FOUREUR (Le Fourreur), dit Champagne, LOUIS, menuisier, sculpteur et horloger, né à Montréal le 2 juin 1720, fils de Pierre Foureur, forgeron et serrurier, et d’Anne-Céleste Desforges ; il épousa Catherine Guertin le 9 novembre 1744 à Montréal ; décédé dans cette ville le 16 avril 1789.
Il se pourrait que Louis Foureur ait appris le métier de menuisier et de sculpteur sous la direction de François Filiau, dit Dubois, car les deux hommes se connaissaient bien. En effet, Filiau assista au mariage de Foureur et fut le parrain de son fils aîné l’année suivante. La carrière de sculpteur de Louis Foureur est relativement peu connue. On sait qu’il eut au moins six apprentis, le premier en 1744 pour une durée de quatre ans, le dernier en 1775 pour une période de six ans. Il exécuta en 1757 six chandeliers de bois pour l’église Sainte-Geneviève (Pierrefonds) et, en 1760, il reçut un paiement pour le retable et le tabernacle de la chapelle du Père éternel à l’Hôpital Général de Montréal. Deux ans plus tôt, il passait un marché avec le maçon et tailleur de pierre François Périnneau, dit Lamarche, pour la maçonnerie d’une chapelle dans l’église des récollets à Montréal. Les travaux devaient commencer en avril 1759 et il est probable que Louis Foureur en avait exécuté les plans car le contrat le dit « architec ».
Après la Conquête, la carrière de Louis Foureur se fait plus obscure et il faut prendre garde de ne pas la confondre avec celle de son fils, Jean-Louis, menuisier et sculpteur, qui signait et se faisait appeler Louis Foureur comme son père. Il est possible que Foureur ait été, dès 1760, responsable de l’entretien de l’orgue de l’église Notre-Dame de Montréal, charge qui fut par la suite celle de son fils. Ses travaux d’horloger sont connus grâce à un article paru dans l’hebdomadaire montréalais le Spectateur en 1813, consacré à Foureur et à Jean-Baptiste Filiau, dit Dubois, frère de François, et également horloger à Montréal. Décrit comme « un homme aimable » connu pour « son esprit et l’enjouement de sa conversation », dont la seule éducation se limitait « à avoir appris à lire et à écrire dans sa jeunesse », Foureur aurait eu pour ami le sulpicien Gabriel-Jean Brassier, qui lui aurait fréquemment vanté la supériorité des Européens sur les Canadiens dans le domaine des beaux-arts. Prenant comme exemple une horloge importée d’Europe, il aurait demandé à Foureur « si un ouvrier Canadien seroit capable de songer à exécuter un pareil ouvrage ». Ayant relevé le défi en étudiant secrètement l’horlogerie et en fabriquant une excellente horloge, Foureur aurait, par la suite, continué à faire des horloges jusqu’à sa mort.
Louis Foureur passa toute sa vie à Montréal. D’abord locataire dans la maison d’un marchand, rue Notre-Dame, il se fit construire en 1747, dans cette rue, une maison de pierres à un étage, dans laquelle il demeura jusqu’à sa mort. Jouissant d’une certaine aisance, il possédait deux autres maisons avec leur terrain, l’une rue Notre-Dame, l’autre rue Saint-Jacques, ainsi qu’un grand terrain sur la côte Saint-Louis. À partir de 1776 les époux Foureur commencèrent à liquider leurs propriétés ; la dernière transaction eut lieu en 1784, année où ils rédigèrent leur testament. De leur union étaient nés sept enfants. Outre Jean-Louis, on peut citer Pierre qui se fit orfèvre, et Charlotte qui épousa Dominique Rousseau*, orfèvre et traiteur.
ANQ-M, Doc. jud., Registres des audiences pour la juridiction de Montréal, 28B, f.83v. ; État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 2 juin 1720, 9 nov. 1744, 23 août 1745, 23 août 1756, 18 avril 1789 ; Greffe de L.-C. Danré de Blanzy, 24, 25 mai 1745, 12 mai 1752, 24 avril 1759 ; Greffe de Jean Delisle, 4 avril 1771, 17 oct. 1774, 10 mars, 17 juin 1779, 20 janv., 12 juin 1780 ; Greffe de J.-B. Desève, 12 mars 1791 ;Greffe d’Antoine Foucher, 15 janv. 1755, 15 janv. 1775, 28 janv. 1776 ; Greffe de P.-F. Mézière, 15 août, 4 nov. 1767, 29 janv. 1776, 24 avril 1781, 31 juill., 6 nov. 1784 ; Greffe de François Simonnet, 14 sept., 8 nov. 1744, 20 févr. 1746, 10 avril 1747, 29 juin 1750, 22 févr. 1753, 2 nov. 1758, 15 avril 1763.— IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, Dossier Louis Foureur, dit Champagne.— [F.-M.] Bibaud, Dictionnaire historique des hommes illustres du Canada et de l’Amérique (Montréal, 1857).— Tanguay, Dictionnaire.— Émile Falardeau, Artistes et artisans du Canada (5 sér., Montréal, 1940–1946), 5e sér. : 59s., 67–71.— Morisset, Coup d’œil sur les arts, 18, 34.— Arts libéraux et mécaniques, La Bibliothèque canadienne, ou miscellanées historiques, scientifiques, et littéraires (Montréal), I (1825) : 174–178.— Communication, Le Spectateur (Montréal), 16 sept. 1813, 65s.— O.[-M.-H.] Lapalice, Les organistes et maîtres de musique à Notre-Dame de Montréal, BRH, XXV (1919) : 245.
John R. Porter, « FOUREUR (Le Fourreur), dit Champagne, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/foureur_louis_4F.html.
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Auteur de l'article: | John R. Porter |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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