FOUCHER, MÉDÉRIC (baptisé François-Médéric), marchand, homme politique, traducteur, cultivateur, manufacturier et auteur, né le 14 octobre 1838 à Saint-Jacques-de-l’Achigan, Bas-Canada, fils de François Foucher, marchand, et de Sara Dugas ; le 26 novembre 1860, il épousa au même endroit Exerine Lesage, sœur de Siméon Le Sage, et ils eurent cinq enfants ; décédé dans sa paroisse natale le 29 avril 1909.

Médéric Foucher fit des études au collège de L’Assomption de 1848 à 1853. Il les poursuivit au Holy Cross College, à Worcester, au Massachusetts, de 1857 à 1859. Il voyagea ensuite au Maryland, au Kentucky, en Virginie et en Louisiane, où il se serait intéressé aux méthodes de culture du tabac. De retour à Saint-Jacques-de-l’Achigan en 1860, il s’y maria et ouvrit un magasin général.

Homme d’initiative, Foucher profita de son mandat à titre de maire de Saint-Jacques-de-l’Achigan, de 1870 à 1872, pour développer les moyens de communication dans sa région : postes, télégraphe, routes et voies ferrées. Dans le but de promouvoir les intérêts de ses concitoyens, il remplit aussi les fonctions de président de la commission scolaire, de préfet de comté, de président de la Société d’agriculture du comté de Montcalm et de lieutenant de milice. Il adressa une pétition aux autorités afin d’obtenir l’établissement d’une ferme expérimentale à Saint-Jacques-de-l’Achigan.

Au début des années 1870, Foucher décida de s’installer à Saint-Boniface, au Manitoba. Il y fréquenta l’archevêque Alexandre-Antonin Taché*, les avocats et hommes politiques Joseph Royal, et Marc-Amable Girard*, Alphonse-Alfred-Clément La Rivière*, arrivé lui aussi depuis peu, Louis Riel*, dont il avait la confiance, Ambroise-Dydime Lépine* et l’abbé Georges Dugas. En 1877, il était de retour dans la province de Québec. Ayant choisi de s’établir à Montréal, il travailla comme traducteur au journal la Vérité, fondé par Jules-Paul Tardivel. En 1881, il retourna à Saint-Jacques-de-l’Achigan.

Sur une ferme de la région, Foucher se lança dans la culture du tabac. Il planta 32 variétés de tabac à pipe et à cigare, sur 28 arpents, chacun d’eux lui rapportant 90,40 $ la première année. Depuis 100 ans, plusieurs déportés acadiens de cette région en cultivaient un peu avec des semences prises au Connecticut. Foucher voulait en garder le marché au Canada. Il fit la démonstration que cette culture pourrait procurer des richesses inouïes à sa région et à tout le Canada. Il lui fallut affronter les préjugés de l’opinion publique, l’incrédulité des manufacturiers et la froideur des gouvernements qui, au début, refusaient tout encouragement. Pour ce faire, il multiplia les circulaires et les articles dans les journaux. À Joliette, il eut recours à l’Étoile du Nord et à la Gazette de Joliette ; à Montréal, il utilisa l’Étendard, le Moniteur de commerce, le Courrier de Montréal, la Minerve, la Patrie, la Presse, le Monde, et à Berthierville, la Rive nord. Foucher envoya des textes à l’extérieur du pays, au Western Tobacco Journal, de Cincinnati, en Ohio, ainsi qu’au Tabac, à Paris. Il participa également à des expositions : il fournit des échantillons de ses variétés de tabac aux organisateurs des expositions provinciales de Québec et de Toronto, puis à celles de La Nouvelle-Orléans (1885–1886), de Londres (1886), de Chicago (1893) et de Montréal (1897). Il reçut médailles et diplômes. Cet homme distingué au verbe facile devint alors le conférencier du gouvernement de la province de Québec. Il fut chargé de promouvoir la culture du tabac dans les comtés de Joliette, de Terrebonne et des Deux-Montagnes. Dès lors, les environs de Saint— Jacques-de-l’Achigan se couvrirent chaque été des différentes variétés de « l’herbe à Nicot », qui devint une source fort appréciable de revenus, malgré les multiples opérations qu’il fallait effectuer d’avril à l’hiver suivant. Avant la modernisation des machines aratoires, chaque arpent de tabac réclamait environ 300 heures d’ouvrage.

Avec son beau-frère Joseph-Odilon Dupuis, frère de Nazaire*, fondateur de la maison Dupuis, Foucher mit sur pied chez lui une manufacture, la F.-A. Médéric Foucher et Compagnie, où s’affairaient une vingtaine d’ouvriers. Les champs de tabac, entretenus comme des parterres, attiraient visiteurs et journalistes. En 1883, il fonda à Joliette la Compagnie de tabac de Joliette et de Saint-Jacques. Ce commerce s’avéra rentable pour la région, qui devait assister à la naissance, dans les années 1920–1930, de neuf manufactures de ce genre.

Médéric Foucher, cet « homme actif, intelligent, dévoué à toutes les bonnes causes », mourut à Saint-Jacques-de-l’Achigan le 29 avril 1909. Avec raison, on l’a salué comme le « pionnier de la grande culture du tabac au Canada ».

François Lanoue

ANQ-M, CE5-31, 17 oct. 1838, 26 nov. 1860.— Le Devoir, juill. 1947.— L’Étoile du Nord, 20, 27 mai 1909.— Samuel Baillargeon, « le Pionnier de la grande culture du tabac au Canada », Sainte Anne de Beaupré (Sainte-Anne-de-Beaupré, Québec), 111 (1983) : 327s.— Guy Courteau et François Lanoue, Une nouvelle Acadie : Saint-Jacques-de-l’Achigan, 1772–1947 ([Montréal, 1949]), 317–320.

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François Lanoue, « FOUCHER, MÉDÉRIC (baptisé François-Médéric) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/foucher_mederic_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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