GAULTIER DE LA VÉRENDRYE, DE BOUMOIS, PIERRE (signe La Vérendrye l’aîné après la mort de son frère Jean-Baptiste Gaultier* de La Vérendrye en 1736), officier, explorateur, né le 1er décembre 1714 à l’Île aux Vaches, sur le lac Saint-Pierre (Québec), second fils de Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye et de Marie-Anne Dandonneau Du Sablé, décédé à Québec le 13 septembre 1755.
Entré comme cadet dans les troupes en 1728, Pierre Gaultier de La Vérendrye tint garnison à Montréal pendant deux ans. En 1731, à peine âgé de 16 ans, il partit pour l’Ouest avec son père et passa l’hiver avec lui au poste de Kaministiquia (Thunder Bay, Ont.). En 1732 il l’accompagna au lac des Bois (Lake of the Woods, Ont.) où ils construisirent le fort Saint-Charles. Au printemps de 1734, après le départ de son père pour Montréal, Pierre prit le commandement du fort Saint-Charles. Il fut relevé de ce poste vers la fin de l’été par son cousin, Christophe Dufrost* de La Jemerais, et reçut l’ordre d’aller construire le fort Maurepas sur la rivière Rouge. Cependant, son frère Jean-Baptiste, à qui cette mission avait été précédemment confiée, était revenu plus tôt que prévu d’une expédition chez les Sioux du haut Mississipi ; ce fut donc lui qui se rendit à la rivière Rouge. Au mois de février 1737, Pierre accompagna son père au fort Maurepas et, en juin, les deux hommes quittaient l’Ouest pour se rendre à Montréal et à Québec.
À leur retour au fort Saint-Charles au mois d’août 1738, l’explorateur confia à son fils le commandement du fort pour le temps de son voyage au pays des Mandanes, situé dans l’actuel Dakota du Nord. Pierre resta en fonction jusqu’en novembre 1739. L’été suivant, son père, en route pour Montréal, lui envoya de Michillimakinac les marchandises nécessaires pour un voyage d’exploration chez les Mandanes et les Panis. Pierre se rendit au fort La Reine (Portage-la-Prairie, Man.) sur l’Assiniboine, mais il se vit forcé d’y séjourner jusqu’au printemps de 1741. Accompagné de deux Français, il poursuivit sa route vers le sud «jusqu’auprès de deux forts espagnols », probablement dans le Nebraska actuel ; il dut toutefois rebrousser chemin, faute de guide. Il rapporta de son expédition deux chevaux et quelques articles de fabrication espagnole. Pierre était déjà de retour au fort La Reine lorsque son père revint de son voyage dans l’est au mois d’octobre 1741. L’explorateur envoya aussitôt son fils construire le fort Dauphin (Winnipegosis, Man.), au nord du lac Dauphin. Sa mission remplie, Pierre invita les Cris et les Assiniboines à venir porter désormais leurs fourrures au nouveau fort, puis il revint au fort La Reine où il passa toute l’année 1742. Il resta dans l’Ouest après le départ définitif de son père, en 1744, lequel fut remplacé par Nicolas-Joseph de Noyelles de Fleurimont comme commandant du poste de l’Ouest.
Pierre revint à Montréal en 1745, mais il n’y demeura pas longtemps. La même année, il repartait pour la Nouvelle-Angleterre où il combattit sous les ordres de Jacques Legardeur de Saint-Pierre. Au mois de mai 1746, il suivit Legardeur en Acadie et, au printemps de l’année suivante, il se battit contre les Agniers, toujours sous les même ordres. Il fut ensuite « détaché pour aller exploiter les postes de l’Ouest » et se prépara en conséquence. Les nécessités de la guerre modifièrent toutefois ses plans, et l’expédition ne put se mettre en route pour Michillimakinac que le 10 août 1747. À leur arrivée au poste, les voyageurs furent retenus par Charles-Joseph de Noyelles de Fleurimont, commandant intérimaire, qui craignait les mauvaises dispositions des Indiens. Mais Pierre « prit sur lui d’aller avec bien de la misère dans les postes » et réussit à gagner de nouveau les Indiens à la cause française. Au printemps de 1748, Pierre revint à Michillimakinac, puis retourna dans l’Ouest où il rétablit le fort Maurepas, celui situé sur la rivière Winnipeg, lequel avait été brûlé par les Indiens, et le fort La Reine qui tombait en ruines. Le 1er mai 1749, il reçut le grade d’enseigne en second et, bien que proposé comme lieutenant aux Antilles, il préféra rester au Canada avec son grade inférieur qu’il devait conserver jusqu’à sa mort. Pierre se trouvait à Michillimakinac lorsqu’il apprit, en décembre 1749, la mort de son père. Il revint à Montréal à la fin de l’été de 1750.
Au cours de l’année 1751, Pierre fut occupé à plusieurs opérations militaires tant à Québec qu’à Montréal. L’année suivante, il fut envoyé au fort Beauséjour (près de Sackville, N.B.), où il servit jusqu’à la reddition de celui-ci aux mains des Anglais en 1755. Au début de son séjour à cet endroit, en 1752, Pierre avait envoyé à Rouillé, ministre de la Marine, un mémoire dans lequel il résumait ses services et demandait l’aide et la protection de la cour, mais il ne semble pas avoir reçu de réponse. Pierre revint au Canada durant l’été de 1755 et mourut célibataire au mois de septembre.
Excellent soldat et bon explorateur, Pierre Gaultier de La Vérendrye semble avoir été doué des mêmes qualités que son cousin La Jemerais et que ses frères Jean-Baptiste et Louis-Joseph mais sans avoir l’envergure de ce dernier. Il aurait peut-être pu réaliser une œuvre importante si les circonstances lui avaient procuré l’occasion de se trouver au premier rang.
AN, Col., C11A, 87, f.81 ; 93, f.97 ; Col., D2C, 48, f.178.— ANQ-M, Greffe de François Simonnet, 15 juill. 1750.— Découvertes et établissements des Français (Margry), VI : 628–631.— Champagne, Les La Vérendrye ; Nouvelles études sur les La Vérendrye.
Antoine Champagne, « GAULTIER DE LA VÉRENDRYE, DE BOUMOIS, PIERRE (La Vérendrye l’aîné) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gaultier_de_la_verendrye_de_boumois_pierre_3F.html.
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Auteur de l'article: | Antoine Champagne |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |