FRASER (Frazer), JAMES, homme d’affaires, juge de paix, juge et homme politique, né vers 1760 à Farraline, dans la paroisse de Dores, Écosse, fils unique d’Alexander Fraser et d’une dénommée Cameron ; le 14 octobre 1802, il épousa à Windsor, Nouvelle-Écosse, Rachel Otis DeWolf, et ils eurent huit enfants ; décédé le 14 octobre 1822 dans cette ville.

James Fraser fit ses études à Aberdeen, en Écosse, et arriva en Nouvelle-Écosse en 1780. Malgré ses moyens « modestes », il ne tarda pas à monter un petit commerce à Halifax. Aux environs de 1785, il s’y associa à un autre Écossais, James Thom. Tous deux faisaient affaire avec William Forsyth*, marchand de Halifax, et avec ses associés écossais de Greenock, James Hunter et George Robertson, ainsi qu’avec l’Allan, Kerr and Company, également de Greenock. Forsyth s’intéressait à la pêche du saumon au Nouveau-Brunswick et, en 1785, Fraser et Thom se rendirent dans la région de la Miramichi afin d’y établir une entreprise de pêche pour lui. Avec George Worthington, qui fut leur associé jusqu’en 1808, ils s’y installèrent aussi comme marchands et, bientôt, ils approvisionnèrent nombre de colons établis le long de la rivière. De 1785 à 1788, ils importèrent dans la région des marchandises d’une valeur de £10 000 et, de 1787 à 1789, ils exportèrent pour le compte de Forsyth « plus de saumon qu’on en n’a[vait] jamais vu auparavant ». En 1787, ils commencèrent des travaux de construction dans l’île Beaubears et, un an plus tard, ils obtinrent un titre de propriété sur une partie de celle-ci. En 1789, ils avaient achevé la construction d’une maison à charpente de bois, de deux cabanes en bois rond et d’un magasin, le tout évalué à £430. En 1788, Fraser s’était engagé avec Otho Robichaux dans la construction d’une scierie qui, semble-t-il, ne fut jamais terminée.

En 1789, Forsyth conclut avec le marchand de bois William Davidson* une entente selon laquelle celui-ci s’engageait à lui fournir des mâts et des épars. Après la mort de Davidson, l’année suivante, Fraser et Thom reprirent son contrat de fourniture de mâts et remportèrent beaucoup plus de succès que leur prédécesseur n’en avait jamais eu. Bientôt, ils employèrent plusieurs équipes et plus de 40 bœufs. Leur compagnie étendit ses activités et, en 1792, les associés expédièrent de la région de la Miramichi leurs premières cargaisons de bois équarri. En peu de temps, ils en vinrent à dominer presque tout le commerce qui se faisait le long de la rivière, exportant du poisson et du bois à Halifax, à Boston, aux Antilles et en Écosse. Ils continuèrent leurs travaux de construction dans l’île Beaubears ; en 1805, toute l’île leur appartenait, et la valeur totale de cette propriété, avec les constructions qui s’y trouvaient, était évaluée à £1 500. Fraser et Thom furent parmi les premiers à comprendre que le Nouveau-Brunswick était un endroit idéal pour la construction des navires. Ils firent venir à l’île Beaubears des charpentiers de navires de la rivière Clyde, en Écosse, et construisirent des bâtiments qu’ils employaient pour leur commerce ou vendaient à Halifax, à Boston et à Kingston, à la Jamaïque. Ils procédèrent au lancement de leurs deux premiers navires un peu avant 1797, et leur chantier naval poursuivit ses activités sans interruption jusqu’en 1873.

Dans les années 1790, les longues hostilités contre la France nuisirent temporairement au commerce du bois. Ainsi, en 1793, Fraser et Thom avaient 7 000 tonnes de bois coupé mais, pendant les trois années suivantes, ils ne purent en vendre que 2 800 tonnes. Le contrat de fourniture de mâts qu’ils avaient signé avec Forsyth se termina en 1801 ; à ce moment, cependant, leur compagnie était si bien établie qu’elle n’avait plus autant besoin de ce débouché. Même si, en 1792, ils avaient dû hypothéquer une partie de leurs propriétés de l’île Beaubears et d’ailleurs pour emprunter £3 800 à Forsyth, ils finirent d’acquitter toute leur dette en 1795. Apparemment, même si le bois était difficile à vendre, leurs diverses activités commerciales leur furent d’un bon rapport pendant toute la première partie des années 1790. Quand le domaine de William Davidson fut mis en vente, en 1797, ils obtinrent plus de 14 000 acres de terre pour £450 ; une grande partie de ces terres n’étaient pas aménagées, mais la transaction comprenait les terrains où s’élevaient les moulins de Davidson, les moulins eux-mêmes et d’autres constructions.

Fraser et Thom étendirent aussi leurs activités dans d’autres régions. Malheureusement, comme aucun des livres de leur compagnie n’a été retrouvé, il n’est pas possible d’apporter des précisions sur toutes leurs entreprises. On sait cependant qu’ils avaient des établissements de pêche considérables et de vastes magasins dans le golfe du Saint-Laurent, dans le détroit de Northumberland, à Antigonish et à Arichat. Après 1805, Fraser commença à passer plus de temps à Halifax et il s’y installa aux environs de 1810, tout en continuant de se rendre régulièrement dans la région de la Miramichi. À cette époque, Thom et lui étaient tous deux riches et avaient la réputation d’être équitables avec leurs employés et honnêtes avec leurs clients. Thom décida de se retirer de l’affaire et, en 1811, leur association fut officiellement dissoute. Un an plus tôt, Fraser avait formé une nouvelle association avec Alexander Fraser ; en 1817, ils réorganisèrent leur société, à laquelle se joignit John Fraser, et elle prit le nom de James Fraser and Company. Cette nouvelle compagnie poursuivit ses activités au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse jusqu’à la mort de James.

Depuis 1788, James Fraser était juge de paix et juge de la Cour inférieure des plaids communs du comté de Northumberland. En 1791, il tenta sans succès d’entrer en politique mais, quatre ans plus tard, il fut élu député de la circonscription de Northumberland à la chambre d’Assemblée du Nouveau-Brunswick, avec Samuel Lee*. Fraser fut réélu en 1802, 1809 et 1816 et demeura député jusqu’à sa nomination au Conseil de la Nouvelle-Écosse, en 1818. Sa carrière politique ne fut pas remarquable, mais il représenta bien la circonscription de Northumberland, et ses électeurs continuèrent de l’élire même après son installation en Nouvelle-Écosse. Fraser était un homme d’affaires plein d’initiative qui réussit dans les deux provinces. Au moment de sa mort, il était un membre respecté du milieu des affaires de Halifax.

WILLIAM A. SPRAY

APNB, MC 1156, XI : 32–33 ; RG 2, RS6, B2 : 648, 688, 714 ; RS8, Appointments and commissions, 2 /1 ; RG 10, Northumberland County, petition nos 169, 208, 217, 235–236, 319, 481, 569, 777.— Northumberland Land Registry Office (Newcastle, N.-B.), Registry books, 1–24 (mfm aux APNB).— N.S. Museum (Halifax), Museum accessions book, 1924, nº 5509.— PANS, MG 3, 150 : 62, 82–85, 182.— Robert Cooney, A compendious history of the northern part of the province of New Brunswick and of the district of Gaspé, in Lower Canada (Halifax, 1832 ; nouv. publ., Chatham, N.-B., 1896).— Winslow papers (Raymond).— Acadian Recorder, 19 oct. 1822. – New-Brunswick Royal Gazette, 22 oct. 1822.— Annals, North British Society, Halifax, Nova Scotia, with portraits and biographical notes, 1768–1903, J. S. Macdonald, compil. ([3e éd.], Halifax, 1905), 101–102.— Esther Clark Wright, The Miramichi : a study of the New Brunswick river and of the people who settled along it (Sackville, N.-B., 1944).— W. H. Davidson, An account of the life of William Davidson, otherwise John Godsman, of Banffshire and Aberdeenshire in Scotland and Miramichi in British North America (Saint-Jean, N.-B., 1947).— Macmillan, « New men in action », Canadian business hist. (Macmillan), 72–100.— Louise Manny, Ships of Miramichi : a history of shipbuilding on the Miramichi River, New Brunswick, Canada, 1773–1919 (Saint-Jean, 1960).— Murdoch, Hist. of N.S., 3 : 416.— C. H. Morris, «Early British settlers on the north shore », Telegraph-Journal (Saint-Jean), 25 juin 1926 : 4.

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WILLIAM A. SPRAY, « FRASER (Frazer), JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fraser_james_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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