GORDON, JAMES DOUGLAS, pasteur de l’Église presbytérienne, auteur et missionnaire, né en 1832 à Cascumpeque (Alberton), Île-du-Prince-Édouard, fils de John Gordon et de Mary Ramsey, décédé le 25 février 1872 à Eromanga dans les Nouvelles-Hébrides.

James Douglas Gordon appartenait à une famille nombreuse, locataire d’une terre faisant partie du domaine de Samuel Cunard*, à l’Île-du-Prince-Édouard. En 1850, après des années de lutte contre le loyer « inique » qu’exigeait Cunard, le père de James dut abandonner sa terre. La formation de James Gordon comprit quelques années d’études classiques au Presbyterian Theological Seminary de Truro, N.-É., où il eut pour condisciple, David Laird*, qui deviendrait plus tard rédacteur d’un journal et homme politique ; les deux se lièrent alors d’une amitié indéfectible. Pendant plusieurs années, Gordon travailla dans l’Île-du-Prince-Édouard en qualité de journaliste et il y fut quelque temps rapporteur des débats à l’Assemblée législative de l’Île-du-Prince-Édouard. En 1861, son frère George N. Gordon* et sa belle-sœur Ellen subirent le martyre à la mission presbytérienne que John Geddie avait fondée en 1848 aux Nouvelles-Hébrides. À l’époque du drame, James Gordon étudiait la théologie au Presbyterian College de Halifax, N.-É. Ses études terminées, il publia, en 1863, un panégyrique intitulé : The last martyrs of Eromanga ; being a memoir of the Rev. George N. Gordon, and Ellen Catherine Powell, his wife.

En 1864, James suivit les traces de son frère martyr et partit comme missionnaire à Eromanga. Pendant les quatre premières années, il y représenta l’Église presbytérienne des provinces maritimes de l’Amérique du Nord britannique, et pendant les deux années qui suivirent, l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Galles du Sud. Il rompit cette attache en 1870 et dès lors ne releva plus de personne bien qu’il fît de fréquents voyages en Nouvelle-Galles du Sud. Au cours des huit années qu’il passa dans cette mission, Gordon devint un linguiste accompli ; il traduisit dans la langue du pays le livre de la Genèse, l’Évangile selon saint Mathieu, des hymnes et des livres de lecture élémentaires. Il contribua à l’établissement d’un poste missionnaire dans l’île plus vaste d’Espiritu Santo.

Le 25 février 1872, un indigène se présenta à la desserte de la mission à Portina Bay, demandant que l’on vienne de toute urgence soigner ses fils malades. Gordon accompagna l’homme jusqu’à sa hutte où ils trouvèrent les deux enfants morts. Le père, éperdu, accusa le missionnaire de sorcellerie et sur-le-champ le tua d’un coup de hache. On inhuma James Gordon à Dillon’s Bay, la principale mission de l’île ; par la suite on érigea une église à cet endroit : inaugurée en 1879, Martyr’s Church a été restaurée en 1968.

James Gordon demeura célibataire ; il tenait à travailler et à vivre en solitaire, une disposition qui, selon des critiques sympathiques, « a grandement nui à son bonheur et à son efficacité ». On l’a décrit comme un homme « d’une extraordinaire piété, un peu excentrique dans son comportement, et qui pratiqua l’abnégation jusqu’à l’extrême ».

Bruce W. Hodgins

J. D. Gordon, The last martyrs of Eromanga ; being a memoir of the Rev. George N. Gordon and Ellen Catherine Powell, his wife (Halifax, 1863).— Patriot (Charlottetown), 3 août, 8 août 1872.— Sad report confirmed : death of Rev. James D. Gordon, Home and Foreign Record of the Presbyterian Church of the Lower Provinces of British North America (Halifax), XII (1872).

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Bruce W. Hodgins, « GORDON, JAMES DOUGLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gordon_james_douglas_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
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