GILPIN, EDWIN, ingénieur, professeur, auteur et fonctionnaire, né le 28 octobre 1850 à Halifax, fils aîné d’Edwin Gilpin et d’Amelia McKay Haliburton ; le 29 juin 1875, il épousa à Stellarton, Nouvelle-Écosse, Florence Ellen Johnstone, et ils eurent un fils et deux filles ; décédé le 10 juillet 1907 à Halifax.

Edwin Gilpin appartenait à une honorable famille néo-écossaise. Il était le petit-fils de l’écrivain Thomas Chandler Haliburton*, le fils d’un ministre anglican en vue et le petit-neveu du naturaliste John Bernard Gilpin*. Il fréquenta la Halifax Grammar School, où son père, qui en était le directeur, le prépara pour le King’s College de Windsor en lui donnant des leçons particulières. Il reçut sa licence ès arts au King’s College en 1871, puis y suivit un cours spécial en exploitation minière, géologie et chimie pour lequel il obtint deux ans plus tard une maîtrise ès arts. Il acquit ensuite une formation pratique en faisant l’apprentissage des fonctions administratives aux Albion Mines, dans le comté de Pictou, et en parcourant les districts miniers de Grande-Bretagne.

À compter de 1873, Gilpin fut l’un des membres les plus actifs du Nova Scotian Institute of Natural Science, pour lequel il écrivit quelque 26 documents, surtout sur la minéralogie et la géologie. Bien qu’il ait été davantage un promoteur des richesses minérales qu’un chercheur, il fut élu membre de la Geological Society of London en 1874. Peu après, il entra au prestigieux North of England Institute of Mining Engineers, ce qui lui permit de consolider des relations qui allaient durer toute sa vie et témoignait que, comme la plupart des dirigeants de l’industrie charbonnière néo-écossaise, il entretenait un préjugé favorable à l’endroit des méthodes britanniques d’administration et de génie. Membre fondateur de la Société royale du Canada en 1882, il s’inscrivit à la Société canadienne des ingénieurs civils dès sa fondation, en 1887, puis à la Mining Society of Nova Scotia en 1892. Convaincu de la nécessité de la formation technique, il fut instructeur à temps partiel au Technological Institute de Halifax durant les quelques années d’existence de cet établissement (1878–1880) et chargé de cours à la School of Mining and Metallurgy de la Dalhousie University en 1901.

Toutefois, Gilpin se fit surtout remarquer en tant qu’inspecteur des mines de la Nouvelle-Écosse, poste auquel il accéda en 1879, et que sous-commissaire des Travaux publics et des Mines, à compter de 1886. Ses publications l’aidèrent à obtenir le poste d’inspecteur, tout comme sa formation, ses prestigieux antécédents familiaux et ses remarquables relations parmi les élites scientifiques et minières de la province. Onze directeurs de houillères ainsi que des sommités scientifiques, tels Henry How* du King’s College, George Lawson* de la Dalhousie University et Alfred Richard Cecil Selwyn de la Commission géologique du Canada, prirent la peine de recommander sa nomination par écrit. À titre d’inspecteur, une de ses principales fonctions consistait à faire mieux connaître les richesses minérales de la province aux investisseurs. Grâce à ses connaissances pratiques et à ses relations dans l’industrie, il gagna la confiance des entrepreneurs des mines et devint un conseiller très écouté en matière de génie minier et de géologie. Sa publication la plus connue, The mines and mineral lands of Nova Scotia, parue à Halifax en 1880 et destinée à attirer des capitaux dans la province, reflète à merveille l’importance accordée à ce que l’on a appelé l’« inventaire des richesses » dans le domaine des sciences au Canada.

En 1873, le prédécesseur de Gilpin à l’inspection des mines, Henry Skeffington Poole*, avait promulgué les premiers règlements de sécurité minière au Canada, mais leurs principales dispositions étaient restées lettre morte parce qu’il refusait de poursuivre en justice les sociétés minières. Ce fut Gilpin qui institua le premier programme d’application. Il ne tarda pas à prôner des modifications majeures aux règlements afin d’améliorer la ventilation des houillères. Même si la plupart des règlements subséquents résultèrent de l’initiative du syndicat des mineurs de charbon, la Provincial Workmen’s Association, Gilpin joua un rôle déterminant dans la sécurité des mines, non seulement en appliquant les règlements mais aussi en négociant en coulisse avec le gouvernement et de puissants directeurs de mines. Son judicieux dosage de diplomatie et de détermination porta fruit, mais seulement dans une certaine mesure. En 1881, des changements majeurs des règlements permirent de nommer des sous-inspecteurs, ce qui était essentiel au suivi des opérations. Cependant, il fallut attendre encore deux ans pour que, par suite des pressions de Gilpin et de la Provincial Workmen’s Association, deux sous-inspecteurs soient nommés.

Autre fait nouveau, les règlements de 1881 exigeaient que le personnel administratif des houillères subisse un examen de qualification. Les ouvriers espéraient que ces dispositions amélioreraient la sécurité, réduiraient le nombre d’étrangers que l’on faisait venir pour occuper ces places et permettraient à de simples ouvriers de sortir du rang. Dès 1885, les ouvriers des mines de charbon constituaient l’unique bassin de nouvelles recrues. Dans un rare élan de collaboration, Gilpin, le syndicat et le bureau provincial d’examinateurs des candidats au certificat de qualification (composé entièrement de directeurs de mines) pressèrent le gouvernement d’ouvrir des écoles des mines afin que les ouvriers puissent acquérir les connaissances techniques nécessaires à l’obtention du certificat. En 1889, on institua un réseau d’écoles locales où enseignaient surtout des contremaîtres. Il n’y aurait d’écoles de ce genre nulle part ailleurs en Amérique du Nord avant 20 ans au moins. Elles devinrent un élément familier des centres charbonniers de la province et contribuèrent grandement à l’élargissement du programme d’enseignement technique en Nouvelle-Écosse en 1907. Même si Gilpin aurait préféré un système élitiste offrant un programme scientifique, il fit pression tout au long du processus en faveur de la formation des ouvriers.

Son appui compta beaucoup dans l’adoption, en 1891, d’un autre projet de loi important sur la sécurité dans les mines. Depuis les années 1870 et 1880, des indices de plus en plus nombreux montraient que les explosions les plus dévastatrices ne provenaient pas seulement du méthane qui se dégageait du charbon (le grisou), mais aussi de la fine poussière de charbon (le poussier) qui se trouvait dans presque toutes les houillères. Combinée au grisou, cette poussière donnait un mélange mortel, même avec une quantité de gaz trop faible pour être détectée. Les coups de grisou étaient plutôt localisés, mais les coups de poussier pouvaient engloutir presque toute une mine, comme cela s’était produit en février 1885 à la Vale Colliery. Certaines autorités scientifiques avaient la conviction que la poudre à canon utilisée pour extraire le charbon était l’une des principales causes de l’inflammation du poussier. Gilpin faisait campagne depuis longtemps pour qu’on restreigne l’emploi de poudre à canon, mais les directeurs de mines ne croyaient pas tellement à la théorie du poussier. Puis, en février 1891, une explosion tragique où 125 hommes et garçons trouvèrent la mort se produisit aux mines de Springhill [V. Henry Swift*]. L’examen attentif des lieux du drame et les recommandations du jury convoqué par le coroner donnèrent à Gilpin les preuves dont il avait besoin pour obtenir des règlements restreignant l’usage de la poudre à canon dans les mines dangereuses. Considérés comme des « mesures sévères », ces règlements contribuèrent à l’adoption, dans de nombreux pays, de lois sur la poudre à canon.

Tout n’alla pas toujours bien pour l’inspecteur des mines Edwin Gilpin. Son travail était exigeant, surtout après qu’il fut devenu sous-commissaire des Travaux publics et des Mines. En cette qualité, il s’occupait notamment des concessions minières, des permis d’exploration et de la perception des recettes et redevances minières. Son poste de fonctionnaire et le fait qu’il occupait une position délicate en firent parfois la cible de critiques. Au début des années 1880, il suscita la méfiance de certains mineurs parce qu’il semblait hésiter à enquêter sur les accidents mortels et parce que ses enquêtes, apparemment, se déroulaient toujours dans les bureaux de la compagnie, personne « sauf l’inspecteur et les contremaîtres » n’étant mis au courant des conclusions. Lorsqu’il jugeait les actes des sociétés minières, il n’arrivait pas toujours à oublier ses préjugés de classe. En outre, les règlements miniers et les menaces de poursuites avaient seulement une incidence limitée sur la mortalité dans les mines. Pourtant, quand Gilpin mourut, en 1907, on regretta beaucoup cet homme consciencieux et honorable qui avait réellement contribué à la sécurité des mineurs et à l’exploitation des richesses minérales de la Nouvelle-Écosse.

Donald Macleod

Edwin Gilpin a écrit de nombreux rapports et articles traitant de minéralogie et de géologie. Une liste de près de cent titres figure dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald) ; on trouve aussi des bibliographies partielles dans le Répertoire de l’ICMH, dans la thèse de doctorat de l’auteur (mentionnée ci-dessous) aux pages 611, 618–619, et dans les SRC Trans., 1re sér., 12 (1894) : 37–38. Bien que peu de ces documents soient des rapports de recherche, « Notes on the Nova Scotia gold veins », SRC Trans., 1re sér., 6 (1888), sect. iv : 63–70, fait exception.

PANS, RG 7, 97 ; RG 21, A, 8a, 14, 34 ; RG 32, M, WB, 81 : 131, no 92.— Trades and Labour Journal (Springhill, N.-É. ; Stellarton, N.-É.), 2 nov. 1881, 28 mars 1883, 20 mai 1885.— The Canadian who’s who (Londres et Toronto, 1910).— Eaton, Hist. of Kings County, 673, 679.— Donald Macleod, « Colliers, colliery safety and workplace control : the Nova Scotian experience, 1873 to 1910 », SHC Communications hist., 1983 : 226–253 ; « Miners, mining men and mining reform : changing the technology of Nova Scotian gold mines and collieries, 1858 to 1910 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1981), particulièrement le chapitre 5 ; « Practicality ascendant : the origins and establishment of technical education in Nova Scotia », Acadiensis (Fredericton), 15 (1985–1986), n 2 : 53–92.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1880–1907, app. (rapport annuel sur les mines) ; 1891, app.6 (rapport sur la catastrophe de Springhill).— Nova Scotian Institute of Science, Proc. and Trans. (Halifax), 12 (1907–1908) : xxxi–xxxiv.— Suzanne Zeller, Inventing Canada : early Victorian science and the idea of a transcontinental union (Toronto, 1987).

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Donald Macleod, « GILPIN, EDWIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gilpin_edwin_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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