (un des, groupes de presbytériens non rattachés à l’Église d’Écosse), le journal fit face à la concurrence opiniâtre du Colonial Patriot. George Munro*, qui allait devenir bienfaiteur de la Dalhousie University, fit son apprentissage au journal de Gossip. En 1834, ce dernier avait interrompu la publication du Pictou Observer et était retourné à Halifax. Il ouvrit une librairie-papeterie et une maison d’édition et, en association avec son beau-frère, John Charles Coade, commença d’y publier en juin 1834 un nouvel hebdomadaire, le Times. Pendant ses 14 années d’existence le Times fut sans aucun doute le plus estimé, le plus modéré et le plus influent des journaux conservateurs de la Nouvelle-Écosse. En 1847, à une époque de controverses animées portant sur la question de l’octroi du gouvernement responsable à la colonie, Gossip et Coade lancèrent un autre hebdomadaire encore plus partisan, le Standard and Conservative Advocate, destiné essentiellement aux lecteurs n’habitant pas la capitale. Les deux journaux cessèrent de paraître en 1848.

Tout en poursuivant l’exploitation de son commerce de papeterie et de librairie, Gossip publia, de 1848 à 1858, le Church Times, organe anglican qui s’exprimait sur un ton moins assuré que les précédents journaux de Gossip. En effet, les combats majeurs contre les privilèges religieux et politiques s’étaient calmés, et la partie éditoriale reflétait les idées de divers membres du clergé tout comme celles du journaliste. Membre du Nova Scotian Institute of Natural Science, Gossip siégea à son conseil d’administration à divers titres. Il fut aussi le premier directeur des Proceedings and Transactions annuels de l’institut, de 1863 jusqu’à sa mort. Il fit paraître plusieurs articles sur des sujets tels que la géologie de la Nouvelle-Écosse et l’anthropologie. À l’occasion, il donna des conférences au Halifax Mechanics’ Institute et, en 1883, il présenta une communication devant la Société royale du Canada. Ses travaux faisaient montre d’érudition, et il possédait un style clair et dépouillé.

Il est possible de retrouver un grand nombre des idées et des opinions de Gossip dans ses journaux, en particulier dans le Times. Au point de vue politique, il s’estimait « incontestablement conservateur, dans le sens propre du terme ». Il tenait à la tradition et au lien avec la Grande-Bretagne. Cependant, il pouvait accepter un changement ou même envisager une réforme s’il en voyait la nécessité et il se rendit compte que l’agitation politique des décennies 1830 et 1840 traduisait le malaise social et économique profond qui régnait parmi les habitants de la Nouvelle-Écosse. Le comportement des êtres humains le fascinait, et il était tolérant à l’égard des gens d’autres races et religions ; il détestait les querelles et avait la violence en horreur. Gossip s’enorgueillissait de sa province et de ses ressources tant humaines que matérielles, et en 1838, il considéra le projet d’union fédérale que présentait lord Durham [Lambton*] comme une menace aux unes comme aux autres. Sur le plan religieux, Gossip était un membre fidèle de l’Église d’Angleterre, bien qu’il n’approuvât pas le fait qu’elle occupait une place privilégiée. Il attachait beaucoup de prix aux liens de famille et à la loyauté, et il avait un sens aigu des responsabilités envers les individus comme envers la société, ainsi qu’une foi inébranlable en l’honnêteté.

Les photographies de Gossip révèlent une personnalité à la fois bienveillante, sereine et alerte. Homme plutôt calme en temps normal, il pouvait s’indigner à juste titre contre des individus ou des procédés qu’il estimait déloyaux. Il prodigua son temps et ses talents aux multiples activités de son milieu.

À une époque de ferveur réformatrice, le rôle d’un conservateur modéré tel que Gossip pourrait sembler n’en être pas un de premier plan, mais ses journaux jouèrent un rôle important dans la politique de la Nouvelle-Écosse ; leur survivance démontre qu’il a dû s’adresser à un assez grand échantillon de l’opinion publique. Il obtint un succès financier modeste et laissa un commerce de papeterie prospère, une somme rondelette et des titres évalués à environ $14 500 à sa femme, à ses enfants ainsi qu’à une sœur habitant aux États-Unis. Il semble bien qu’il ait été aimé et respecté de tous.

Gertrude E. N. Tratt

William Gossip a publié dans Nova Scotian Institute of Natural Science, Proc. and Trans. (Halifax), les articles suivants : « The affinity of races », 3 (1871–1874) : 288–315 ; « Anniversary address, 1876 », 4 (1875–1878) : 225–232 ; « Anniversary address, 1879 », 5 (1879–1882) : 99–111 ; « Enquiry into the antiquity of man », 1 (1863–1866), no 3 : 80–102 ; « On the antiquity of man in America », 2 (1867–1870), n3 : 35–77 ; « On the occurrence of the Kjoekkenmoedding, on the shores of Nova Scotia », 1 (1863–1866), n2 : 94–99 ; « Paper », 6 (1883–1886) : 155–166 ; et « Report [...] May 1883 », 6 (1883–1886), n2, app. : i-xii.

Halifax County Court of Probate (Halifax), n3 833, original de l’inventaire des biens de William Gossip.— PANS, MG 9, n41 : 67 ; Photograph coll., W. H. Gossip.— St Paul’s Anglican Church (Halifax), Registers of baptisms, burials, and marriages, 8 avril 1889 (mfm aux PANS).— J. G. MacGregor, « Opening address », Nova Scotian Institute of Natural Science, Proc. and Trans., 7 (1886–1890) : 319s.— Church Times (Halifax), 1848–1858.— Evening Mail (Halifax), 13 mars 1896.— Halifax Evening Reporter, 3 sept. 1867.— Halifax Herald, 13 août 1883, 6 avril 1889, 29 juill. 1896.— Novascotian, 19 juill. 1852.— Pictou Observer (Pictou, N.-É.), 1831–1834.— Standard and Conservative Advocate (Halifax), 1847–1848.—Times (Halifax), 1834–1848.— D. A. Sutherland, « J. W. Johnston and the metamorphosis of Nova Scotian conservatism » (thèse de m.a., Dalhousie Univ., Halifax, 1967).— G. E. N. Tratt, « A survey and listing of Nova Scotian newspapers with particular reference to the period before 1867 » (thèse de m.a., Mount Allison Univ., Sackville, N.-B., 1957).— D. C. Harvey, « Newspapers of Nova Scotia, 1840–1867 », CHR, 26 (1945) : 279–301.— J. S. Martell, « The press of the Maritime provinces in the 1830’s », CHR, 19 (1938) : 24–49.— Harry Piers, « A brief historical account of the Nova Scotian Institute of Science, and the events leading up to its formation ; with biographical sketches of its deceased presidents and other prominent members », Nova Scotian Institute of Science, Proc. and Trans. (Halifax), 13 (1910–1914) : lxxxiv.

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Gertrude E. N. Tratt, « GOSSIP, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gossip_william_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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