GODEFROY DE LINCTOT, DANIEL-MAURICE, officier dans les troupes de la Marine, marchand et agent auprès des Indiens, baptisé le 5 mai 1739 à Montréal, fils de Louis-René Godefroy de Linctot et de Catherine-Apolline Blondeau, décédé avant le 30 avril 1783 dans le pays des Illinois.
Daniel-Maurice Godefroy de Linctot appartenait à la cinquième génération des Godefroy qui servirent dans les forces armées en Nouvelle-France. Ses frères, Hyacinthe et Maurice-Régis, étaient aussi officiers dans les troupes de la Marine et une certaine confusion subsiste relativement aux trois carrières antérieurement à 1760. Au début des années 1750, Daniel-Maurice était cadet. Avec un de ses frères, il participa à la défaite d’Edward Braddock aux mains de Jean-Daniel Dumas, près du fort Duquesne (Pittsburgh, Pennsylvanie) en juillet 1755. Il devint enseigne en titre en 1759. Après la chute de la Nouvelle-France, il partit avec la plupart des membres de sa famille pour la France, où il arriva le 1er janvier 1762. En 1764, plusieurs membres de la famille reçurent l’autorisation et des fonds pour retourner au Canada, afin d’y régler leurs affaires ; Daniel-Maurice quitta peut-être la France à ce moment. Un rapport mentionne que deux frères Linctot, probablement Hyacinthe et Daniel-Maurice, vivaient à Verchères en 1767, mais en 1770 ils avaient apparemment déménagé dans l’Ouest. Daniel-Maurice trafiqua avec succès à Prairie du Chien (Wisconsin) et à Cahokia (East St Louis, Illinois), et il était considéré comme un des leaders des Français dans le pays des Illinois.
Lors de la Révolution américaine, Linctot dut de nouveau envisager le problème de son allégeance. Jusqu’en juin 1778, Charles Gautier de Verville, l’un des principaux partisans des Britanniques de la région des lacs Supérieur, Michigan et Huron, parlait favorablement des frères Linctot ; on rapporte que, le 4 juin, Daniel-Maurice visitait Charles-Michel Mouet de Langlade, le plus efficace des partisans britanniques à la frontière. Quand le mouvement révolutionnaire atteignit le pays des Illinois avec l’arrivée des troupes de George Rogers Clarke en juillet, Linctot changea sa position. Peut-être influencés par les leaders de la communauté, tels Linctot, Jacques-Timothée Boucher de Montbrun, le père Pierre Gibault* et le marchand Jean-Gabriel Cerré*, les habitants français du pays des Illinois accueillirent bien, en général, les rebelles. Elu capitaine de milice par les résidants de Cahokia, Linctot mena, pendant les quelques mois suivants, des expéditions avec une troupe de cavaliers contre La Pée (aussi appelée Peouarea ; maintenant Peoria, Illinois), Vincennes (Indiana) et Ouiatanon (près de Lafayette, Indiana). Satisfait de son travail, Clark le nomma agent auprès des Indiens pour la plus grande partie du pays des Illinois, au printemps de 1779. Thomas Jefferson, gouverneur de l’état, confirma par la suite cette nomination, assortie d’une promotion au grade de major dans les troupes de la Virginie.
Linctot passa la plus grande partie de l’hiver de 1779–1780 en Virginie. ; il y conféra avec l’amiral français Louis-Philippe de Rigaud de Vaudreuil qui l’encouragea à gagner un plus grand nombre de Français de la frontière à la cause des rebelles. Au milieu de l’année 1780, Linctot était au fort Pitt (Pittsburgh) avec mission d’inciter les Chaouanons, les Loups (Delawares) et autres tribus indiennes de la vallée de l’Ohio à combattre les Britanniques. Dans une lettre d’Arent Schuyler De Peyster, commandant britannique à Détroit, aux Indiens de la vallée de l’Ohio, on peut voir que Linctot, qui connaissait plusieurs langues indiennes, était un trublion efficace : « Envoyez-moi ce petit Français bavard, qui a nom monsieur Linctot, celui-là qui vous empoisonne les oreilles. » Clark, plus tard, faisait mention des « services insignes » de Linctot à titre d’agent auprès des Indiens.
Voyager était affaire courante pour Linctot au cours de ces années. Il séjourna à St Louis (Missouri) de juillet à septembre 1781 et y conféra avec Francisco Cruzat, lieutenant-gouverneur espagnol de la Louisiane du Nord. De retour à Cahokia à la fin de septembre, il fut impliqué dans une cause foncière de peu d’importance. On ne sait rien de lui après cette date. Le 30 avril 1783, il était décédé, comme le laisse entendre clairement une lettre de Clark à Jefferson.
AN, Col., D2C, 48 ; 58 ; 59 ; F3 ;, 12.— ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 5 mai 1739.— Cahokia records, 1778–1790, C. W. Alvord, édit. (Springfield, Ill., 1907).— Frontier retreat on the upper Ohio, 1779–1781, L. P. Kellogg, édit. (Madison, Wis., 1917).— George Rogers Clark papers [...] [1771–1784], J. A. James, édit. (2 vol., Springfield, 1912–1926).— Kaskaskia records, 1778–1790, C. W. Alvord, édit. (Springfield, 1909).— The papers of Thomas Jefferson, J. P. Boyd et al., édit. (19 vol. parus, Princeton, N.J., 1950– ).— Wis., State Hist. Soc., Coll., XI (1888) : 100–111.— Dictionnaire national des Canadiens, français (1608–1760) (2 vol., Montréal, 1958).— Tanguay, Dictionnaire.— Va., Calendar of Virginia state papers [...] (11 vol., Richmond, 1875–1893), III.— F. L. Billon, Annals of’St Louis in its early days under the French and Spanish dominations (St Louis, Mo., 1886 ; réimpr., [New York], 1971).— G. A. Brennan, De Linctot, guardian of the frontier, Ill. State Hist. Soc., Journal (Springfield), X (1917–1918) : 323–366.
Donald Chaput, « GODEFROY DE LINCTOT, DANIEL-MAURICE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/godefroy_de_linctot_daniel_maurice_4F.html.
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Auteur de l'article: | Donald Chaput |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |