GANNES DE FALAISE, MICHEL DE, officier dans les troupes de la Marine, baptisé à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) le 2 mai 1702, fils de Louis de Gannes* de Falaise et de Marguerite Leneuf de La Vallière et de Beaubassin, décédé le 23 octobre 1752 à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton).
Dès 1719, Michel de Gannes de Falaise est nommé enseigne à l’île Royale, où il ne se rend que trois ans plus tard. Le 29 mai 1725, il y est nommé lieutenant, puis capitaine le 8 mai 1730. Sa carrière militaire nous révèle peu de faits retentissants. En 1726, il est posté à Port-Toulouse (St Peters, N.-É.) et il revient à Louisbourg peu après. La routine de la garnison n’est interrompue que par un voyage en France en 1730, où il est chargé de recruter des soldats pour l’île Royale.
Le 21 novembre 1730, de Gannes épousait Élisabeth, fille de Gédéon de Catalogne*. Mais ce mariage faillit ne pas avoir lieu. Le 21 mai 1729, Marie-Anne Carrerot, sa maîtresse, avait donné naissance à une fille que de Gannes reconnut comme pouvant bien être « de son fait ». Malgré cet incident, il se présenta à l’église paroissiale de Louisbourg le 14 novembre 1730 pour y épouser Élisabeth de Catalogne. Sa maitresse s’opposa publiquement à la célébration du mariage, et la cérémonie fut suspendue, mais le litige se régla à l’amiable et le mariage fut célébré une semaine plus tard. De cette union naquirent sept enfants, cinq filles et deux fils, tous nés à Louisbourg. Son épouse mourut le 12 août 1750.
En 1744, le commandant de l’île Royale, Jean-Baptiste-Louis Le Prévost Duquesnel, décide de reprendre Port-Royal, pris par les Anglais en 1710 et rebaptisé Annapolis Royal. À cet effet, il envoie un détachement de soldats sous le commandement de François Du Pont* Duvivier que quelques vaisseaux du roi doivent venir seconder. Au début du siège, Duvivier obtient du commandant anglais, Paul Mascarene, une promesse de capitulation dès l’arrivée des navires français. Le 2 octobre, de Gannes relève Duvivier. Deux jours plus tard, les vaisseaux n’apparaissant toujours pas, de Gannes décide de retirer ses troupes, malgré les protestations de Duvivier. Prétextant le manque de vivres, l’impatience des Indiens à retourner auprès de leurs familles et la supériorité numérique des Anglais, de Gannes se rend aux Mines (région de Grand-Pré) le 10 octobre, puis à Beaubassin (près d’Amherst) le 19. Il y reçoit les blâmes de Louis Du Pont* Duchambon qui assume le commandement de l’île Royale depuis le décès de Duquesnel. En passant à Port-Toulouse, de Gannes apprend que Claude-Élisabeth Denys de Bonnaventure a quitté Louisbourg pour Annapolis Royal où il arrive dans la nuit du 25 au 26, avec 50 soldats à bord d’un navire marchand et d’un brigantin corsaire. Sans communiquer avec de Gannes, qu’il croit toujours aux Mines, Bonnaventure reprend la route de Louisbourg trois jours plus tard. Quoique de Gannes n’ait reçu aucun ordre de continuer le siège d’Annapolis Royal, on le blâme de n’avoir pas attendu les vaisseaux français plus longtemps et de n’avoir pas tenté d’assaut. Au cours de deux assemblées d’officiers pour faire enquête sur l’attitude des divers responsables de l’expédition, il ne peut justifier sa conduite et, le 19 novembre, il avoue son erreur au commissaire ordonnateur François Bigot* mais insiste sur ses bonnes intentions.
Son courage lors du siège de Louisbourg en 1745 réussit cependant à dissiper ce jugement défavorable de la part de ses supérieurs. Lors du débarquement des milices coloniales anglaises, il est posté à la pièce de la Grave, à l’intérieur de la forteresse, puis il relève Charles-Joseph d’Ailleboust à la batterie de l’Îlot qui commande l’accès au port. Le 27 juin, c’est de mauvaise grâce qu’il doit remettre l’île aux colons anglais, ne comprenant pas pourquoi on a livré la forteresse. Il s’occupe alors du transfert des habitants sous les ordres de d’Ailleboust et s’embarque sur un des derniers navires à quitter le port. Créé chevalier de Saint-Louis dès septembre 1746, de Gannes retourne à l’île Royale à titre de major de Louisbourg en 1749 et il s’occupe de ses affaires personnelles jusqu’à sa mort. Pendant sa carrière, ses activités sociales et économiques semblent avoir pris le pas sur ses activités militaires. Sa situation financière paraît avoir été plus brillante que celle de la majorité des officiers de Louisbourg. Il bénéficia de trois héritages : celui de son beau-père, celui de son frère Louis-François, et celui de son beau-frère Jean-Baptiste de Couagne*. Quelques propriétés à Louisbourg et ailleurs à l’île Royale lui apportèrent certains revenus, de même que son association avec Antoine Rodrigue, frère de Michel Rodrigue, comme copropriétaire de la goélette la Salamandre. En 1752, il constitua pour une de ses filles, une dot de 10 000# dont il eut le temps d’acquitter 8 000#. La vente de ses meubles rapporta la somme de 4 862# 2s. Cette aisance relative n’était certes pas due à ses maigres appointements d’officier, quand on sait que même un lieutenant de roi ne recevait annuellement que 1 800#.
Le 1er avril 1752, le roi nomme de Gannes lieutenant de roi à Trois-Rivières, mais il ne s’y rend pas. Il meurt le 23 octobre. Lors de son inhumation, deux jours plus tard, dans la chapelle des casernes du bastion du Roi, le gouverneur lui rend hommage par neuf coups de canon.
AN, Col., C11B, 26, ff.48–52v., 79–88, 204–207v. ; 32, ff.191–191v. ; C11C, 16, 2e sér., ff.26ss ; D2C, 2, f.64v. ; 3, ff.19, 49v. ; 4, f.123v. ; E, 65 (dossier Gédéon de Catalogne) ; F2C, 3, ff.289–292 ; F3, 50, ff.301–301v., 344 ; F5B, 56, ff.2/3 ; Section Outre-Mer, Dépôt des fortifications des colonies, Am. sept., 216, ff.14v–15, 21, 25 ; G1, 406/4, ff.11v., 24v., 30v., 46v., 65 ; 408/1, ff.113, 143, 155v. ; 408/2, f.69 ; 466, pièce 68, f.12 ; pièce 69, f.17 ; pièce 76 (recensements de l’île Royale, 1724, 1726, 1749) ; G2, 180, ff.873, 875–876 ; 184, ff.19–20, 64v–65v. ; 190/4, ff.64v.–83v. ; 196, dossier 124, ff.42v.–43 ; 197, dossier 129 ; dossier 153 bis, ff.27v.–31, 31–33v., 35–35v., 36–36v., 41–42, 45–46v. ; dossier 154, ff.1–2 ; 200, dossier 202, f.4v. ; 201, dossier 254 ; G3, 2 041/1 (17 juin, 25 nov., 11 déc. 1752) ; 2 046/1 (15 mars 1740) ; 2 047/1 (18 oct. 1749) ; 2 047/2 (26 janv., 6 oct. 1752).— Archives Maritimes, Port de Rochefort, 1E, 99, f.489.— BN, Service hydrographique de la Marine, Dépôt des cartes et plans, portefeuille 131, div. 10, nos 4, 5.— Le Jeune, Dictionnaire.— Ægidius Fauteux, La famille de Gannes, BRH, XXXI (1925) : 271–285.
H. Paul Thibault, « GANNES DE FALAISE, MICHEL DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gannes_de_falaise_michel_de_3F.html.
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Auteur de l'article: | H. Paul Thibault |
Titre de l'article: | GANNES DE FALAISE, MICHEL DE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |