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GEOFFRION, CHRISTOPHE-ALPHONSE (baptisé Christophe), avocat, professeur et homme politique, né le 23 novembre 1843 à Varennes, Bas-Canada, fils de Félix Geoffrion, cultivateur, et de Catherine Brodeur ; décédé le 18 juillet 1899 à Dorion, Québec.
Christophe-Alphonse Geoffrion fait ses études classiques au séminaire de Saint-Hyacinthe à compter de 1855. Diplômé en droit civil du McGill College en 1866, au terme de brillantes études, notamment auprès de Toussaint-Antoine-Rodolphe Laflamme, il est reçu au barreau le 4 juin de la même année. Il entre alors au bureau d’Antoine-Aimé Dorion, chez qui il a fait son stage de clerc et dont il épousera la fille aînée, Eulalie, le 11 janvier 1870 ; le couple aura deux filles et un fils, Aimé.
Geoffrion exerce au sein du cabinet d’avocats Dorion, Dorion et Geoffrion qui devient, en 1874, Dorion et Geoffrion. En 1878, il est le principal associé de la maison Geoffrion, Rinfret, Archambault et Dorion, laquelle prend, dès l’année suivante, le nom de Geoffrion, Rinfret et Dorion puis, en 1885, celui de Geoffrion, Dorion, Lafleur et Rinfret. Au cours des années 1890, Geoffrion exerce surtout sous la raison sociale de Geoffrion, Dorion et Allan. Ses principaux clients sont la Banque du peuple de Montréal, la succursale de la Banque nationale à Montréal, le séminaire de Saint-Sulpice, le Grand Tronc et la Commission du havre de Montréal.
Outre son travail de cabinet, Geoffrion donne le cours de droit romain au McGill College de 1874 à 1876 et, à partir de 1891, il enseigne le droit du contrat et le droit civil au même établissement, devenu la McGill University. Il est créé conseiller de la reine en 1879 par le gouvernement provincial et le 18 février 1887 par le gouvernement fédéral. Élu bâtonnier du barreau de Montréal en 1883–1884 et 1884–1885, il devient ultérieurement bâtonnier du Barreau de la province de Québec. En 1893, son alma mater lui remet un doctorat honorifique en droit civil.
Sur la scène politique, Geoffrion s’en tient d’abord à un rôle de militant libéral. À l’occasion des élections provinciales de mai 1878, entre autres, il participe à la campagne dans au moins trois circonscriptions à la fois, celles de Verchères, d’Hochelaga et de Terrebonne. Membre de l’Institut canadien de Montréal pendant ses études, il demeure associé à l’aile radicale du parti libéral durant toute sa carrière, tout en entretenant avec le clergé des relations cordiales : il est, par exemple, le conseiller de Mgr Édouard-Charles Fabre dans la cause qui l’oppose à Canada-Revue (Montréal) de 1892 à 1894. Président fondateur de l’Association libérale de Montréal créée par un groupe de libéraux de la vieille garde du parti en février 1883, il s’oppose fermement aux projets de coalition avec des conservateurs que formule Honoré Mercier au moment de son accession en 1883 au poste de chef du parti libéral à l’Assemblée législative de la province. Composé surtout de militants plutôt à l’aise, pour qui la politique ne constitue pas l’occupation principale, mais dont les contributions financières sont importantes, ce groupe se présente comme le véritable successeur du parti rouge et menace, à plusieurs reprises, de se détacher du parti libéral provincial. Réconcilié avec Mercier en 1886, Geoffrion est l’un des représentants de la vieille garde au sein de l’exécutif du parti national que Mercier a fondé à la veille des élections provinciales d’octobre 1886. Autre marque d’estime et de réconciliation, Mercier le nomme, dès 1887, pour plaider devant le Conseil privé de Londres au nom de la province. Ardent républicain comme plusieurs de ses collègues radicaux, Geoffrion compte parmi les protestataires à l’occasion de la visite au Québec en 1890 de Philippe d’Orléans, comte de Paris, prétendant au trône de France, et de son fils Philippe, duc d’Orléans.
Trésorier du parti libéral pour la région de Montréal au cours des élections fédérales de 1891, Christophe-Alphonse Geoffrion quitte les coulisses pour s’engager en politique active à l’occasion de l’élection partielle tenue en avril 1895 dans la circonscription fédérale de Verchères. Il brigue avec succès les suffrages et succède à son frère Félix, mort en fonction l’année précédente. Fidèle conseiller de Wilfrid Laurier*, il est, avec un groupe de libéraux, à l’origine de la fondation du journal le Soir en avril 1896 à Montréal ; le but poursuivi est de fournir au parti un organe plus engagé dans la défense de ses orientations que ne l’est la Patrie d’Honoré Beaugrand*, en somme un instrument semblable à l’Électeur d’Ernest Pacaud*. Victorieux dans les circonscriptions unies de Chambly et Verchères, aux élections générales de 1896, contre l’ancien premier ministre provincial conservateur Louis-Olivier Taillon*, il est nommé ministre sans portefeuille par un Laurier qui dispose de beaucoup plus d’hommes de talent que de ministères. Tout en confirmant la position éminente de Geoffrion dans les rangs du parti libéral fédéral et tout en lui donnant le moyen de représenter l’aile orthodoxe des libéraux au sein du conseil des ministres, ce poste lui permet de continuer à exercer sa lucrative profession. Cependant, le 18 juillet 1899, après un mois de maladie, il meurt dans sa maison de campagne de Dorion, à l’âge de 55 ans. Il est inhumé à Montréal le 21 en présence, notamment, du premier ministre du pays, Laurier, et du lieutenant-gouverneur de la province, Louis-Amable Jetté*.
AN, RG 68, General index, 1867–1908.— McGill Univ. Arch., RG 7, Calendars, 1873–1900 ; RG 37, c.21.— Le National (Montréal), 23 mars, 3, 13, 15, 18, 23 avril 1878.— La Patrie, 3, 6, 12, 14 févr. 1883, 18 juill. 1899.— La Presse, 18 juill. 1899.— Le Réveil (Montréal), 22 juill. 1899.— Le Soleil, 18 juill. 1899.— Canadian directory of parl. (Johnson).— J. Desjardins, Guide parl.— Montreal directory, 1874–1900.— Répertoire des ministères canadiens.— Pierre Beullac et Édouard Fabre Surveyer, le Centenaire du barreau de Montréal, 1849–1949 (Montréal, 1949), 109–114.— Caya, « la Formation du parti libéral au Québec », 477.— Choquette, Hist. du séminaire de Saint-Hyacinthe, 2 : 302.— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, 3–9, 11.
Marcel Caya, « GEOFFRION, CHRISTOPHE-ALPHONSE (baptisé Christophe) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/geoffrion_christophe_alphonse_12F.html.
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Auteur de l'article: | Marcel Caya |
Titre de l'article: | GEOFFRION, CHRISTOPHE-ALPHONSE (baptisé Christophe) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
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