GARREAU (Garo, Garrau, Garaut), dit Saint-Onge, PIERRE, prêtre, chanoine du chapitre de Québec, grand vicaire, né à Montréal le 20 décembre 1722, fils de Pierre Garreau, dit Saint-Onge, et de Marie-Anne Maugue, décédé à Trois-Rivières le 20 septembre 1795.

Ordonné prêtre le 18 décembre 1745 par Mgr de Pontbriand [Dubreil*], Pierre Garreau, dit Saint-Onge, exerça d’abord son ministère à Saint-Étienne-de-Beaumont (Beaumont) de 1745 à 1748, et fut ensuite curé de la paroisse Saint-Louis, à l’île aux Coudres, en 1748–1749 et de Sainte-Anne-du-Petit-Cap (Sainte-Anne-de-Beaupré) de 1749 à 1755 ; nommé chanoine du chapitre de Québec le 6 novembre 1755 et élu secrétaire le 27 septembre 1756, il résida à Québec jusqu’en 1760. De 1760 à 1764, il occupa la cure de Saint-François-Xavier-de-Batiscan (Batiscan), avec desserte de Sainte-Geneviève-de-Batiscan. Mgr Briand le nomma, en 1764, grand vicaire à Trois-Rivières, en remplacement de Joseph-François Perrault, charge qu’il remplit jusqu’en 1788, tout en faisant du ministère à Sainte-Marie-Madeleine-du-Cap-de-la-Madeleine et à La Visitation-de-la-Pointe-du-Lac.

Très lié à Mgr Briand, dont d’ailleurs il partageait les vues politiques face aux représentants du nouveau régime, Garreau, dit Saint-Onge, se vit confier plusieurs responsabilités, entre autres celles de ramener l’entente et la paix entre certains curés et leurs ouailles et d’apaiser les conflits de juridiction entre les curés de paroisses voisines. C’était là une tâche délicate qui demandait des qualités de tact, de persuasion et aussi d’autorité. Il semble bien qu’il usa surtout d’autorité, du moins dans l’opinion de la population de Trois-Rivières et aussi parfois des récollets qui avaient charge de cette cure. À quelques reprises, l’évêque crut nécessaire de le rappeler à des sentiments plus charitables. Le 24 mars 1777, en lui exposant les divisions qui existaient dans son entourage, Mgr Briand le priait de surveiller sa conduite et de ne pas permettre aux mauvaises langues de le discréditer. Quelques mois plus tard, il lui reprochait son attitude à l’égard du curé Benjamin-Nicolas Mailloux* et des récollets.

Le grand vicaire Saint-Onge eut souvent maille à partir avec les autorités civiles et les marguilliers, et particulièrement avec les directeurs des forges du Saint-Maurice, Christophe Pélissier et Pierre Fabre*, dit Laterrière, lesquels adressèrent même des plaintes acerbes à l’évêque concernant l’intransigeance du grand vicaire.

Les Trifluviens devinrent plus méfiants à son endroit lorsqu’ils constatèrent que le grand vicaire Saint-Onge était beaucoup plus conciliant avec les autorités britanniques qu’avec ceux qu’il avait mission de diriger au point de vue spirituel. Un événement vint attiser davantage le feu des rancunes et des susceptibilités : l’occupation de Trois-Rivières par les Américains en 1775–1776 [V. François Guillot, dit Larose]. Les Trifluviens étaient, en grande majorité, sympathiques aux Bostonnais. Le grand vicaire Saint-Onge leur était ouvertement hostile et, obéissant à l’évêque de Québec, il ordonna des prières publiques, des processions, des saluts et des neuvaines pour la cause britannique. Les paroissiens obéirent mais non, on le conçoit, sans maugréer. La situation eût sans doute été différente si le grand vicaire avait usé de persuasion plutôt que d’autorité. Mais tel était son caractère.

Messire Saint-Onge en arriva à chercher la sérénité et la paix dans son poste d’aumônier des ursulines. Devenu vieux et infirme, il demanda humblement à Mgr Hubert, en 1788, la permission d’aller finir ses jours chez « les Dames Ursulines ». Il était pauvre et même dans une situation voisine de la misère, comme il l’écrivait à l’évêque le 29 novembre 1788 : « Je n’ai pour provisions que le produit de mon jardin [...] Je me trouve dans la dure nécessité de sortir, non du bois comme le loup, mais de mon état, pour frapper à quelques portes charitables. » C’est chez les ursulines qu’il mourut le 20 septembre 1795.

Raymond Douville

AAQ, 20 A, I : 136, 138, 139, 141, 143, 144, 149, 175 ; 22 A, IV : 547 ; V : 7, 215 ;10 B, 219v., 220, 221 v., 245v., 253v., 254 ; 1 CB, IX : 84, 86, 87, 90, 92, 93 ; 81 CD, II : 22, 56 ; 33 CR, A, 3, 5, 6, 7, 17, 18, 20, 31, 39, 97, 98, 117, 123, 141, 142, 145.— ASQ, Lettres, S, 48 ; T, 52 ; Polygraphie, VII : 6 ; Séminaire, 8, no 42.— Caron, Inv. de la corr. de Mgr Briand, ANQ Rapport, 1929–1930, 45–136.— Hervé Biron, Grandeurs et misères de l’Église trifluvienne (1615–1947) (Trois-Rivières, 1947).— A.-H. Gosselin, L’Église du Canada après la Conquête.— Jouve, Les franciscains et le Canada : aux Trois-Rivières.— Sulte, Mélanges historiques (Malchelosse), VI.— Albert Tessier, Les Trois-Rivières : quatre siècles d’histoire, 1535–1935 (2e éd., s.l., 1935).— M. Trudel, Le Régime militaire.— Les ursulines des Trois-Rivières depuis leur établissement jusqu’à nos jours (4 vol., Trois-Rivières, 1888–1911), I.— Raymond Douville, La dette des États-Unis envers les ursulines de Trois-Rivières, Cahiers des Dix, 22 (1957) : 137–162 ; La maison de Cannes, Cahiers des Dix, 21 (1956) : 105–135.

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Raymond Douville, « GARREAU (Garo, Garrau, Garaut), dit Saint-Onge, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/garreau_pierre_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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